Primaire de la droite : entre Juppé le gauchiste et Sarkozy le frontiste, le débat de ce jeudi s'annonce tendu
Cette fois, les attaques se feront de front, en face-à-face ou presque. Alors qu'ils multiplient l'un comme l'autre les piques et les peaux de bananes dans un duel à distance lancé depuis des mois, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé seront, ce jeudi 13 au soir, (presque) côte-à-côte pour le premier débat télévisé entre les candidats à la primaire de la droite. Le tout dans une ambiance qui s'annonce électrique, preuve en est cette petite phrase d'un proche de Nathalie Kosciusko-Morizet, cité par L'Express: "à la moindre gifle, on est prêt à mettre un coup de boule".
Si les sept candidats à la primaire seront présents, c'est bien le duel Sarkozy-Juppé, les deux favoris, qui est le plus attendu. Faute d'avoir provoqué le "blast" promis avant son entrée en campagne et toujours à la traîne dans les sondages, le double ex-président voudra certainement profiter de la soirée pour enfin rebondir. Tout comme le maire de Bordeaux devrait chercher à conforter son statut de rassembleur et d'antithèse de celui qui fut l'"hyper-président".
Les entourages des candidats sont formels toutefois: si chacun se battra pied à pied, pas question d'apparaître agressif ou clivant au risque de s'aliéner une partie des téléspectateurs. Feutrée, la bataille n'en devrait pas moins être réelle tant le positionnement des deux ténors est diamétralement opposé.
Nicolas Sarkozy accuse ainsi à longueur de meetings Alain Juppé de se compromettre pour remporter la primaire avec des voix de gauche. "Quand on appelle à voter des électeurs de gauche, on se prépare à des arrangements, à mélanger un peu de gauche et un peu de droite, c'est alors qu'on n'a rien compris à la gravité des défis qui s'imposent à la France", a-t-il ainsi lancé il y a quelques jours en meeting dans l'Oise, raillant une fois de plus le concept d'identité heureuse portée par celui qui fut son ministre. Alors que la détestation de François Hollande et de la gauche au pouvoir est à son comble dans les rangs des militants LR, Nicolas Sarkozy en est convaincu: l'étiquette de modéré, presque de social libéral de centre gauche, qu'il entend coller à Juppé fera fuir suffisamment d'électeurs pour lui ouvrir la route vers un retour à l'Elysée.
Le maire de Bordeaux, lui, est persuadé du contraire. Que son adversaire se comporte en caricature de lui-même, de ce candidat axé quasi-exclusivement sur l'identité, presque l'identitaire, qu'il fut en 2012 est sa meilleur chance. L'anti-sarkozysme a largement gagné les rangs des sympathisants et nombreux sont ceux qui ne veulent pas d'un retour du rouleau compresseur au Château, semble-t-il croire. Dans le camp de l'ancien président ce serait même "panique à bord!", s'est-il permis de moquer sur le plateau de L'Emission politique début octobre. Puis de revendiquer être "un homme de rassemblement" et s'adresser "à tous ceux qui ont envie de l'alternance, qu'ils soient à gauche, au centre ou à droite naturellement".
Tout l'inverse de son rival, qui ne chercherait qu'à braconner sur les terres frontistes et a défini un programme taillé sur mesure pour plaire aux électeurs FN, affirmait récemment Juppé sur son blog. Et de lister, pour preuve, les mesures mises en avant par Sarkozy: "veut-on faire la courte échelle au Front national en focalisant tout sur le regroupement familial, les fichés S… Voire le rétablissement du cumul des mandats?". Les fleurets resteront-ils longtemps mouchetés ce jeudi soir?
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.