Primaire EELV : les écologistes attachés au scrutin malgré le manque d'intérêt de l'opinion publique
C’est ce mercredi 19 que le premier tour d’Europe Ecologie-Les Verts livrera ses résultats et le nom des deux qualifiés pour le second tour. Scrutin peu visible, débats assez confidentiels, corps électoral réduit, la démarche est loin, très loin de susciter les mêmes passions que la primaire de la gauche dont le plateau définitif n’est pas encore connu, ou la primaire de la droite dont le premier débat télévisé a réuni 5,6 millions de téléspectateurs.
Principal problème empêchant l’intérêt d’une partie honorable de l’opinion publique: le manque de clivages visibles entre les quatre candidats, Cécile Duflot, Yannick Jadot, Michèle Rivasi et Karima Delli. "Il y a peu de différence entre les candidats. Ils partagent surtout comme point commun d’avoir une grande indépendance par rapport au Parti socialiste. Ce qui d’ailleurs pourra leur coûter cher ensuite…", explique à FranceSoir Jean-Luc Bennahmias, candidat à la primaire de la gauche et ancien secrétaire national des Verts de 1997 à 2001.
Autre inconvénient apparent: la faiblesse du corps électoral, avec un peu plus de 17.000 inscrits, alors que les primaires de la gauche ou de la droite tablent sur des millions de votants. Paradoxalement, ce chiffre de 17.000 s’il semble insignifiant, représente en fait un record pour les écologistes. Des scrutin similaires s’étaient déjà tenus pour les présidentielles de 2002, de 2007 et de 2012, et n'avaient réuni qu’entre 5.000 et 10.000 votants, le scrutin n’étant ouvert alors qu’aux adhérents.
Malgré tout, l’organisation d’une primaire, aussi confidentielle soit-elle, reste capitale pour EELV dans l’optique du combat pour 2017. "Contrairement à ce que l'on lit dans la presse, il n’y a rien dans les statuts d’EELV qui oblige à ’organisation d’une primaire. Ils le font seulement parce qu’il s’agit d’une évidence démocratique chez les écologistes. De plus, respectant le résultat du scrutin, les sympathisants d’EELV ont tendance à s’unir derrière le candiat ainsi désigné, même quand le résultat est très serré", analyse Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof et spécialiste de l’écologie politique. En 2002 en effet, la victoire de Noël Mamère sur Alain Lipietz n’avait pas disloqué le parti malgré le "remplacement" de ce dernier, initialement vainqueur du scrutin. En 2007, Dominique Voynet n’avait gagné qu’avec 57 voix d’avance face à Yves Cochet. Et là encore la campagne s’était convenablement passée, malgré un résultat final décevant lors de la présidentielle (1,57%).
C’est paradoxalement lors de la dernière primaire entre Eva Joly et Nicolas Hulot pour la présidentielle de 2012 que les choses ont dévié. Si Eva Joly l’avait largement emporté lors de la primaire, la campagne qui a suivi fut chaotique et les critiques viendront même de son propre camp. Selon Daniel Boy, "ce qui compte le plus chez les écologistes pour conserver le soutien de son camp, cest la capacité de réunir autour de soi une équipe efficace, avec une vraie culture du résultat et du sens politique. Et sur ces aspects, il y a clairement cette fois-ci une avance de Cécile Duflot et de Yannick Jadot sur les deux autres concurrentes". Pas sûr que l’argument pragmatique influera cependant sur le vote des militants et des sympathisants.
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