Qu'est-ce que le Bastion social que Macron veut dissoudre ?

Auteur(s)
Maxime Macé
Publié le 21 février 2019 - 11:41
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Des membres du Bastion social à Marseille.
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©BERTRAND LANGLOIS / AFP
La Bastion social est la nouvelle vitrine du fascisme social en France.
©BERTRAND LANGLOIS / AFP

Dernière vitrine du fascisme social en activité en France, le Bastion social pourrait être dissous suite aux annonces d'Emmanuel Macron lors du dîner du Crif de mercredi 20. Ce grouspuscule d'ultra-droite est l'un des champions de l'action sociale discriminatoire. 

Mercredi soir, Emmanuel Macron a prononcé un discours fort au cours du dîner du Crif après une série d'actes antisémites qui ont choqué la France. Parmi les mesures annoncés le chef de l'État a demandé la dissolution de groupes racistes ou antisémites, à commencer par les organisations d'extrême droite Bastion social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18.

Si les deux derniers sont des groupuscules néo-nazis violents d'une taille très réduite et au fonctionnement clandestin, le premier est certainement l'une des branches de l'ultra-droite radicale qui bénéficie d'une visibilité les plus importantes.

Et pour cause, elle a parfaitement intégré les stratagèmes qui ont fait le succès de son grand frère italien CasaPound: de l'ancrage local à portée sociale et une préférence nationale affichée et revendiquée, pour ne pas dire du racisme.

A sa fondation en 2017, le mouvement composée essentiellement d'anciens du "mouvement étudiant" Groupe Union Défense (ou GUD, dont l'implantation estudiantine est alors particulièrement ténue, voire inexistante) et des membres du groupuscule fasciste Edelweiss-Savoie de Chambéry. Son acte fondateur est l'occupation d'un squat à Lyon dans le 2e arrondissement dans le but affiché d'en faire un "bastion social" -d'où le nom du groupe- accueillant des personnes dans le besoin pour des repas ou un toit. Condition sine qua non pour bénéficier de l'aide: être Français ou au moins européen. En effet, le Bastion social adhère à la théorie du "Grand remplacement", fantasme de la disparition des "peuples européens" au profit de populations allogènes.

Lire aussi - Alsace: le prof d'histoire est cadre du groupe néofasciste Bastion social

Le mouvement a ensuite essaimé dans plusieurs villes comme Chambéry, Strasbourg, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand et Marseille, au gré des dissolutions et des fermetures.

Le groupuscule, fondé par l'ancien chef du GUD à Lyon Steven Bissuel, se définit lui-même comme "nationaliste-révolutionnaire" d'inspiration fasciste, opposé à l'ultralibéralisme, à "l'immigration de masse" ainsi qu'à "l'assimilation" des immigrés, qu'il juge impossible. Des cadres du Rassemblement national, à l'image de Bruno Gollnisch, le sénateur Stéphane Ravier ou le député européen Jean-François Jalkh ont notamment apporté leur soutien au mouvement qui brille surtout dans les pages faits divers où nombre de ses membres et dirigeants écopent de condamnations pour des faits de violences, souvent en réunion, et incitation à la haine raciale, à l'image de Steven Bissuel en août 2018.

Il avait écopé de 20.000 euros d'amende pour avoir publié en 2015, pour les 70 ans de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz, un dessin avec un texte antisémite sur les réseaux sociaux. Il est aussi mis en examen pour une rixe survenue en marge d'un concert à Lyon en avril, après une attaque contre un concert antiraciste.

Des membres du Bastion social ont également été condamnés pour leur participation aux violences en marge de "l'Acte 3" des Gilets jaunes, le 1er décembre place de l'Etoile à Paris. Ils étaient alors aux côtés de quelques nationalistes révolutionnaires, de hooligans racistes et de membres de la section parisienne du groupe: les Zouaves Paris. Comme de nombreux militants du Bastion social, ces Zouaves ont régulièrement fait le coup de poing dans les mobilisations de Gilets jaunes à Paris ou Lyon. Ce sont par exemple eux qui ont attaqué le cortège du NPA fin janvier, lors de "l'Acte 11".

Lire: Zouaves Paris: la résurgence de l'extrême droite radicale violente dans la capitale

L'actuel leader du groupe, Valentin Linder, par ailleurs responsable de la section strasbourgeoise, a été promu après condamnation de son prédécesseur pour incitation à la haine raciale. Il n'hésite pas à poser sur les réseaux sociaux avec un fusil d'assaut ou des gants de free fight et fait également régulièrement référence au groupe de hooligans racistes "Strasbourg offenders". Il faut dire que le Bastion social multiplie les contacts au sein de l'extrême droite radicale, voire même l'ultra-droite, de Génération identitaire à l'Action française en passant par les groupes de supporters nationalistes. Ce qui pourrait représenter autant de "réservoirs" pour accueillir les militants, si le groupe devait être réellement dissous.

Voir:

Manifestation à Marseille contre l'implantation du groupe d'extrême droite Bastion social

Lyon, carrefour des droites extrêmes

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