Sexisme et harcèlement en politique : des parlementaires lancent un site pour témoigner et informer
Un collectif de collaboratrices parlementaires a dénoncé ce lundi 16 les propos et agissements sexistes comme "une réalité" marquant le "quotidien des femmes en politique", au-delà des seules "affaires" médiatisées, et lancé un site pour témoigner et informer, Chaircollaboratrice.com. "De façon épisodique, avec notamment l’affaire Baupin, l’affaire Tron, l’affaire DSK, et l’actuel cas Baylet, le monde politique s’insurge contre l’un de ses membres qui aurait simplement +dérapé+. Ces affaires sont des cas extrêmes de harcèlement ou d’agression sexuelle, mais les propos et agissements sexistes sont le quotidien des femmes en politique, qu’elles soient élues ou collaboratrices", écrivent-elles dans une tribune parue dans Le Monde daté de mardi.
En plein débat sur le projet de loi montagne, la députée écologiste Isabelle Attard a accusé mardi dernier Jean-Michel Baylet de "violences" passées envers une collaboratrice, ce à quoi le ministre de l'Aménagement du Territoire a rétorqué que ce dossier avait été classé sans suite par la justice. Les quatre porte-parole du collectif, Mathilde Julié-Viot, Charlotte Lestienne, Julie Rosenkranz et Charlotte Soulary, travaillent pour des députés de gauche, respectivement l'écologiste Noël Mamère, les socialistes Mathieu Hanotin et Laurent Kalinowski, et l'ex-PS Pouria Amirshahi. Ces élus soutiennent leur démarche, selon l'une des membres de ce collectif d'une dizaine de collaboratrices et fonctionnaires de l'Assemblée.
Entre autres anecdotes, elles rapportent: "Un midi, dans l’ascenseur avec des collègues. Un député entre. Il me déshabille du regard quinze fois… Une avalanche de coups d’œil salaces pendant les cinq étages qui restent à descendre (...) Arrivé en bas, un de mes collègues commente: +Ah bah dis donc, tu as plu au monsieur+ Oui, apparemment, pour certains, je ne suis que de la chair fraîche." Outre le "machisme de ce huis clos politique où les femmes sont souvent perçues comme illégitimes", le collectif pointe la proximité particulière des collaborateurs avec leurs employeurs (travail tardif ou déplacements "en tête à tête") et un contrat de travail rendant "dépendants" et empêchant "des femmes en situation de harcèlement de se sentir en sécurité et de se confier".
Si "tous les hommes en politique n’ont pas un comportement répréhensible", selon ces collaboratrices, "le sexisme et le harcèlement doivent être pris pour ce qu’ils sont: une réalité" et "le rapport que certains ont aux femmes doit changer", martèlent-elles, espérant "des mesures concrètes, dans la loi et dans les pratiques". Pour "libérer une parole trop longtemps étouffée" mais aussi "prendre conscience de cette réalité", ce collectif a donc lancé un site internet pour recenser des témoignages de femmes "victimes de sexisme à l’Assemblée nationale ou dans d’autres institutions politiques".
Le choix a été "d’anonymiser les témoignages pour offrir les meilleures conditions aux collaboratrices qui souhaiteraient raconter, mais souvent n’osent pas ou pour qui les conséquences seraient très lourdes", car "notre but n’est pas de pointer du doigt tel élu, ministre ou autre homme politique, mais d’exposer le caractère généralisé du sexisme en politique", selon les initiatrices du site. Au printemps 2015, une tribune parue dans Libération et signée par une quarantaine de femmes journalistes avait dénoncé les dérives sexistes de certains hommes politiques.
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