Unef, EELV, MJS... quand abus sexuels et politique font bon ménage
L'Unef est à son tour dénoncée pour avoir abrité et couvert de nombreux cas de harcèlement, d'agressions sexuelles et même de viol. Ce mardi 20, Libération publie les témoignages de 16 militantes.
Une nouvelle affaire de libération de la parole qui intervient après l'affaire Weinstein, mais les partis politiques et organismes qui gravitent dans ce milieu n'ont pas attendu que les abus du producteur américain soient révélés pour être au centre de telles accusations, avec souvent les même relents d'omerta et les problèmes de prescription qui en découle.
Voir: Unef - nouveaux témoignages de viols et agressions sexuelles
L'affaire Denis Baupin en avait été un exemple. Suite à plusieurs accusations, son ancien parti EELV avait lui même reconnu ne pas avoir suffisamment prêté attention aux discours ou gestes qui auraient dissimulé des faits plus graves.
Les ténors évoquaient "une forme de responsabilité collective" et les classiques mécanismes du déni face aux témoignages qui n'arrangent personnes. L'affaire Baupin a été classée sans suite en raison de la prescription des faits, bien qu'ils aient été "pour certains d'entre eux susceptibles d'être qualifiés pénalement", avait précisé le parquet.
Les règles tacites semblent avoir été les mêmes au sein du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) dont le président Thierry Marchal-Beck a été accusé de harcèlement sexuel en novembre dernier par huit femmes. Là encore, les témoins évoquent les actes d'un homme de pouvoir qui n'accepte pas qu'on lui dise non et ne semble guère s'inquiéter d'être dénoncé. "La question de l’organisation (au sens strict), de l’omerta, de l’autocensure est bien le nœud du problème", avait réagi Rama Sall, ex-numéro 2 du mouvement.
Les accusations contre Nicolas Hulot ont également délié certaines langues dans le monde de l'écologie politique. Personne n'accuse le ministre de viol et l'affaire le concernant a également été classée sans suite pour prescription. Mais certains confirment à France-Soir que parfois Nicolas Hulot "est allé au-delà de la drague", ou encore que "ce n'est pas de la conquête. C'est une star, personne ne doit lui résister". "Nicolas aime les femmes, il faut qu'on fasse attention..."
Lire aussi: Hulot accusé d'atteintes sexuelles - le secret bien gardé des cadres écolos
"Faire attention", une expression qui revient souvent quand il s'agit d'évoquer la réputation de certains politiques un peu trop insistants auprès des femmes et avec qui il ne vaut mieux pas se retrouver seule au risque d'avoir à dire non à un dirigeant.
En novembre, 83 femmes, anciennes syndicalistes de l'Union nationale des étudiants de France (Unef) avaient déjà signé une tribune dans Le Monde pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles au sein de cette organisation proche du PS.
Ces différentes affaires, outre la question de l'omerta et de l'impunité, posent également la question du consentement et de son expression. Face à ces hommes de pouvoir, plusieurs femmes expliquent en effet avoir finalement cédé, avoir fini par se laisser faire pour "se débarrasser" de leur harceleur. Ceux-là même qui évoquent presque systématiquement des rapportes consentis.
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