Adhésion à l’OTAN : la Suède obtient l’aval de Viktor Orbán et du Parlement hongrois après un accord militaire
MONDE - Le feu vert de la Turquie dans la poche depuis janvier, Stockholm vient d’obtenir celui de Budapest. Presque deux ans après avoir déposé sa candidature, la Suède devrait donc pouvoir adhérer à l’OTAN. Son Premier ministre, Ulf Kristersson, était vendredi 23 février en visite dans la capitale hongroise pour y rencontrer son homologue Viktor Orbán. Un accord portant sur l’achat par la Hongrie de quatre avions de combat Gripen a été annoncé à l’issue de leur rencontre. Lundi 26 février, l’adhésion de la Suède à l’Otan a été ratifiée par le Parlement hongrois.
La Suède avait déposé avec la Finlande sa candidature à l’OTAN en mai 2022, quelques mois après l’invasion russe en Ukraine. Si Helsinki a été admise en avril 2023, son voisin suédois a rencontré deux principaux obstacles, la Turquie et la Hongrie. L’entrée ne s’obtenant qu’après un accord à l’unanimité des Etats membres, les Suédois risquaient de rester à la porte de l’Alliance. Ankara multipliait les promesses et les tergiversations. Ce qui ne devait être au départ qu’une simple “formalité” aura duré 19 mois, durant lesquels le président Recep Tayyip Erdogan a répété ses conditions : la fin du soutien de la Suède à des groupes kurdes et leur parti (PKK), le soutien à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et, pour finir, le déblocage de la vente par les États-Unis d’avions de chasse F-16. Le Parlement turc, satisfait de la livraison de 40 avions US et de la nouvelle loi anti-terroriste en Suède, a fini par donner son feu vert en janvier 2024.
Conversation constructive à Budapet selon Kristersson
Restait donc la Hongrie. Son Premier ministre, Viktor Orbán avait été invité en janvier dernier par son homologue suédois, Ulf Kristersson, pour “restaurer la confiance” entre les deux pays. Le gouvernement hongrois, à qui les États membres de l’UE reprochent des liens économiques avec la Russie, a, comme la Turquie, maintes fois retardé la ratification de l’accord de l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique, en réaction à des critiques suédoises sur gouvernement magyar et la situation de l'Etat de droit dans le pays. Bruxelles a brandi les mêmes reproches pour justifier le gel de milliards d’euros de fonds destinés à la Hongrie, dont une partie a été débloquée après le vote forcé d’Orbán pour une aide européenne à l'Ukraine.
A l’issue de la rencontre entre Ulf Kristersson et Viktor Orbán à Budapest le 23 février, le Premier ministre suédois a évoqué une “conversation constructive". "Nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais nous sommes d'accord pour travailler plus activement ensemble quand nous avons un terrain d'entente", souligne-t-il. Même son de cloche chez son homologue, qui n’hésite pas à envoyer une pique. “Nous sommes prêts à nous battre les uns pour les autres, à donner notre vie les uns pour les autres”, affirme-t-il. Néanmoins, il estime que l’adhésion de la Suède à l’alliance dénote une position belliqueuse. “Nous sommes favorables à la paix, alors que les Suédois sont favorables à la guerre dans le conflit russo-ukrainien”, a-t-il ajouté. Stockholm a annoncé la semaine dernière une aide militaire record, d’environ 633 millions d'euros, pour Kiev.
La visite du Premier ministre suédois à Budapest et le vote du Parlement hongrois lundi 26 février interviennent dans un contexte “grave” pour la Suède, qui se dit être confrontée à des menaces russes, chinoises et iraniennes. Le service de sécurité suédois (Säkerhetspolisen ou Säpo) évoque des actes d’espionnage de Moscou et Pékin, depuis l’espace et l’Arctique, où les deux superpuissances sont engagées.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.