Alep : trêve fragile, l'évacuation des civils a commencé au compte-gouttes

Après des semaines de bombardements et des centaines de morts chez les civils, un corridor humanitaire a finalement pu être mis en place ce jeudi pour évacuer la population d'Alep-Est. Cette trêve, qui reste fragile, pourrait entériner la chute de la ville martyre et la victoire de Bachar al-Assad sur les rebelles syriens.

Une évacuation d'Alep a finalement pu débuter ce jeudi 15, après d'intenses tractations notamment entre la Russie -alliée de Bachar al-Assad- et la Turquie -soutien des rebelles syriens-, et la multiplication des appels de la communauté internationale.

Des centaines de civils, ainsi que des combattants rebelles et blessés ont ainsi pu quitter les dernières zones de combats grâce à des convois de bus et d'ambulances. Demandée par de nombreux pays, cette trêve humanitaire devrait également entériner la victoire de Bachar al-Assad. Alep est en effet devenue le symbole de la résistance rebelle, mais celle-ci a finalement ployé sous les bombardements après quatre années de combat et un mois après la vaste offensive des troupes loyalistes.

Selon la télévision d'Etat syrienne, environ 4.000 rebelles et leurs familles devraient bénéficier de ce corridor humanitaire qui doit les amener dans une zone sous contrôle des opposants au régime, située à l'ouest de la ville. Plusieurs dizaines de milliers de personnes seraient encore coincées dans la poche rebelle d'à peine cinq kilomètres carrés.

Mardi 13, Moscou et Ankara étaient arrivés à un accord pour un cessez-le-feu. Mais alors que les civils espéraient pouvoir enfin quitter la ville, les combats avaient repris de plus belle. Les organisations humanitaires qui participent aux opérations espèrent donc que la trêve durera cette fois suffisamment longtemps pour permettre l'évacuation totale de la population.

Car même si l'accord apparaît comme un soulagement relatif, la tension reste importante sur place et le risque d'un nouvel embrasement demeure. Certaines sources ont ainsi évoqué des tirs de l'armée syrienne vers des ambulances qui auraient fait plusieurs blessés.

Selon l'Observatoire syrien des Droits de l'homme, les combats des quatre dernières semaines auraient fait plus de 600 victimes chez les civils d'Alep. L'ONU a par ailleurs dénoncé les exactions et massacres commis par l'armée régulière syrienne et les milices alliées qui auraient fait au moins 82 morts. Depuis son début en mars 2011, la guerre civile en Syrie a fait quelque 310.000 victimes et des millions de déplacés.