Dans un contexte régional tendu, la Turquie célèbre son centenaire avec une parade navale de 100 navires de guerre sur le Bosphore
MONDE - Dans un contexte régional tendu, la Turquie célèbre son centenaire avec une parade navale de 100 navires de guerre sur le Bosphore
La Turquie a fêté samedi 28 octobre 2023 son centenaire avec la plus grande parade navale de son histoire. Surplombant le détroit du Bosphore, les Turcs ont assisté à des feux d’artifice, à des démonstrations de drones dans les cieux d'Istanbul et à la parade de cent navires militaires, dont le porte-aéronef Anadolu. “Aucune puissance impérialiste ne pourra empêcher le bonheur, le succès et la victoire de la République turque", a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan. Ankara a saisi l’occasion des festivités des 100 ans de la Turquie pour montrer ses muscles, dans un contexte géopolitique très tendu, marqué par la guerre en Ukraine, la guerre entre Israël et le Hamas ainsi que la présence de plus en plus accrue de la flotte américaine dans la Méditerranée orientale et dans le golfe Persique.
Avant de donner le coup d’envoi des cérémonies officielles, le président Recep Tayyip Erdogan a rendu hommage à Ankara à Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne. "Notre République est en sécurité et entre de bonnes mains, comme elle ne l'a jamais été. Repose en paix", a-t-il déclaré. Sur le détroit du Bosphore à Istanbul, il a affirmé “qu’aucune puissance impérialiste ne pourra empêcher le bonheur, le succès et la victoire de la République turque”.
La marine pour s’imposer dans la région
Les figures acrobatiques des avions de chasse écrivant le chiffre 100 dans le ciel ont vite cédé la place à une parade impressionnante de 100 navires militaires remontant le détroit du Bosphore en direction de la mer Noire, menés par Anadolu, un porte-aéronef entré en service en février 2023 et aménagé pour accueillir des drones. L’armée turque, la deuxième de l’OTAN et la huitième du monde par ses effectifs, a aussi mobilisé à l’occasion de ce centenaire 24 hélicoptères de sa marine et ses soldats dans les rues d’Istanbul.
Cette parade plus navale que terrestre ou aérienne rappelle surtout l’importance stratégique de la marine turque. En juin 2021, Erdogan soulignait dans un discours “les capacités” de son armée navale et ses précédentes opérations, “de la Méditerranée orientale aux opérations anti-terroristes en Syrie et en Irak”. Depuis février 2022, les tensions se sont encore intensifiées avec la guerre en Ukraine et l’escalade, depuis le 7 octobre dernier, du conflit entre Israël et le Hamas.
La Turquie a gagné en influence en fermant, dès le début du conflit russo-ukrainien, ses détroits du Bosphore et des Dardanelles, qui relient la mer Noire à la Méditerranée, à la marine de Moscou, principale puissance militaire de la région. La mer Noire, théâtre de nombreuses batailles entre l’Ukraine et la Russie, abrite également une zone aérienne neutre ainsi qu’une présence militaire de l’Alliance transatlantique.
Pour le Kremlin, cette mer intercontinentale revêt un enjeu stratégique de première importance, lui offrant un accès à la Méditerranée via les détroits du Bosphore et des Dardanelles.
Influencer la guerre en Ukraine et le conflit Israël-Hamas ?
Cette démonstration de force turque intervient après le déploiement par la marine américaine à la mi-octobre du plus grand navire de guerre du monde, le porte-avions USS Gerald Ford, en soutien d'Israël. Washington a annoncé le vendredi 27 octobre, la veille de la célébration du centenaire de la Turquie, d’un second navire, l’USS Dwight D. Eisenhower, pour dissuader une quelconque escalade régionale avec l’Iran.
Si la Russie a rappelé son sous-marin Krasnodar, l’un de ses bâtiments les plus modernes, sa présence en mer Méditerranée reste renforcée depuis février 2023. Mais ses navires ne peuvent pas prendre part à la guerre en Ukraine, puisque les détroits du Bosphore et des Dardanelles sont fermés en vertu de la convention de Montreux du 20 juillet 1936, qui permet à la Turquie de prendre une telle décision en cas d’un conflit dont elle n’est pas belligérante. En réponse à la présence du porte-avions USS Gerald Ford, le président Vladimir Poutine a ordonné le déploiement dans la zone neutre de la mer Noire de MiG-31 équipés de Kinzhal, des missiles balistiques air-sol hypersoniques.
Le conflit entre Israël et le Hamas s’est d’ailleurs invité lors des célébrations du centième anniversaire de la Turquie. Le 27 octobre, veille de ce jour historique pour Ankara, le président Erdogan a personnellement pris part au grand meeting organisé par son parti, l'AKP, en soutien à la Palestine.
Dans un discours prononcé sur l'ancien aéroport Atatürk d'Istanbul, il a exprimé sa volonté de faire preuve d’une “attitude tenace” pour défendre les Palestiniens, “conformément aux souhaits de Mustapha Atatürk”. “La République turque est aujourd'hui la protectrice de ceux qui n'ont personne d'autre dans le monde (...) Nous tentons d'aider le peuple de Gaza en montrant une attitude tenace à propos de la Palestine et de Gaza.”
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