Emmanuel Macron aurait annulé son déplacement en Ukraine pour des “questions de sécurité”
MONDE - Emmanuel Macron ne se rendra pas en Ukraine les 13 et 14 février, comme annoncé à la mi-janvier. Le chef de l’Etat, qui avait annoncé la signature d’un accord de sécurité avec Kiev durant ce déplacement, devait se rendre à Odessa puis dans la capitale ukrainienne. La présidence française justifie ce report par des “questions de sécurité”, sans donner plus de détails ni dévoiler une prochaine date de voyage. Cette annulation intervient au lendemain de la nomination, par Volodymyr Zelensky, d’un nouveau chef d’état-major. Dans la presse ukrainienne, l’heure est à la stupéfaction.
Le président de la République avait annoncé le 16 janvier dernier, lors de sa conférence de presse à l’Elysée, qu’il se rendrait en Ukraine en février". "Nous allons procéder à des livraisons nouvelles : une quarantaine de missiles Scalp et plusieurs centaines de bombes", avait-il alors précisé concernant l’aide de la France au régime de Kiev.
"Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner"
Lors de sa déclaration, Macron avait fait savoir que Paris était “en train de finaliser un accord” de sécurité avec Kiev. Les détails étaient attendus durant ce déplacement, mais cet accord semble être similaire à celui conclu entre le Royaume-Uni et l’Ukraine. Rishi Sunak a promis une aide militaire à l’Ukraine d’environ 2,9 milliards d’euros ainsi que la livraison de milliers de drones.
Cet accord de sécurité, d’une durée de 10 ans, qui fait suite aux promesses d'accords bilatéraux de la part des pays du G7 lors du sommet de l'OTAN à Vilnius l'année dernière, prévoit qu’en cas d’agression extérieure, ou bien aggravation de la situation actuelle, la Grande-Bretagne s’engage à coordonner une réponse d’urgence dans les 24 heures. Cette réponse ne se traduirait pas par une intervention des troupes britanniques sur le sol ukrainien mais par “une livraison immédiate et automatique d’équipements militaires”, aussi bien sur terre, sur mer que dans les airs, sans sollicitation préalable de la part de Kiev.
Lors de sa conférence de presse de janvier, Emmanuel Macron avait annoncé que la France et l'Union européenne "auront à prendre des décisions nouvelles dans les semaines et les mois qui viennent, précisément pour ne pas laisser la Russie gagner" : "Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner et nous ne devons pas le faire, car alors la sécurité même de l'Europe et de tout le voisinage russe serait remise en cause”.
Samedi dernier, le Président s’est entretenu avec son homologue ukrainien, évoquant la situation sur le front et les besoins de Kiev. Le chef de l’État a rappelé “la détermination de la France à apporter tout le soutien nécessaire, dans la durée et avec l'ensemble de ses partenaires, pour faire échec à la guerre d'agression de la Russie”. Le communiqué de l’Elysée rappelle aussi la coalition “Artillerie pour l’Ukraine”, dirigée par Paris et devant permettre de fournir aux forces armées ukrainiennes de nouvelles capacités pour la défense de son territoire.
Aucune nouvelle date annoncée pour un déplacement
Le programme du voyage de deux jours de Macron prévoyait une visite à Odessa avant de rejoindre à Kiev. Outre l’ accord de sécurité, l’annonce de dons pour une somme d’environ 200 millions d’euros était attendue.
La presse ukrainienne évoquait, par ailleurs, la confirmation lors de cette visite de la fourniture de chasseurs français Mirage 2000D aux forces ukrainiennes.
Mais la nouvelle est tombée dimanche 11 février : Emmanuel Macron ne se rendra pas ce 13 février. C’est le magazine Challenges qui a dévoilé cette information. L’Elysée évoque des “questions de sécurité” pour justifier sa décision.
Aucune nouvelle date pour un déplacement n’a été annoncée. L’annonce s’est propagée comme une traînée de poudre en Ukraine et les médias locaux ont vite repris l’information, insistant sur l’enjeu initial de cette visite, à savoir l’accord de sécurité ainsi que l’officialisation de la création d’un fonds d’aide à la reconstruction.
L’annulation par Macron de sa visite intervient au lendemain de la nomination par Volodymyr Zelensky de cinq officiers, pour compléter un état-major remanié et dirigé désormais par Oleksandr Syrsky.
Le nouveau chef des armées ukrainiennes va devoir agir dans un contexte d'essoufflement de l’aide occidentale. Si l’Union européenne a réussi à débloquer une aide de 50 milliards d’euros après des semaines de tractations avec Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, l’aide américaine se fait encore attendre. Dans une lettre envoyée fin janvier à ses homologues européens, le ministre de la Défense ukrainien, Roustem Oumierov, décrit une situation “critique” : un stock d’obus en baisse et un risque pour l’armée ukrainienne d’être à court de missiles antiaériens dès le mois de mars…
Après une contre-offensive estivale ratée, les avancées russes, les pénuries de matériel et d’hommes, le report de la visite du président français et de la signature de l’accord bilatéral de sécurité risque d’aggraver la situation ukrainienne.
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