Aux États-Unis, les recherches Internet sur l’IVG sont traquées et les données personnelles vendues
Aux États-Unis, une entreprise a été surprise en train de vendre les données de personnes ayant consulté les sites Internet de cliniques d'avortement. Une enquête du média en ligne Motherboard a découvert que le "data broker" SafeGraph (un vendeur de données) permettait, pour 160 dollars, d’obtenir une semaine de données sur l'origine de ces personnes : de quel site viennent-elles, quel temps passent-elles sur le site, les sites de destination ultérieurs, etc.
À noter : Le Sénat américain a échoué mercredi 12 mai à adopter une loi garantissant l'accès à l'avortement dans tout le pays. Une victoire pour les conservateurs, une honte pour Joe Biden et ses démocrates.
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De la vente de données...
SafeGraph, qui a déclaré ne plus vendre ce type de données, pouvait deviner le lieu de vie des individus ayant consulté les sites d’avortement, en analysant l'emplacement où un appareil mobile a passé la nuit. L'entreprise signifiait également que "Planned Parenthood", un organisme de planification familiale, était une "marque" à suivre où les données pouvaient être achetées. Pour Zach Edwards, chercheur en cybersécurité, il est extrêmement dangereux de vendre ou d'acheter ces données.
Comme explique le site Axios, la fin apparemment imminente de l'accès légal à l'avortement rend ces informations encore plus sensibles. Les forces de l'ordre et les procureurs peuvent aujourd’hui disposer de plusieurs moyens pour obtenir différents types de données, notamment la localisation, les demandes de recherche et l'historique des achats, car aucune règle n'oblige les forces de l'ordre à présenter une ordonnance du tribunal. Aux États-Unis, de nombreuses informations personnelles sont vendues par des courtiers en données.
Voir aussi : "Les Américains pourront accéder à toutes les données personnelles des Européens" Eric Denécé
... à la surveillance
Un partage d'informations de plus en plus important ouvre la porte à une plus grande surveillance, explique CNN. Dans le cas de l’avortement, les États comme le Texas et l'Oklahoma pourraient aussi se servir des applications de suivi des règles ou de grossesse comme preuves d’avortement, a déclaré Danielle Citron, professeur de droit à l'Université de Virginie. Les groupes promouvant les droits numériques et les libertés reproductives avertissent désormais les habitants des États qui criminalisent l'accès à l'avortement ; ils leur conseillent de protéger leur empreinte numérique lorsqu'ils recherchent des informations sur l'avortement en ligne, ou qu'ils partagent des conseils sur la façon de le faire.
Ainsi, beaucoup s'habituent à la navigation privée et à la désactivation de la localisation. La plupart des navigateurs permettent aussi aux utilisateurs de supprimer rapidement l'activité de recherche récente et de définir d'autres données pour qu'elles soient supprimées automatiquement après une période de temps choisie.
Plus généralement, les défenseurs de la vie privée attendent une loi nationale sur la protection des données, ainsi que des règles interdisant les demandes de données en masse par les forces de l'ordre.
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