Jérusalem : la décision de Trump soulève le risque une nouvelle Intifada
Quasiment 30 ans jour pour jour après le début de la première Intifada, la décision de Donald Trump pourrait de nouveau embraser le Proche-Orient. Rompant avec ses prédécesseurs et touchant à l'une des questions les plus sensibles de la région, le président américain a annoncé mercredi 6 la reconnaissance de Jérusalem, ville sainte pour juifs, chrétiens et musulmans, comme la capitale d'Israël.
A la demande de huit pays, dont l’Egypte, la France et le Royaume-Uni, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies a été fixée à vendredi 8 au matin.
"On ne peut faire face à la politique sioniste soutenue par les Etats-Unis qu’en lançant une nouvelle Intifada", a déclaré le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un discours prononcé depuis la bande de Gaza. Le mouvement islamiste palestinien a reçu le soutien de son allié iranien qui a également menacé Donald Trump d'un nouveau soulèvement populaire dans les Territoires occupés. Le ministère des Affaires étrangères iranien a dénoncé dans un communiqué une "provocation et une décision insensée de la part des Etats-Unis (...) qui va provoquer une nouvelle Intifada et pousser à des comportements plus radicaux, à davantage de colère et de violence".
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C'est "l'arrêt de mort du projet de règlement au Proche-Orient", a réagi dans un communiqué le Djihad islamique, deuxième formation islamiste palestinienne, moins véhément que le Hamas.
La situation s'annonce extrêmement tendue vendredi 7, jour de la grande prière, notamment sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, où se déroule régulièrement des manifestations lors des troubles entre Israéliens et Palestiniens. Ce jeudi matin, Israël n'avait pas pris de mesures visant à restreindre l'accès au lieu saint.
Avant même l'allocution de président américain mercredi 6, des milliers de Palestiniens furieux avaient marché après la prière vers le monument du soldat inconnu à Gaza, où ils ont brûlé les drapeaux américain et israélien et chanté "Mort à l'Amérique" et "Mort à Israël". Des scènes similaires ont eu lieu dans la bande de Gaza. Un rassemblement est prévu ce jeudi à Ramallah en Cisjordanie, territoire occupé par l’armée israélienne depuis 50 ans, à l'appel de toutes les organisations palestiniennes qui ont décrétés "trois jours de rage". Il s'agit d'une expression consacrée pour rallier les manifestants devant les points de contrôle israéliens ou les murs et les miradors de béton qui coupent la Cisjordanie et la bande de Gaza du territoire israélien.
Voir aussi: Jérusalem vaque à son quotidien dans l'agitation internationale
Les organisations djihadistes ont également réagi à l'annonce de Donald Trump, appelant à la violence. Le porte-parole des Shebabs, mouvement terroriste somalien proche d'Al- Qaïda, a fait savoir que son organisation considérait la décision de Donald Trump comme une agression envers l'Islam et les musulmans, et appelle à prendre les armes: "Ce qui a été pris par la force, ne peut être restauré que par la force". Même son de cloche d'al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) qui a souligné que la reconnaissance de la ville trois fois sainte comme capitale de l'Etat hébreu était "le résultat de la normalisation avec les régimes de la région à leur tête les régimes du Golfe".
Les groupes terroristes entendent bien capitaliser sur cette décision incendiaire de Donald Trump pour renforcer les positions et en faire un marqueur important de leur propagande.
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