L'armée syrienne a repris le contrôle total de Deir Ezzor

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Par AFP
Publié le 03 novembre 2017 - 09:51
Mis à jour le 04 novembre 2017 - 11:50
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Les forces syriennes tirent sur des positions jihadistes, le 2 novembre 2017 à Deir Ezzor
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Les forces syriennes tirent sur des positions jihadistes, le 2 novembre 2017 à Deir Ezzor
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En resserrant l'étau autour du groupe Etat islamique (EI) des deux côtés de la frontière, l'Irak et la Syrie veulent en finir avec les jihadistes mais doivent se préparer à les voir ressurgir ailleurs que dans ce réduit, préviennent les experts.

Sans donner de détail, des sources militaires font état d'une coopération entre les armées syrienne et irakienne pour reprendre le dernier carré de l'EI acculé dans une zone largement désertique le long de la vallée de l'Euphrate qui chevauche l'Irak et la Syrie.

Le général irakien Yahya Rassoul, porte-parole du Commandement conjoint des opérations, parle sans plus d'"une coopération avec l'armée syrienne" et une source militaire syrienne rapporte l'existence d'une "salle des opérations réunissant Syriens, Russes, Irakiens et Iraniens à Bagdad".

Deir Ezzor Quoiqu'il en soit, l'objectif est le même. Se débarrasser des jihadistes qui ont perdu une grande partie des territoires conquis en 2014.

Pour Michael Knights, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, la Syrie et l'Irak "attaquent le même ennemi" et au vu des victoires rapides à Tal Afar et Hawija en Irak, la reprise de la zone frontalière côté irakien pourrait ne prendre que "deux semaines".

Au terme de cette bataille, l'Irak mettrait fin à plus de trois années d'occupation par l'EI de près d'un tiers de son territoire. La Syrie aussi pourrait chasser rapidement les jihadistes de la province de Deir Ezzor, limitrophe de l'Irak et dont ils ne contrôlent plus que 35%.

Mais pour le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, les jihadistes qui vont parvenir à s'échapper vont "se cacher dans le désert".

- 'Désert' -

Ils rejoindront la vallée de l'Euphrate, remuante zone frontalière connue pour ses trafiquants et par laquelle passaient déjà il y a une quinzaine d'années jihadistes et autres combattants extrémistes, ajoute le colonel américain.

"Le caractère désertique de ces pans de territoire rendra difficile leur pacification totale, des résidus de l'EI pourraient continuer d'être actifs après la défaite", abonde Karim Bitar, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

En fait, les jihadistes "sont revenus là où ils étaient en 2013", assure à l'AFP M. Knights. "Ils vont reprendre l'insurrection des débuts", celle d'avant la proclamation en juin 2014 de leur "califat" aujourd'hui en lambeaux.

"Dans de nombreux endroits, ils ont retrouvé leurs capacités de 2013" et ont encore plusieurs caches possibles à travers le territoire irakien, dit-il, citant les villes de "Ramadi, Fallouja, la ceinture entourant Bagdad et des zones des provinces d'Al-Anbar et de Diyala".

Depuis leurs caches, "ils vont essayer de mener des attaques pour déstabiliser les autorités localement; et poursuivre les opérations extérieures et médiatiques -soit en les organisant soit en inspirant des assaillants à l'étranger- pour conserver un vernis de légitimité", assure le colonel Dillon à l'AFP.

- 'Le fantasme s'écroule' -

Dans la province syrienne de Deir Ezzor, l'EI est attaqué sur deux fronts, celui des forces du régime de Bachar al-Assad, qui viennent de reprendre le chef-lieu éponyme, et celui des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants dominée par les Kurdes et soutenue par les Etats-Unis.

L'armée syrienne est elle soutenue militairement par les alliés russe et iranien dans sa guerre contre les rebelles et les jihadistes. "En Syrie, rien n'aurait été possible sans la couverture aérienne de la Russie", note M. Bitar.

De même, en Syrie comme en Irak, "les Iraniens cherchent à s'assurer de la continuité territoriale leur permettant de sécuriser les canaux d'approvisionnement du Hezbollah", mouvement chiite libanais soutenu par Téhéran, poursuit ce spécialiste du Moyen-Orient.

Vendredi, les forces irakiennes ont déjà marqué un point important, assure M. Bitar. Leur reprise de l'important poste-frontière d'al-Qaïm vers la Syrie "est symbolique".

"Le fantasme du califat qui aurait effacé les frontières de Sykes-Picot est en passe de s'écrouler", dit-il, en référence aux accords franco-britanniques sur le partage du Moyen-Orient à la fin de la Première guerre mondiale.

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