Le fiasco de l'interview de Joe Biden sur CBS

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Anthony Lacoudre, pour FranceSoir
Publié le 21 septembre 2022 - 18:15
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Joe Biden
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SAUL LOEB / AFP
"Entre sa santé chancelante et la débâcle électorale annoncée aux élections de mi-mandat du 8 novembre prochain, le sort de Joe Biden n'est manifestement plus entre ses mains." 
SAUL LOEB / AFP

CHRONIQUE - Le 18 septembre dernier, après 7 mois de silence avec les médias, Joe Biden a interrompu ses vacances (depuis 2 ans, il passe 40% de son temps dans sa maison au bord de la plage dans le Delaware), et ce, pour donner une interview télévisée d'une heure sur la chaîne d'État CBS avec le journaliste Scott Pelley (émission intitulée "60 minutes"). Puisque personne n'a regardé cette émission du dimanche soir, voici en substance ce qu'il faut en retenir. D'après les propres mots du président de la première puissance mondiale :

1) Le niveau historiquement élevé de l'impopularité de Joe Biden tel que reflété dans tous les sondages est dû aux problèmes mentaux dont souffrent les Américains depuis la crise du Covid. "L'impact sur le psychique des Américains résultant de la pandémie est profond", a-t-il répondu à la question : "Pourquoi êtes-vous aussi impopulaire ?" 

2) Pour avoir la meilleure preuve de sa bonne santé mentale, a précisé Joe Biden, il suffit de le regarder et de l'écouter ("watch me!", a-t-il dit). 

Ses détracteurs ont aussitôt fait remarquer que l'observation des faits et gestes de Joe Biden prouvait indéniablement un degré avancé de sénilité ("cognitive decline"), le président s'écroulant à plusieurs reprises en montant les escaliers d'Air Force 1, tombant de son vélo lorsqu'il se promène au bord de la plage, arrivant en retard et s'endormant lors de conférences ou ne parvenant pas à formuler de phrases cohérentes en public, contraint de constamment lire un téléprompteur. 

Et même dans ce cas, il a beaucoup de mal à s'exprimer clairement, il mâche ses mots, il bute, il répète, inverse les chiffres et lit par erreur les instructions du téléprompteur, comme "fin de la citation, répéter la phrase", suscitant des moqueries savoureuses sur les médias sociaux. 

"Ses capacités mentales ont continué de se détériorer depuis son élection, les Américains s'interrogent sur toute une série de comportements bizarres du président, par exemple les gestes incontrôlés avec ses mains, le fait qu'il invente continuellement des histoires et continue de répéter les mêmes mensonges dénoncés par tous les médias, ses sautes d'humeurs et d'émotions, il trébuche quand il marche, il avale ses mots, il a toujours l'air fragile. Les Démocrates et les médias grand public commencent à réaliser qu'ils ne pourront plus cacher cela encore longtemps. À un moment, il faudra bien expliquer au public ce qu'il se passe. Biden doit accepter de passer un test cognitif, comme Trump l'a fait", déclare Ronny Jackson, l'ancien médecin de Barack Obama à la Maison-Blanche (aujourd'hui membre républicain de la Chambre des représentants, Texas).

3) "Les forces américaines défendront-elles l'île de Taïwan ?", demande le journaliste de CBS. "Oui s'il y a une attaque sans précédent", répond Joe Biden. Le journaliste n'en revient pas, il repose la question : "À la différence du conflit en Ukraine, pour être clair, les troupes américaines vont défendre Taïwan en cas d'invasion chinoise ? "Oui", répond à nouveau Joe Biden avec conviction. 

Il annonce donc l'entrée en guerre des États-Unis contre la Chine et le déclenchement de la Troisième Guerre mondiale si la Chine envahit Taïwan. Imaginons un instant la furie des médias si Donald Trump avait fait une telle déclaration...

La Maison-Blanche a immédiatement réagi en précisant qu'il n'était pas question de s'engager à envoyer des troupes à Taïwan. Apparemment, quelqu'un à la Maison-Blanche décide à la place du président sur ces questions. 

4) "Avec moi, nous n'avons pas un président comme Donald Trump, qui passait son temps à insulter ses adversaires avec des attaques personnelles", s'est enorgueilli Joe Biden. 

On rappellera que dans son adresse solennelle à la nation du 1er septembre dernier, Joe Biden a traité de fascistes et de menace pour la démocratie américaine l'ensemble des électeurs républicains qui ont voté pour Donald Trump.

5) "Mettons les choses en perspective, l'inflation n'augmente plus que lentement, de 0,1 % le mois dernier, c'est trois fois rien, ce n'est qu'un pouce" (inch), a expliqué Joe Biden, pour qui désormais l'inflation est sous contrôle. 

On soulignera que la bourse de NY s'est écroulée le 12 septembre dernier à l'annonce du taux d'inflation de 8,3 % en glissement annuel d'août 2021 à août 2022. 

"C'est comme si vous avez gagné 10 kg le mois dernier mais ce mois-ci, vous avez gagné seulement 2 kg donc votre prise de poids est sous contrôle", ironise Dan Meuser, membre de la Chambre des représentants (Pennsylvanie). 

Et cette semaine, la Banque centrale fédérale américaine va une nouvelle fois augmenter ses taux directeurs de 0,75 %, dans le but clairement avoué de provoquer une récession économique (au risque de créer un krach immobilier national, les taux d'intérêt des prêts hypothécaires sur 30 ans passant de 2,5 % en janvier 2021 à 6,3 % aujourd'hui). 

6) "Le meilleur moyen de lutter contre l'augmentation des prix du pétrole est de vider les réserves stratégiques du pays", explique fièrement Joe Biden (Ndlr: en en vendant une partie à la Chine, les réserves étant désormais au plus bas depuis 40 ans). "Maintenant, nous sommes en bonne forme", a-t-il précisé ("now, we are in good shape"). 

7) "Il n'y a pas une seule chose que j'ai observée qui pourrait m'affecter ou affecter les États-Unis s'agissant de mon fils Hunter" (Ndlr : le journaliste a juste oublié de lui demander s'il était "the big guy" mentionné dans les mails de Hunter Biden à qui étaient reversés 10 % des rémunérations perçues par Hunter de la part de l'Ukraine et de la Chine alors que Joe Biden était le VP d'Obama). 

"C'est curieux, il n'a rien observé concernant les activités de son fils mais la thèse officielle jusqu'à présent est que Joe Biden n'était même pas au courant des affaires de son fils ; alors comment savait-il ce qu'il fallait observer ?", s'interroge Miranda Devine, journaliste d'investigation au New York Post. 

Officiellement, Hunter Biden fait l'objet d'une enquête du ministère de la Justice pour fraude fiscale, blanchiment d'argent et lobbying illégal au bénéfice de pays étrangers. Le procureur David Weiss est chargé de l'enquête, 30 sénateurs républicains ayant récemment demandé au ministre de la Justice d'accorder audit procureur le statut particulier de "special counsel" afin d'accroître ses pouvoirs. 

"Apparemment, le VP Joe Biden n'a rien observé, mais cela n'enlève rien au fait que tout ceci constitue une conspiration criminelle, pour le bénéfice de Hunter Biden et en fait de la famille Biden puisque le propre frère de Joe Biden était impliqué également... Il dit qu'il n'a rien observé et qu'il ne voit pas de problème, mais les faits parlent d'eux-mêmes, parlent plus fort que sa capacité à ne rien voir autour de lui. Un des problèmes avec ce président est qu'il ne voit rien, il ne pense pas qu'il a commis une erreur en Afghanistan, il ne pense pas que sa politique crée de l'inflation, il y a beaucoup de choses qu'il ne comprend pas", réagit Darrell Issa, membre de la Chambre des représentants (Californie).

8) "La crise du Covid est finie... vous avez remarqué que plus personne ne porte de masque, tout le monde a l'air d'être en grande forme", s'est réjoui Joe Biden. 

Si tel est le cas, pourquoi alors Joe Biden continue-t-il à utiliser ses pouvoirs "d'urgence sanitaire absolue" pour justifier certaines de ses actions, comme par exemple l'obligation de vaccination du personnel médical (décret qui a été validé par la Cour suprême) ou l'annulation récente (juste avant les prochaines élections du mois de novembre) de la dette des étudiants, ce qui devrait coûter entre 500 et 600 milliards de dollars au Trésor américain ? (Ndlr : ce décret sera annulé par la justice, seul le Congrès ayant le pouvoir d'effacer cette dette). 

Le sénateur du Wisconsin Ron Johnson twitta immédiatement : "Maintenant que la crise du Covid est officiellement terminée, il est temps de mettre fin aux obligations vaccinales" (Ndlr : et de réembaucher le personnel fédéral licencié).

Dans cette interview, Joe Biden a donc reconnu que l'usage de ses emergency powers n'était plus justifié par la crise du Covid. Il a également reconnu qu'il n'y avait plus de justification à instaurer le vote par correspondance universel, mesure qui est à l'origine de forts soupçons de fraude électorale lors de l'élection de Joe Biden en novembre 2020. 

9) Concernant les élections présidentielles de 2024, alors qu'il avait toujours annoncé jusqu'à présent avec certitude qu'il se représenterait, Joe Biden a précisé dimanche soir : "Comme je l'ai dit depuis le début, mon intention est bien de me représenter, mais ce n'est qu'une intention. Est-ce une décision ferme ? Cela reste à voir". Joe Biden a donc révélé hier soir que la décision ne dépendait pas de lui et que quelqu'un, à un moment, allait lui donner l'instruction de se représenter ou non en 2024. 

Comme le fait remarquer avec malice le journaliste de Fox News Jesse Watters : "C'est un peu comme si Joe Biden annonce qu'il se représente, mais la Maison-Blanche corrige le tir, en précisant que la politique américaine concernant la campagne de Joe Biden est qu'il ne se représente pas à l'élection présidentielle. Imaginez, traiter une femme de cette façon. Vous lui dites "Mon intention est de me marier avec toi, mais ce n'est qu'une intention. Est-ce une décision ferme ? Cela reste à voir... "

Entre sa santé chancelante et la débâcle électorale annoncée aux élections de mi-mandat du 8 novembre prochain, le sort de Joe Biden n'est manifestement plus entre ses mains. 

 

Anthony Lacoudre est avocat fiscaliste basé à New York et également professeur de droit fiscal international.

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