Les Etats-Unis dénoncent l'accord de Paris : "Tant pis !" répond la planète, prête à faire sans Trump
"Make America great again" ("redonnons sa grandeur à l'Amérique"), le slogan de Donald Trump est désormais célèbre. Et, d'une certaine manière, il dit tout de la politique du 45e président des Etats-Unis. Nouvelle illustration jeudi 1er juin avec la dénonciation de l'accord de Paris sur le climat, pourtant non contraignant, par "the Donald" qui a annoncé vouloir "placer Youngstown, dans l’Ohio, Detroit, dans le Michigan, et Pittsburgh, en Pennsylvanie, et beaucoup d’autres endroits dans notre grand pays (les Etats-Unis), avant Paris, en France". L'argument principal avancé est mercantile: il s'agit de "reprendre l'argent" sur le court terme, et ce quel qu'en soit le prix sur le long terme. "Make America great again", s'enrichit donc d'un gigantesque "four-letter word" (version anglaise du mot de Cambronne) au reste du monde.
Mais qu'y peut ce reste du monde? Et bien il semble qu'il soit cette fois décidé à prendre cette déclaration pour ce qu'elle est: la position d'un pays parmi beaucoup d'autres. Aussi puissant soit-il.
"Make our planet great again", a ainsi répondu Emmanuel Macron, "in English", à son homologue américain. Déjà bousculés lors de la tournée du président américain -qui a notamment refusé d'affirmer son attachement à l'article 5 de l'OTAN, celui sur la défense collective- les Européens ne se laisseront pas faire. L'enjeu est trop important: si les Américains ne participent pas et bien il faudra faire sans eux, ont ainsi répondu en substance Macron, Merkel et Renzi dans un communiqué commun publié dans la nuit de jeudi à ce vendredi, quelques heures seulement après la déclaration de Trump.
La Chine a également embrayé. Alors que l'Empire du Milieu est le plus gros pollueur mondial (en valeur absolue, ramené à un classement pas habitant le pays est 11e "seulement"), le président Xi Jinping a ainsi réaffirmé sa volonté de respecter ses engagements.
Car il s'agit bien de cela: tenir sa parole. Non pas la parole d'un homme, les chefs d'Etat vont et viennent sur le temps long dans les démocraties, même perfectibles ou autoritaires, mais bien celle d'un pays qui les a mandatés pour signer ce type d'accords internationaux.
Après le compromis issu de la COP21, à quel texte va désormais s'attaquer Trump? L'OTAN, emblème s'il en est de la superpuissance américaine, de son rôle de gendarme du monde, est ainsi dans son viseur car, ici encore, le milliardaire se focalise uniquement sur l'aspect pécuniaire. La parole des Etats-Unis, ne semblent plus avoir de valeur à l'aune du trébuchet trumpien, prêt à tout soupeser de nouveau.
Comment dès lors compter sur un tel partenaire? D'autant que l'adepte des "fake news", ces distorsions de la réalité ubuesques, peut dire tout et son contraire d'un jour sur l'autre, quitte à mettre ses alliés au pied du mur. La Russie et la Chine l'ont d'ailleurs bien compris. Tout comme les Européens, à l'image de l'atlantiste convaincue qu'est Angela Merkel qui a pourtant appelé cette semaine l'Union à "prendre son destin en main". L'alternative se prépare déjà sur le dossier climatique, montrant ostensiblement qu'elle tente de s'organiser sans les Etats-Unis.
Aujourd'hui super-puissant, Donald Trump ne remet donc pas seulement en question, à long terme, l'avenir de la planète mais aussi la position de son pays. Et ce à très court terme.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.