Oeufs contaminés : du fipronil détecté aux Pays-Bas dès novembre 2016

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Par AFP
Publié le 09 août 2017 - 13:44
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Cinq entreprises françaises "ont reçu des oeufs contaminés" au fipronil provenant des Pays-Bas et de
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© KRISTOF VAN ACCOM / Belga/AFP
"Quand un pays comme les Pays-Bas, un des plus gros exportateurs d'œufs au monde, ne transmet pas ce genre d'information, ça pose vraiment problème", a déclaré M. Ducarme lors d'une réunion extraordinaire devant des députés belges à Bruxelles.
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La Belgique a déploré mercredi le manque d'informations venant des Pays-Bas dans le scandale des oeufs contaminés, reprochant à ce pays de ne pas avoir informé plus rapidement ses voisins européens malgré la découverte dès novembre 2016 d'un insecticide dans des oeufs.

La France a elle aussi regretté le déficit d'informations dans ce dossier.

"Quand un pays comme les Pays-Bas, un des plus gros exportateurs d'œufs au monde, ne transmet pas ce genre d'informations, ça pose vraiment problème", a déclaré le ministre de l'Agriculture belge, Denis Ducarme, lors d'une audition publique extraordinaire devant des députés belges à Bruxelles.

Cette critique a été relayée en creux par son homologue français Stéphane Travert, qui a également égratigné la Belgique au passage, en exprimant son souhait d'avoir à l'avenir "des échanges beaucoup plus fructueux et beaucoup plus rapides" avec ces pays en pareille situation.

Des dizaines de millions d'oeufs ont été retirés de la vente depuis la semaine dernière dans plusieurs pays européens après les premières révélations faites aux Pays-Bas début août.

L'affirmation du ministre belge a été démentie par un haut responsable du NVWA, l'agence néerlandaise de la sécurité alimentaire.

"Le reproche que nous aurions eu vent en novembre 2016 de fipronil dans les œufs ne correspond pas [à la vérité]", a déclaré Rob van Lint, inspecteur général du NVWA, cité dans un communiqué remis à l'AFP.

"Un de ces signaux est arrivé en novembre 2016 comme tuyau anonyme auprès de la NVWA sur l'utilisation illégale de biocides (fipronil) lors du nettoyage de poulaillers pour lutter contre le pou rouge (un parasite qui s'attaque aux poules, NDLR). A ce moment-là, il n'y avait aucune indication d'un risque aigu pour la sécurité alimentaire. Il n'y avait pas d'indication que du fipronil pourrait se trouver aussi dans les œufs", a-t-il soutenu.

Sommé de venir s'expliquer en pleines vacances d'été, M. Ducarme a présenté mercredi matin un rapport de l'agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), que le gouvernement belge réclamait afin de lever la confusion régnant autour de l'origine de la contamination.

La Belgique avait été le premier pays de l'Union européenne (UE) à notifier le 20 juillet la Commission européenne via le système d'alerte mis en place en cas de risque pour la santé des consommateurs.

L'Afsca indique dans son rapport que deux notes du NVWA adressés au ministre néerlandais lui ont été transmises "par hasard", a expliqué Denis Ducarme, faisant "état du constat de présence de fipronil au niveau des œufs néerlandais dès la fin novembre 2016". Les notes elles-mêmes datent de juillet, a-t-il précisé.

Si ces informations avaient été connues, "la vigilance par rapport au fipronil aurait été accrue, fortement accrue" en Belgique, a assuré M. Ducarme. Il a toutefois ajouté qu'il ne s'agissait pas de faire un procès à ses voisins.

- Chronologie -

Le rapport de l'agence belge revient sur la chronologie des événements, sur lesquels une enquête distincte a été ouverte le 19 juillet par le parquet d'Anvers qui se refuse pour l'instant à toute communication.

La première alerte est donnée à l'Afsca le 2 juin par un exploitant, qui constate lors d'un test d'auto-contrôle la présence de fipronil dans ses oeufs.

L'agence lance alors une série de tests et de contrôles, bloque un certain nombre de lots, et tente de remonter à la source de la contamination.

En suivant la piste du traitement contre le pou rouge, elle établit un lien avec les Pays-Bas au travers d'une firme locale, jamais nommée par le ministre, mais identifiée par les médias belges et néerlandais comme l'entreprise ChickFriend.

Cette firme a reconditionné le produit "DEGA-16", censé être naturel, utilisé pour désinfecter les poulaillers.

L'Afsca fait une première demande d'information à son homologue néerlandaise, dès le 19 juin, a souligné M. Ducarme, mais n'obtient une réponse que le 13 juillet.

Cela est dû au lancement d'une enquête pénale aux Pays-Bas, explique le rapport, après l'interception d'un paquet à l'aéroport d'Amsterdam contenant du fipronil, envoyé par un producteur belge de DEGA-16 à une adresse aux Pays-Bas.

"Nous n'avons pas pu avoir accès à la liste de clients de la firme hollandaise, ça veut dire que l'agence n'a pas pu déterminer plus tôt avec précision le périmètre suspect" qui concerne 86 exploitations", a regretté M. Ducarme qui s'est emporté contre ce délai d'un mois.

L'Afsca de son côté s'est défendue, au cours de la même audition, d'avoir tardé à prévenir le gouvernement belge, après l'alerte lancée par l'exploitant, une parmi les centaines qu'elle reçoit chaque année.

L'agence contacte l'UE le 20 juillet, après des perquisitions: "c'est le premier moment où il y avait suffisamment d'informations" pour permettre aux Etats membres d'agir, a affirmé Herman Diricks, l'administrateur délégué de l'agence.

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