X ferme ses bureaux au Brésil pour dénoncer une “censure”, Elon Musk impute la responsabilité au juge Moraes
Evoquée en avril par Elon Musk, la fermeture des locaux de X au Brésil se concrétise. Le milliardaire a annoncé samedi 17 août 2024 la fin “des opérations locales” de la plateforme, anciennement appelée Twitter. La société justifie sa décision par la nécessité de “protéger la sécurité” de son personnel dans ce pays, tandis que son patron pointe du doigt le juge de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, “une honte pour la justice” qui a tenté, aux yeux de Musk, de “censurer” des comptes influents au Brésil.
Les tensions entre X et le Brésil semblent avoir commencé à s'intensifier en 2023, lorsque le juge brésilien Alexandre de Moraes, ancien ministre de la Justice, magistrat du Tribunal suprême fédéral et président du Tribunal électoral, a ordonné la fermeture de plusieurs comptes sur la plateforme, suspectés de diffuser de la désinformation. Ces comptes étaient majoritairement associés à des sympathisants de l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro, qui a critiqué le système de vote électronique lors de l'élection remportée par Luiz Inacio Lula da Silva.
Musk a réagi en qualifiant ces actions de “censure” et a critiqué le juge, allant jusqu'à le traiter de "dictateur", demandant sa démission. “Comment Alexandre de Moraes est-il devenu le dictateur du Brésil ? Il a Lula en laisse”, avait-il posté.
X ferme ses locaux pour “protéger son personnel”
En avril dernier, la crise est montée d’un cran lorsque la société X annonce qu’un tribunal brésilien l’a forcé à “bloquer certains comptes populaires au Brésil”. Son patron, par ailleurs propriétaire de Tesla et SpaceX, a annoncé dans la foulée son intention de faire appel pour la levée des restrictions. “Nous perdrons probablement tous nos revenus au Brésil et devrons y fermer nos bureaux. Mais les principes comptent plus que le profit”, avait-il commenté.
Presque six mois plus tard, la crainte d’Elon Musk s’est concrétisée. Dans un post diffusé avant-hier, il a déploré le fait que “X n’a d’autre choix que de fermer ses opérations locales au Brésil”. De son côté, le groupe a justifié cette décision par son souci de “protéger la sécurité” de son personnel.
“Hier soir, Alexandre de Moraes a menacé notre représentant légal au Brésil d'arrestation si nous ne respections pas ses ordres de censure. Il l'a fait dans un ordre secret, que nous partageons ici pour exposer ses actions”, écrit X. “Malgré nos nombreux appels à la Cour Suprême qui n'ont pas été entendus, le public brésilien n'ayant pas été informé de ces ordres et notre personnel brésilien n'ayant aucune responsabilité ou contrôle sur le blocage du contenu sur notre plateforme, Moraes a choisi de menacer notre personnel au Brésil plutôt que de respecter la loi ou le processus judiciaire”, poursuit-on.
“En conséquence, pour protéger la sécurité de notre personnel, nous avons pris la décision de fermer notre opération au Brésil, avec effet immédiat”, conclut X, qui affirme que “le service X reste disponible pour les habitants du Brésil”.
Une “honte de la Justice”, dénonce Musk
Elon Musk enfonce le clou, qualifiant Alexandre de Moraes de “honte pour la justice” qui “doit partir”. “La décision de fermer les bureaux de X au Brésil a été difficile, a-t-il écrit. Mais si nous avions accepté la censure secrète (illégale) d'Alexandre de Moraes et les demandes de transfert d'informations privées, nous n'aurions pu expliquer nos actions sans avoir honte”.
L’annonce de X et de son patron ont fait réagir le gouvernement brésilien. Joao Brant, secrétaire des politiques numériques auprès de l’exécutif de Lula, a dénoncé une “attitude pathétique”. Selon lui, le réseau social provoque une « escalade probable qui pourrait conduire au blocage de la plateforme”.
Mais aux yeux de la plateforme, “la responsabilité en incombe uniquement à Alexandre de Moraes. Ses actions sont incompatibles avec un gouvernement démocratique. Le peuple brésilien doit faire un choix : la démocratie ou Alexandre de Moraes”.
Ce nouvel épisode dans la saga Musk-Moraes intervient au moment où Elon Musk se bas contre les pressions, et la tentative de censure dont fait l’objet “X” de la part de la Commission Européenne, et particulièrement de son commissaire au marché intérieur, Thierry Breton. Là encore, le milliardaire dénonce “une tentative de censure et d’ingérence de la part de l’UE, avec une volonté de “deal secret et illégal” à l’insu des utilisateurs européens.
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