Prix de l'énergie : coup de froid dans les piscines françaises ?
Faudra-t-il crawler dans des piscines moins chauffées pour diminuer leur facture énergétique et éviter de plomber les finances des collectivités? Depuis cet été, certaines réduisent leurs plages horaires ou baissent le thermostat pour adoucir la note.
"Nous sommes devant un patrimoine vieillissant et gourmand en énergie", explique France Urbaine, association qui regroupe métropoles et grandes villes de France. Et les 4.000 piscines publiques sont majoritairement chauffées au gaz. Un gaz cher qui pourrait être plus rare cet hiver.
Les piscines ont déjà pris de plein fouet les fermetures dues au Covid, avec une perte de 200.000 euros en moyenne par équipement, relève l'association. Alors pour contenir la note, les annonces se succèdent. A Échirolles (Isère) depuis début juillet la température de l'eau est passé de 27 à 25 degrés à l'extérieur et de 27,5 à 26 à l'intérieur. Un degré en moins représente une économie de 7%, selon la ville.
Dans l'agglomération de Montpellier, les piscines de Lansargues, Palavas-les-Flots, Mauguio et La Grande Motte devront "fermer un jour par semaine" afin de "faire face à l'augmentation des prix de l'énergie", a fait savoir l'agglomération.
- attention aux bébénageurs -
A Paris, qui compte une quarantaine de bassins tout public et dix bassins écoles, "on veut tout faire pour éviter les fermetures", explique à l'AFP Pierre Rabadan maire adjoint au sport. Certaines piscines sont actuellement fermées pour cause de travaux de rénovation énergétique. Mieux filtrer l'eau, changer les éclairages ... un plan destiné à faire de 30 à 35% d'économies d’énergie.
Dans certaines collectivités, des projets de rénovation énergétique tombent à l'eau pour payer la facture d'énergie, explique aussi France Urbaine.
Abaisser la température ? A Paris, Pierre Rabadan n'est pas très chaud. Là où des adultes peuvent supporter une eau plus fraîche, la question se pose pour les enfants ou les bébénageurs. "On l'avait fait une fois et on avait fait machine arrière en raison des scolaires", explique-t-il.
Varier en fonction des saisons est peut-être plus envisageable. "On est sur un +trend+ unique 27 degrés point final qu'il fasse deux degrés dehors ou 30 degrés, on peut peut-être aller plus finement", interroge-t-il.
Si l'idée est de "tenir sans avoir à réduire les amplitudes horaires", tout dépend de la tournure que prendra la facture -- qui n'est pas encore évaluée pour 2022 -- et la crise énérgétique.
Pour Vincent Saulnier, secrétaire général de l'Association nationale des élus du sport (Andes), la question de la température et des fermetures sera étudiée dans le cadre des discussions sur le volet sport du plan de sobriété énergétique.
Son association a aussi réclamé un report des obligations de vidange compte tenu de la sécheresse estivale. D'ailleurs dans certaines villes des piscines vidées au début de l'été ne peuvent pas être remplies du fait de la restriction des usages de l'eau.
- "Equipement essentiel" -
C'est le cas dans la ville de Bourges (Cher) qui attend de pouvoir re-remplir ses deux piscines... Pour l'instant, le maire Yann Galut envisage de laisser la piscine de quartier, "peu fréquentée", ouverte seulement pour les scolaires et pendant les vacances d'été, a-t-il expliqué à l'AFP. Dans l'autre piscine, la température a déjà été baissé de 0,5 degré.
"On ne peut pas faire n'importe quoi avec nos piscines", explique-t-il compte tenu de l'importance de l'apprentissage de la natation. "Pour les habitants, la piscine est un équipement essentiel", rappelle-t-il.
Pas encore de douche froide après l'effort comme à Hanovre (Allemagne) dans les piscines, salles de sport et gymnases pour tous les usagers. Selon un sondage interne réalisé par France Urbaine dans 108 territoires, 10% envisagent des fermetures totales ou partielles cet hiver.
Au-delà de ces solutions à court terme, qui servent à la fois le portefeuille et l'environnement, il faut "un plan Marshall avec un milliard d'euros sur cinq ans pour la rénovation énergétique des équipements sportifs", plaide Vincent Saulnier.
Et attention, prévient Pierre Rabadan, aussi adjoint aux Jeux olympiques: "si pour dépenser moins d'énergie il faut faire moins de sport, je pense qu'on se trompe" alors la sédentarité touche adultes et enfants.
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