Bénéteau, l’esprit de la mer
L’incroyable histoire de l’entreprise Bénéteau doit beaucoup à son fondateur, Benjamin Bénéteau, infatigable architecte naval qui a su transcender ses origines modestes pour jeter les bases des célèbres chantiers navals éponymes.
Né en 1859 dans une humble famille vendéenne, Benjamin Bénéteau est placé comme mousse sur un navire par son oncle dès l’âge de 12 ans. Son premier contact avec l’océan n'est pas glorieux, le jeune homme a le mal de mer. Pourtant, il va garder de cette expérience une passion pour la marine.
C’est lors de son service militaire en 1879 qu’il découvre sa voie. Alors en poste à la Corderie Royale de Rochefort, il se passionne pour le dessin de marine et croque ses premières esquisses de navires. Il passe dans la foulée son diplôme d’architecte naval. En 1884, après son service (qui durait 4 ans à l’époque), il réalise les plans d’une goélette de 20 mètres (voilier pour la pêche en haute-mer), un croquis qui trône toujours à l’entrée du siège social du groupe Bénéteau à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
C’est également cette année-là que Benjamin Bénéteau monte son premier chantier naval, à Saint-Gilles. Doté d’un esprit d’innovation, il cherche à copier les navires de pêche britanniques (alors la référence à l’époque) qui sont plus rapides et mieux adaptés au travail en mer que les canots bretons utilisés par les pêcheurs de la région.
Dès 1908, contre l’avis de l’ensemble de la profession, il prône l’emploi des moteurs pour la pêche en haute mer. Une véritable hérésie à l’époque, le bruit du moteur étant accusé de faire fuir les poissons. Patiemment, il attend son heure et, un jour où Eole retient son souffle, son navire de pêche à moteur, ironiquement baptisé "Le Vainqueur des jaloux", prend la mer et revient chargé de poissons alors que le reste de la flotte est cloué à quai. Une petite révolution...
En 1912, le chantier produit son premier voilier, le "Père Peinard", du nom d’un journal anarchiste très connu à l’époque. Ce navire de plaisance, qui combine pour la première fois voile et moteur, est le premier d’une longue série qui va faire la renommée de la marque.
Cap sur la plaisance
A la mort de Benjamin Bénéteau en 1928, son fils André et sa compagne Georgina reprennent les rênes de l’activité. L’entreprise va profiter des innovations technologiques de l’époque dans le domaine de la vitesse et de la mécanisation sur les navires de pêche, notamment les thoniers et les chalutiers.
Mais c’est après la Seconde guerre mondiale que Bénéteau va véritablement prendre son essor. En effet, la flotte de pêche est réduite à peau de chagrin, il faut la reconstruire, et vite. Les carnets de commande de l’entreprise ne désemplissent pas jusqu’au début des années 60.
Mais à cette période, la société va subir de plein fouet la crise de la pêche, les commandes de bateaux sont de moins en moins importantes et les chantiers ferment les uns après les autres. André Bénéteau doit faire face à la crise et c’est à nouveau une innovation technologique qui va sauver l’entreprise. En association avec son fils et sa fille, André et Annette (la troisième génération Bénéteau), il va développer un concept révolutionnaire, la coque de navire en polyester. Si le modèle ne convient pas pour la pêche, il va faire un tabac chez les plaisanciers, de plus en plus nombreux sur le marché.
Annette Bénéteau-Roux ouvre la page plaisance pour la société. Elle va mener l'entreprise au sommet mondial, en commençant par les modèles "Forban" et "Galion", que l'on appelle toujours les "pêche-promenade". Ils deviennent les bateaux d'initiation des nouveaux plaisanciers, qui ne sont plus obligés de passer par la case école des Glénans ou par les clubs de voile. Un monde de la plaisance qui explose entre 1960 et 1990, avec la création d'une multitude de chantiers.
Toutes voiles dehors
Alors que dans les années 60 Bénéteau luttait contre près de 150 autres chantiers navals en France, actuellement l’entreprise, désormais leader mondial dans la production de voiliers depuis 1984, bataille uniquement contre les 5 grands acteurs mondiaux du secteur. Dans les années 1990, Bénéteau s’est agrandie et est devenue le Groupe Bénéteau avec le rachat d’autres chantiers: CNB, Jeanneau, Lagoon et Wauquiez. Des rachats qui permettent au groupe de s’ouvrir d’autres marchés comme celui des navires à moteur ou des yachts de luxe, et permet son retour au premier plan sur le marché des navires de pêche.
Cette diversification des activités va s’accentuer en 1994, lorsque Bénéteau va partir à l’abordage de l’hôtellerie de plein air en lançant sa propre gamme de mobile-home, O’Hara, qui fait rapidement sa place dans ce secteur. La production des logements mobiles est assurée par une usine ultramoderne, de haute qualité environnementale, installé en Vendée à La Chaize-le-Vicomte.
Aujourd’hui présent dans plus de 50 pays, le groupe Bénéteau emploie plus de 5.800 salariés sur 30 sites de production et compte 450 concessionnaires. Son chiffre d’affaires en 2014 s’élevait à plus 804 millions d’euros. La construction de voiliers représente près de 44% de l’activité, les navires à moteur près de 30% et les résidences le reste.
Sensible au respect de l’environnement et notamment de la pollution maritime, Bénéteau, à travers sa fondation, promeut les technologies innovantes liées aux thématiques de développement durable.
Si Annette Bénéteau-Roux a quitté la direction de l’entreprise, deux membres de la famille font partie du conseil de surveillance. Un attachement aux valeurs familiales qui a toujours permis à Bénéteau d’aborder l’avenir en toute sérénité.
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