Emmanuel Farhi, la France qui compte

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 02 mars 2015 - 15:52
Mis à jour le 12 mars 2015 - 01:21
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Emmanuel Farhi.
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"Mon but est de trouver des idées et des solutions applicables, par exemple pour sortir de la crise, mais surtout qui durent", explique Emmanuel Farhi.
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C'est l'un des futurs (très) grands de l'économie mondiale. A tout juste 36 ans, Emmanuel Farhi compte déjà de nombreuses récompenses et exerce ses talents à la prestigieuse université américaine d'Harvard, qui lui a fait un pont d'or à plus de 170.000 dollars de salaire annuel pour l'embaucher, il y a quelques années de cela. Une consécration? Pas pour ce jeune homme qui, bien que côtoyant certains des principaux décideurs mondiaux, reste modeste et cherche surtout une solution aux crises cycliques qui frappent régulièrement.

Meilleur "Jeune économiste français 2013", plus jeune représentant hexagonal dans la liste 2014 des 25 économistes qui vont, selon le Fonds monétaire international, être fer de lance de leur discipline à l'avenir: Emmanuel Farhi compte parmi les espoirs mondiaux de son domaine. Le tout à seulement 36 ans… presque un gamin pour la profession.

Un gamin qui a déjà tout d'un grand (et l'on ne parle pas ici de son physique de basketteur). Spécialisé en macroéconomie, en finance et en économie publique, ses domaines de prédilection ont beau être obscurs, ils sont pourtant intimement liés à la vie de tous les jours. Car ce sont les outils utilisés par les hommes politiques pour décider des orientations économiques des Etats et des organisations internationales.

"Mon but est de trouver des idées et des solutions applicables, par exemple pour sortir de la crise, mais surtout qui durent", explique à FranceSoir Emmanuel Farhi. Et cela en toute simplicité. Car l’homme est modeste. Mais n’imaginez pas une star inaccessible: l'économiste est chaleureux, patient et pédagogue. Il prend le temps pour écouter son interlocuteur et répond aux questions avec une clarté propre à ceux qui maîtrisent parfaitement leur sujet.

Très attaché à la France

Son parcours est parsemé de pavés prestigieux. A 27 ans, il est professeur-assistant à la prestigieuse université américaine d'Harvard qui lui offre un pont d'or (170.000 dollars de salaire annuel), quatre ans plus tard, pour le garder et en faire l’un de ses plus jeunes professeurs. Avant, le jeune homme au parcours fulgurant est passé par l’Ecole normale supérieure dont il est sorti, à 22 ans, deuxième de l’agrégation en mathématiques, avant d'enchaîner avec le Corps des Mines en 2001 et enfin le Massachusetts Institute of Technology (MIT), en 2006, comme doctorant en économie. En 2009, à tout juste 30 ans, il décroche le Prix Bernácer du meilleur économiste européen de moins de 40 ans.

Là encore, Emmanuel Farhi ne tire aucune gloire personnelle de ce parcours sans faute. Pas plus que de son poste à Harvard. Il confie simplement trouver les lieux "extraordinaires" car regorgeant "d’étudiants et de chercheurs d’un niveau exceptionnel". Un terreau riche en sommités mondiales –en économie comme dans d’autres domaines– source d’une émulation à sa hauteur, en somme.

Pourtant, ce chercheur d’origine égyptienne reste très attaché à la France. "Tous les matins, je lis les journaux français, c’est mon pays et je me sens concerné par son avenir", sourit-il. Un lien qu’il fait tout pour entretenir, par exemple en revenant à l’Ecole d’économie de Toulouse ("mon camp de base en France", dit-il) au moins un mois par an pour donner quelques cours et échanger avec ses collègues hexagonaux.

Autre exemple: Emmanuel Farhi a fait partie de 2010 à 2012 du Conseil d’analyse économique (CAE). Cette instance, créée en 2001 par Lionel Jospin, est directement rattachée au Premier ministre et a pour mission de le conseiller en économie. "L’équipe du Premier ministre (à cette époque François Fillon, NDLR) m’a contacté pour intégrer le CAE, qu’il souhaitait rajeunir et internationaliser un peu plus", se rappelle-t-il. L’économiste y participe à la rédaction de deux rapports, dont l’un en 2011 sur la réforme fiscale monétaire internationale, un thème que la France, alors à la présidence tournante du G20, cherche à promouvoir.

"La postérité n’est pas un objectif personnel"

Outre son parcours, et ses publications remarquées, l’homme avoue fréquenter régulièrement les instances dirigeantes des grandes banques centrales où ses analyses, notamment sur les mécanismes à mettre en place pour sortir de la crise, sont écoutées avec attention.

Citant Keynes (1883-1946, économiste fondateur de la macroéconomie moderne attribuant à l’Etat un rôle important notamment dans les politiques de relance et de régulation), Emmanuel Farhi semble en mesure de devenir l’un des porte-drapeaux de sa discipline, si ce n’est déjà le cas. Alors, quand on lui demande s’il ambitionne de passer à la postérité et d’inspirer les générations futures comme son modèle, sa réponse fuse. "Pas du tout! La postérité n’est pas un objectif personnel".

Sa motivation? Là, il est plus prolixe: "l’émulation intellectuelle, rencontrer des gens aux quatre coins du monde et faire ce qui me passionne au quotidien. D’autant que j’ai l’impression de faire quelque chose d’utile", assure l'économiste. "Mais sur la pérennité de mes idées, il est très difficile de savoir aujourd’hui ce qui marchera demain", tempère-t-il dans la foulée. Modeste, on vous dit.

 

 

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