La chasse aux sorcières du monde médical s’étend aux journalistes avec le licenciement de Jean-Bernard Gervais de Whats’upDoc
La chasse aux sorcières ne touche pas que le monde médical (procédures contre le Pr Raoult, Pr Perronne en autres) ou l’enseignement (Pr Vincent Pavan), il touche aussi le monde de la presse.
Jean-Bernard Gervais rédacteur en chef adjoint du média What’s up Doc (société Planet Med) vient d’être licencié par son employeur, à savoir les deux médecins Matthieu Durand et Alice Deschenau fondateurs du site, associés au directeur de l’agence Luciole Marc Schreiber.
En d’autres temps les motifs seraient peut-être passés inaperçus, mais les échanges sur les réseaux sociaux se sont polarisés, enflammés. Ce jour nous apprenions que le Pr Perronne était démis de sa chefferie de service au motif qu’il aurait tenu des propos inappropriés.
Jean-Bernard Gervais reçoit des reproches du même ordre de sa direction : un irrespect de la ligne éditoriale et du devoir de réserve en particulier sur les réseaux sociaux à l’endroit des médecins. Normal puisque What’s up doc publie sur l’actualité médicale.
L’historique
Le 13 novembre, M. Gervais poste un article, sur l'éviction du Dr Damien Barraud du réseau social Twitter. Un fait qui a été rapporté par de nombreux twittos qui se plaignaient de la violence verbale du Dr Barraud. Plusieurs plaintes ont d’ailleurs été déposées contre le Dr Barraud.
Sur twitter, le principe est celui de messages courts que les utilisateurs retweetent en fonction de leur affinité ou rajoutent des commentaires à l’histoire. Quoi de plus normal pour un rédacteur en chef, que de twitter son article sur le Dr Barraud. Ce qui se passe ensuite est ce que l’on appelle un « shitstorm », en l’occurrence une série de retweets et de messages des supporters du Dr Barraud qui agressent verbalement M. Gervais.
Le réanimateur Damien Barraud, alias @Fluidloading, viré de Twitter https://t.co/qSOsRi5UE6
— What's up Doc (@WhatsUpDoc_mag) November 13, 2020
Comme d’habitude M. Gervais retweete ses articles avec son compte privé.
Sous prétexte d'avoir sauvé des vies en tant que réa pendant la 1ère vague #COVID19fr , Damien Barraud avait insulté la moitié de Twitter. @TwitterFrance a décidé de le suspendre. https://t.co/2kich89wYU
— Jean-Bernard Gervais (@jbgerv) November 14, 2020
Quelques heures après, entre 16 et 17 heures, il reçoit un appel de sa rédactrice en chef Alice Deschenau qui lui fait quelques critiques sur l'article : elle lui reprochait de ne pas avoir cité d'exemples.
Jean-Bernard Gervais continue alors à reposter les captures d'écran d'insultes de Damien Barraud et passait un appel à témoins :
Vous avez été victime des agissements de @fluidloading ou d'autres médecins de sa compagnie ? N'hésitez pas à venir me le dire en MP, captures d'écran à l'appui !! #fluidloading #harcelement @ordre_medecins
— Jean-Bernard Gervais (@jbgerv) November 15, 2020
Il reçoit alors une seconde volée de messages et d’insultes des soutiens du Dr Barraud, dont le Dr Mathias Wargon, dont l’épouse n’est autre qu’Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, de l'Égalité des territoires. Ce dernier accusait entre autres M. Gervais d'instrumentaliser le journal à des fins politiques :
Sous prétexte de ne pas avoir renversé le gouvernement en faveur de la révolution prolétarienne grâce a son journal, JB avait écrit un article minable pour soutenir des harceleurs de médecins.
— Mathias Wargon (@wargonm) November 14, 2020
Ceux-ci ont décidé de foutre le canard a la poubelle quand il arrivera dans le service. https://t.co/DcTx0vzn0h
A ce jeu de ping-pong, M. Gervais répondait à M. Wargon, qu’il comptait, excédé par ces sous-entendus, porter plainte contre lui :
Injure publique où ca? J’aime pas trop ce ton et ces menaces.
— Mathias Wargon (@wargonm) November 15, 2020
T’as décidé de regler tes comptes et de faire de @WhatsUpDoc_mag un instrument politique (et on comprend mieux désormais avec ton bouquin sur la @lacgtcommunique ) il faut assumer. Mais les menaces ça va un peu loin.
Un supporter de M. Barraud et Wargon, le Dr Nathan Peiffer-Smadja (c’est ce même docteur très présent sur les réseaux sociaux qui se permet d’insulter à tire-larigot le Pr Raoult et le Pr Perronne), le 15 novembre en profitait pour taxer Jean-Bernard Gervais de racisme et de sexisme :
What s up doc et M. Gervais c’est le CNEWS médical.
— Nathan Peiffer-Smadja (@nathanpsmad) November 15, 2020
Une presse de caniveau, des clichés racistes partout (vous vs souvenez quand un article sur l’argent avait pour image une caricature de juif) et je ne vous parle pas du sexisme !
Quand je le vois à l’hôpital j’ai la nausée.
Suite à cet événement, M. Gervais décidait de porter plainte et en informait sa direction le 16 novembre. Loin de recevoir le support de son employeur, quelques jours plus tard, le 19 novembre il recevait un recommandé de mise à pied à titre conservatoire, et était convoqué pour un entretien préalable à licenciement le 27 novembre. Cet échange violent sur twitter se concluait par le licenciement de M Gervais pour faute grave le 3 décembre.
Ce dernier a décidé de ne pas en rester là et a déposé plainte pour diffamation contre Mathias Wargon, Mohamed Ayari et Nathan Peiffer pour diffamation. Il va aussi déposer plainte contre Whats up Doc pour harcèlement et licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Un règlement de compte où M. Gervais est la victime ?
D’après nos sources, l’ex-employeur de Jean-Bernard Gervais a subi des pressions, en particulier de l'ancien journaliste Jean-Daniel Flaysakier, très proche de Martin Hirsch, Mathias Wargon et Damien Barraud. Ces trois-là ont aussi menacé de contacter les annonceurs de Whats'up Doc pour dénoncer l'article contre Damien Barraud. Ils ont lancé des appels massifs au désabonnement.
Liens d’intérêts et petits arrangements entre membre du même ordre
Alors qu'elle a tout juste 40 ans, Alice Deschenau a déjà accumulé quelque 40 000 euros de rémunération des labos, dont 31 000 euros de Gilead. Est-ce un hasard si elle a publié une interview de 4 pages de Karine Lacombe en pleine bataille pour la reconnaissance du Remdesevir ? Matthieu Durand, le deuxième fondateur de What’s up Doc, est lui aussi abonné aux collaborations avec l’industrie pharmaceutique, car il a également empoché quelque 40 000 euros pour des collaborations diverses.
Des liens d’intérêt qui ne peuvent que poser question entre médecins et laboratoires. Ce coup-ci, ce n’est plus un médecin, mais bien un journaliste qui subit les conséquences de la "pensée unique" et des arrangements entre-soi. La liberté d'expression prend un sérieux coup.
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