La Clouterie Rivierre, toujours à la pointe

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 09 mars 2015 - 12:52
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Luc Kemp.
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©Camille Sanchez/Clouterie Rivierre
Les 325 machines-outils de la clouterie Rivierre sont plus que centenaires.
©Camille Sanchez/Clouterie Rivierre
Labellisée "Entreprise du patrimoine vivant", la Clouterie Rivierre est la dernière à produire des clous en France. Travaillant avec des machines centenaires et uniques, la société installée dans l’Oise depuis plus de 100 ans est l’une des rares au monde à pouvoir encore fabriquer des produits sur mesure. Une spécificité qui lui vaut d’exporter aux quatre coins du globe.

En bordure de voie ferrée, dans une ancienne zone industrielle de Creil (Oise), les ateliers de la Clouterie Rivierre ne paient pas de mine. Ils abritent pourtant la dernière fabrique de clous de France, dont l’usine est plantée au même endroit depuis sa fondation en 1888.

Des clous. A priori rien de bien folichon… à ceci près que ceux produits par la société creilloise sont spécifiques. Ainsi, n’imaginez pas trouver dans les grandes surfaces de bricolage les carvelles, crampillons et autres bossettes qu’elle fabrique. Avec son catalogue de plus de 2.800 pièces et, surtout, des machines uniques en leur genre, la société est l’une des dernières au monde à pouvoir produire du sur-mesure.

Car les 18 salariés de la Clouterie Rivierre, bien que fabriquant des "centaines de millions de clous par an", assure à FranceSoir son PDG Luc Kemp, travaillent avec des machines centenaires. Un ensemble de 325 engins qui ont étés imaginés, conçus et brevetés par Théodore Rivierre, fondateur de l’entreprise du même nom, et Oscar Watteuw, au XIXe siècle.

Là où les entreprises russes ou chinoises, leaders du marché, fabriquent à partir de tôle découpée, les machines de Rivierre produisent en étirant, à froid, des fils de métal jusqu’à obtention du diamètre voulu pour les clous. Le tout sans chutes, et donc sans perte de matières premières. Ne reste plus qu’à découper et à forger les pièces selon le modèle voulu: avec ou sans tête, doté d’une pointe plus ou moins longue ou effilée...

"C’est ce qui fait notre force: pouvoir fabriquer même en petite série des produits très différenciés car notre appareil de production est très flexible", explique ainsi Luc Kemp. Ces machines permettent ainsi d'allier la réactivité à la spécification, par exemple pour répondre aux demandes très particulières des tapissiers ou restaurateurs de bâtiments anciens, qui ont besoin de modèles tellement anciens qu’il n’existe plus de pièces de rechange.

Clou voyageur

L’entretien et la maintenance sont des postes particulièrement sensibles et importants pour la Clouterie Rivierre, qui y consacre entre 120.000 et 180.000 euros par an. Pour pouvoir être en mesure de fabriquer sur place les pièces de rechange nécessaires aux machines centenaires, Luc Kemp a dû embaucher des tourneurs, fraiseurs et autres mécaniciens spécialisés.

Autre particularité: la société sort plusieurs dizaines de clous inédits chaque année. Pourtant, aucun budget n’est consacré à la recherche et développement. "Nous ne fabriquons de nouveaux modèles qu’à la commande", assure son dirigeant, qui explique en recevoir du monde entier: Espagne, Angleterre, Allemagne, Etats-Unis, Israël ou encore Afrique du Sud. Ainsi, près de la moitié de la production de la société est vendue à l’export.

Et ça marche. Si Luc Kemp garde secret le chiffre d’affaires de sa société, il confie sans difficulté qu’elle affiche une croissance de 8 à 10% par an depuis qu’il l’a reprise, en 2006. Qui a dit que le clou ne valait pas tripette?

 

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