La Cour des comptes dénonce les prévisions trop optimistes du gouvernement
Un gouvernement un peu trop optimiste et encore trop d'argent public gâché. Le dernier rapport public annuel de la Cour des comptes a été dévoilé mardi 10. Un texte qui risque de ne pas faire que des heureux, notamment dans les rangs du gouvernement.
Dans le rôle du gendarme de l'argent public, la Cour des comptes a en effet quelques reproches à faire à l'Etat. Alors que depuis quelques mois, les prévisions de croissance pour 2015 s'amélioraient et que la baisse de l'euro et du prix du pétrole semble augurer de meilleurs lendemains, le rapport vient tempérer cette bonne humeur.
La baisse du déficit public de 4,4% du PIB en 2014 à 4,1% en 2015 est qualifiée d'"objectif dont la réalisation est incertaine". Cette incertitude est due à des prévisions gouvernementales trop optimistes selon les magistrats de l'institution. Le taux de croissance et les recettes espérés par l'Etat en 2015, de même que son objectif de réduction des dépenses seront "difficiles à atteindre" selon la Cour des comptes. Notamment en raison d'un taux d'inflation prévu à 0,9% et jugé trop fort.
Sur les 21 milliards d'euros d'économies de dépenses publiques prévues, la cour parle même d'"approximations" et d'"imprécisions". Rien que le taux d'inflation devrait réduire ces économies de deux milliards d'euros.
L'institution rappelle également au gouvernement que si ses projets ne sont pas réalisés en 2015, cela se répercutera sur les années suivantes. Autrement dit, la promesse de retour du déficit public sous la barre des 3% du PIB en 2017 ne serait pas tenue.
Pour faire des économies, le rapport lance quelques pistes. Par exemple, dans les transports, il défend une hausse des tarifs, un renforcement de la lutte contre la fraude et une hausse de la productivité des agents. Certaines lignes de trains intercités, les moins fréquentées, pourraient également être remplacées par des bus. Voilà au moins qui fera plaisir à Emmanuel Macron qui défend le développement des liaisons routières dans sa loi pour la croissance.
Le rapport pointe également du doigt plusieursd'importants dépassement de budget pour la construction du campus universitaire de Jussieu à Paris (2,05 milliards d'euros) ou le Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) de Marseille (160 millions d'euros). De même, le logiciel de paye unique des agents de l'Etat a nécessité 346 millions d'euros d'investissements mais reste "un échec coûteux". Autre exemple, les aéroports de Dijon (Côte-d'Or) et de La Dole, distants d'une cinquantaine de kilomètres, auraient engloutis plus de 30 millions d'euros d'aides publiques entre 2010 et 2013. Or leur viabilité "n'est pas démontrée" selon la Cour des comptes.
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