Lacoste célèbre son histoire
La Fashion Week new-yorkaise s'ouvre depuis une quinzaine d'année sur le défilé Lacoste qui lance le marathon des collections de grands couturiers entre New York, Londres, Milan et enfin Paris. Cette année, le 16 février, la marque au crocodile a fait sensation dans la Grosse Pomme en proposant un défilé très "sportswear" mais chic, comme l'explique son couturier Felipe Oliveira Baptista: "je voulais aussi donner un côté très fun à la collection, donc il y a un mélange des genres, avec les joggings portés avec des manteaux en cachemire".
Rien d’anodin dans cet hommage au monde du sport de la part de Lacoste. Les polos Lacoste ont en effet été conçus en marge d'un match de tennis. René Lacoste, joueur de tennis talentueux (détenteur de 10 titres du Grand Chelem dont 7 en simple), fonde en 1933 avec André Gillier une entreprise de prêt-à-porter haut de gamme. La fabrication de leurs polos, masculins et féminins, s’implante à Troyes dans l’Aube et est toujours localisée à cet endroit aujourd’hui, jusqu’à l’assemblage final.
Pour la petite histoire, Lacoste avait reçu quelques années plus tôt -en 1923- le surnom de "Crocodile" à la suite d'un pari avec le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis Allan H. Muhr qui lui avait promis une valise en crocodile s’il remportait un match décisif. Sa ténacité sur le terrain achèvera d’ancrer ce surnom dans l’histoire. L'illustrateur Robert George dessina alors pour le champion en 1927 un crocodile que celui-ci fit broder sur ses chemises en coton composées d’une maille aérée.
Lorsque René Lacoste décida de mettre un terme à sa carrière -à 25 ans!-, il réfléchit à concevoir et commercialiser des vêtements plus confortables pour les joueurs, jusqu’alors vêtus de chemises classiques amidonnées à manches longues. Il eut alors l’idée de mettre au point une chemise à manches courtes, en petit piqué de coton.
Robes et mini-jupes
De son association avec André Gillier accoucheront en 1933 les polos Lacoste. C'est la toute première fois qu'un logo est clairement visible sur un vêtement. Jusqu’au début des années 50, les polos de la marque ne s’afficheront qu’en blanc, couleur fétiche du tennis. Aujourd'hui le crocodile se décline sur près de 55 coloris.
La famille Lacoste est une famille de sportifs. La femme de René Lacoste, Simone Lacoste, était championne de golf et leur fille Catherine championne de golf et de tennis.
En plus du polo, René Lacoste sera à l'origine en 1963 de la toute première raquette de tennis en métal. Beaucoup plus souple et performante, elle remplacera rapidement la raquette en bois. En 1968, un parfum est conçu avec la collaboration du parfumeur Jean Patou. "Lacoste" est l'un des premiers parfums pour homme à être commercialisé. Dans les années 70, Lacoste met aussi au point une gamme de robes et mini-jupes.
René Lacoste décède en 1996. Son fils Bernard Lacoste reste président directeur général et décide en 2001 de donner une allure plus mode et couture au prêt-à-porter de la marque. Il recrute alors comme directeur artistique Christophe Lemaire, qui a travaillé pour Yves Saint Laurent et Christian Lacroix notamment. Le départ du créateur en septembre 2010 pour la maison Hermès propulse ensuite Felipe Oliveira Baptista, designer sorti de l’Université londonienne de Kingston, au rang de directeur artistique. "Il n'y a pas beaucoup de marques qui ont un produit iconique qui appartient à la garde-robe universelle. Le fait de le réinventer est un terrain de jeu très intéressant", confie Felipe Oliveira Baptista.
1.200 boutiques à travers le monde
Des conflits familiaux ont poussé en 2012 Sophie Lacoste Dournel, petite-fille de René Lacoste, à céder au groupe suisse Maus, déjà actionnaire de Lacoste à hauteur de 35%, 28% supplémentaires. Le groupe Maus, propriétaire des marques de prêt-à-porter Aigle et Gant, avait déjà fait part de sa volonté de racheter la participation familiale lors d'un premier conflit entre le fils de René Lacoste, Michel, et son fils Philippe. 2012 a également marqué un autre tournant pour la marque: la publicité met les femmes à l’honneur.
Depuis l’ouverture de la première boutique parisienne en 1981 avenue Victor Hugo à Paris, l’entreprise a multiplié ses points de vente pour atteindre 1.200 -dont 87 boutiques en France-, situés au quatre coins du monde.
Lacoste n’entend pas se reposer sur ses lauriers (l’entreprise a enregistré en 2011 un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros -un record- selon le journal Challenges). "J’aime l’idée de questionner l’identité de la marque", soulignait Peter Saville dans une interview donnée au Parisien. "Quand on fait de l’art, on pose des questions alors qu’avec le design on donne des réponses. La réponse ici est que le logo Lacoste est tellement identitaire pour la marque qu’il est présent même quand il n’est plus reconnaissable. Conclusion: le logo Lacoste est immortel".
En 2014, Sophie et Philippe Lacoste rachètent la marque Fusalp, l'une des dernières marque de vêtements de ski françauise, avec pour objectif de "reconstruire une collection en accentuant (leurs) efforts sur la gamme de prix entre 500 et 1.000 euros, quasiment absente de l’offre Fusalp aujourd’hui" tout en créant une collection qui s’aventure vers "l’après-ski".
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