Le pape, le vaccin et les lois du marché
Dans son allocution traditionnelle de Noël, urbi et orbi, c’est-à-dire à la Ville (de Rome, capitale de la chrétienté) et au Monde, ce 25 novembre 2020, le pape a, comme on pouvait s’y attendre, évoqué la découverte du vaccin contre le coronavirus. Il l’a même qualifiée à juste titre de «lumière d'Espérance» en ces «temps d'obscurité et d'incertitudes de la Pandémie» . Bravo !
Malheureusement, le Successeur de Saint Pierre s’est cru obligé de réclamer que l’on ne mette pas « les lois du marché et des brevets d’invention au-dessus des lois de l’amour et de la santé de l'humanité.»
Il ne faut pas, a insisté le Souverain Pontife, que «le virus de l'individualisme radical» nous rendent «indifférents» à la souffrance des autres.
Il est bien gentil, le Saint Père, mais sans lois du marché et brevets d’invention, pas de vaccin, et donc ni lumière ni espérance. Car s’il n’y a pas recherche du profit et de brevets, qui va investir des milliards, qui va mobiliser des centaines de chercheurs de plus haut niveau, qui va bâtir et assurer des laboratoires ultra sophistiqués ? Et qui va se soucier efficacement de la souffrance d’autrui, c’est-à-dire autrement que par des paroles de consolation, des lamentations, des prières, des pénitences, des messes, des prêchi-prêcha ? Ou bien le Pape veut-il que nous confiions notre sort aux vaccins chinois ou russes, moins contaminés, dit-on, par le virus individualiste ?
Force est de le constater, une fois encore ces affreux capitalistes américains, malgré quatre années de délire trumpien, sont en train de nous sortir de cette nasse calamiteuse. Une fois encore, le capitalisme, dans sa forme la plus éloignée de l’étatisme, a montré en un temps record une efficience quasi miraculeuse.
Ce n’est du reste pas seulement une question d’efficacité. Mais aussi de morale.
On peut certes admettre que le Vicaire du Christ[1] mette les considérations morales au-dessus des problèmes économiques, et même au-dessus des questions de santé. Et c’est en effet le défaut de la plupart des défenseurs des « méchantes » lois du marché de n’insister que sur leur efficience – peu discutable. De fait, ces mêmes défenseurs négligent l’aspect moral des lois du marché, à savoir que leur fondement est la liberté pour tout un chacun de contracter avec qui il veut, sur le marché des biens et services comme sur le marché du travail ou du capital, dans le respect du droit. Libre, cet « individu radical », pour reprendre les termes du pape, est donc le seul responsable de ses actes.
Toute intervention de l’Etat est immorale dans la mesure où elle empiète sur cette liberté et cette responsabilité. Mais ce serait trop demander à un Souverain, fût-il pontife, de le reconnaitre !
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