La levée de blocages se poursuit, mais certains agriculteurs veulent poursuivre le mouvement

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Par Tangi QUEMENER - AFP
Publié le 02 février 2024 - 11:35
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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F. Froger / Z9, pour FranceSoir
F. Froger / Z9, pour FranceSoir

Une décrue, mais pas encore l'épilogue : la levée des barrages se poursuit vendredi à l'appel de la FNSEA et des JA, majoritaires, après une série de concessions gouvernementales, mais certains veulent poursuivre le mouvement.

Un peu partout, les signes de détente se multiplient. Dans les Yvelines, sur la N12, le nombre de véhicules impliqués dans le blocage a ainsi fortement diminué depuis jeudi soir, passant d'une vingtaine à sept tracteurs vendredi matin, ont précisé à l'AFP les forces de l'ordre.

Les barrages de l'A4 et l'A5 en Seine-et-Marne ont été levés. Pour le Val-d'Oise, la fin du barrage de l'A15 ne devrait être effective qu'à la mi-journée, selon des sources policières.

"Quelques rares points localisés" veulent "se maintenir jusqu'à samedi" et "des groupes isolés" veulent "tenir jusqu'au salon de l'agriculture (24 février-3 mars)", a résumé à l'AFP une source policière.

Parmi les signes d'accalmie en région : la fin du blocage du pont de Cheviré franchissant l'embouchure de la Loire ou encore le départ des agriculteurs des barrages qui coupaient l'A6 au niveau du péage de Villefranche-sur-Saône au nord de Lyon ou l'A81 entre Le Mans et la Bretagne.

"Le moment de la crise le plus visible (...) est plutôt derrière nous", a assuré vendredi matin le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sur Europe 1-CNews. "Mais les sujets que nous avons à traiter et qui ont émergé dans cette crise sont encore devant nous", a-t-il poursuivi.

"Point de tension"

Autour de Lyon, "tous les points" seront levés vendredi à "14H00", a affirmé à l'AFP Michel Joux, patron de la FRSEA.

En Occitanie, un temps épicentre du mouvement de la colère, mais en perte de vitesse depuis la venue du Premier ministre Gabriel Attal il y a une semaine, le nouveau train d'annonces a conduit à la levée — immédiate ou prochaine — de plusieurs barrages, notamment dans l'Aveyron et le Gers.

"Ce fut une mobilisation historique, dure, forte... On s'est donné les moyens de retourner à la table des négociations", a estimé Laurent Saint-Affre, délégué de la FDSEA de l'Aveyron.

"Il reste encore le point de tension, l'ombre au tableau, celle de Lactalis qui n'en fait qu'à sa tête sur le prix du lait. On pourrait donc ressortir les tracteurs dans quelques jours pour aller y faire un petit tour", a-t-il toutefois prévenu.

Certains agriculteurs ont encore besoin de discuter, mais "on sent une volonté de mettre en pause", a jugé pour sa part le président des Jeunes agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot sur RTL, évoquant une "fatigue" après 10 jours de mobilisation.

La FNSEA veut voir la concrétisation des premières mesures d'ici au Salon de l'Agriculture et une loi d'ici au mois de juin, a indiqué son président, Arnaud Rousseau, sur RMC-BFMTV vendredi. "Si, finalement on n'était pas considéré, ou si tout ça n'était qu'un feu de paille, on remettra le couvert".

"En pause"

Jeudi, M. Attal, pour sa troisième salve d'annonces en une semaine, a égrené des mesures qui selon lui répondent "à une grande partie des attentes" des agriculteurs.

Elles comprennent un renforcement des lois Egalim qui visent à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroce entre supermarchés d'une part, et distributeurs et fournisseurs de l'agro-industrie d'autre part.

Selon Bercy, les mesures d'urgence pour les agriculteurs représentent quelque 400 millions d'euros au total. Le Premier ministre a évoqué jeudi 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs bovins.

Sur les phytosanitaires, le gouvernement a aussi lâché du lest, promettant notamment que le plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides, serait mis "en pause", un "recul majeur" selon des ONG environnementales.

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a pour sa part prévu de se rendre vendredi dans le Gard et l'Hérault "pour présenter les mesures concrètes" de soutien aux viticulteurs, ont annoncé ses services.

Gages de Bruxelles

"Pour nous, le mouvement a assez duré, les objectifs ont été atteints (...) tout le monde a connaissance des dossiers qu'on porte", avait expliqué vendredi à l'AFP le secrétaire général de la Coordination rurale, Christian Convers.

De son côté, la Confédération paysanne a appelé à "poursuivre la mobilisation" car "la question fondamentale du revenu" n'est "toujours pas prise à bras-le-corps par le gouvernement".

Au-delà de la France, c'est toute l'agriculture européenne qui est touchée par un mouvement de colère.

À l'issue d'une journée qui a vu quelque 1.200 tracteurs converger à Bruxelles, la Commission a promis jeudi des mesures pour défendre les "intérêts légitimes" des agriculteurs européens, "en garantissant des conditions de concurrence équitables" ou en réduisant le "fardeau administratif" de la décriée politique agricole commune (PAC).

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