Alsace : un chef d'entreprise s'immole par le feu sur son lieu de travail
Au lendemain d'un rendez-vous avec son banquier, un chef d'entreprise alsacienne du BTP s'est suicidé ce vendredi 4 mars en s'immolant par le feu, dans la cour de sa société, à Vieux-Ferrette (Haut-Rhin). Hubert Dietlin, 58 ans, a mis fin à ses jours peu avant 6h30 après avoir ouvert les bureaux de cette PME de travaux publics, spécialisée dans l'assainissement et l'entretien des réseaux d'eau potable.
Le drame, enregistré par une caméra de surveillance, ne laisse aucune place au doute, a indiqué à l'AFP le procureur de Mulhouse, Dominique Alzeari: "Un acte de désespoir", sans intervention extérieure. La journée avait pourtant commencé "comme d'habitude", s'étonne, encore sous le choc, le responsable administratif et financier de l'entreprise, Denis Rouyer, joint au téléphone par l'AFP: Hubert Dietlin avait ouvert les bureaux et enlevé sa veste, comme tous les jours.
La veille au soir encore, "on avait parlé des futurs chantiers, d'un appel d'offres... Je ne crois pas qu'il pensait à ça à ce moment-là", souligne Denis Rouyer, tout en reconnaissant que son patron "déprimait un peu: il était dans le doute". "Il ne respirait pas la joie, mais je ne pensais pas que c'était à ce point-là", renchérit sous couvert d'anonymat une habitante de Vieux-Ferrette.
Hubert Dietlin n'a laissé aucune lettre, aucun message, si ce n'est celui d'être passé à l'acte dans la cour de la société, remarque le responsable administratif et financier. C'est son neveu, qui habite au-dessus de l'entreprise, alerté par les flammes, qui est intervenu en premier pour tenter de le sauver, muni d'une couverture. Mais il était trop tard. Les pompiers, à leur tour, ont tenté de réanimer le quinquagénaire: en vain.
Selon le procureur, l'homme "connaissait visiblement de grosses difficultés dans la gestion de l'entreprise". Sa société était en proie à des difficultés financières et il n'a probablement "pas dû assumer tout ça", a estimé Dominique Alzeari. En 2014, l'entreprise avait affiché un résultat de près de 300.000 euros dans le rouge, mais elle avait remonté la pente et était parvenue à l'équilibre en 2015, relate Denis Rouyer. Au prix cependant de quelques coupes dans les effectifs: l'entreprise comptait près d'une quarantaine de personnes il y a quelques années encore, contre 28 salariés aujourd'hui.
L'entreprise, créée en 1964 mais dont les origines remontent à 1852, est spécialisée dans l'assainissement, le terrassement et l'eau potable, notamment l'entretien, 24 heures sur 24, des réseaux d'eau du sud de l'Alsace, dans un rayon d'une cinquantaine de km le long des frontières suisse et allemande. Mais la conjoncture est plutôt mauvaise, et la société en manque de commandes. "Nous avons une visibilité d'un à deux mois. Il nous faudrait un chantier conséquent, alors que nous avons très peu de travail", reconnaît Denis Rouyer.
Hubert Dietlin avait eu, la veille de son suicide, un rendez-vous avec son banquier pour solliciter des prêts, selon le procureur. "Le banquier n'avait pas dit +non+", précise Denis Rouyer, qui, vendredi matin, a renvoyé chez eux les autres salariés de l'entreprise, leur donnant rendez-vous lundi. La société, détenue à 50% par le frère d'Hubert Dietlin, va devoir faire le point sur son avenir. Denis Rouyer assure l'intérim. "On va essayer de se serrer les coudes" et de "faire le maximum", promet-il.
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