Bonbonnes de gaz à Paris : une première suspecte écrouée
Une première suspecte a été mise en examen et écrouée samedi 11 au soir dans la double enquête sur un attentat avorté à la voiture piégée à Paris et sur une autre attaque "imminente" de la part d'un commando de femmes djihadistes. Alors que la riposte face à la menace terroriste inédite est déjà au coeur de la campagne présidentielle, le gouvernement s'est félicité d'avoir pu éviter un nouveau drame après la série d'attentats qui ont endeuillé la France depuis 2015.
Ornella G., 29 ans, dont les empreintes ont été retrouvées dans une Peugeot 607 remplie de bonbonnes de gaz abandonnée en plein Paris le weekend dernier, a été mise en examen par des juges d'instruction antiterroristes pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste criminelle" et "tentative d'assassinats en bande organisée", a annoncé le parquet de Paris. Fichée pour des velléités de départ en Syrie, la jeune femme avait été arrêtée mardi 6 dans le Sud avec son compagnon qui a été relâché. L'attentat à la voiture piégée a avorté pour des raisons qui restent à confirmer. Selon le récit d'Ornella G. rapporté à l'AFP par une source proche de l'enquête, "après une tentative infructueuse" pour mettre le feu au véhicule, la suspecte et une autre jeune femme "ont fui à la vue d'un homme" pris "pour un policier en civil". Une "cigarette à peine consumée" et une couverture avec "des traces d'hydrocarbures" ont été trouvées dans le coffre près des bonbonnes, avait expliqué vendredi 9 le procureur de Paris François Molins: si l'incendie "avait pris", il aurait entraîné la "destruction" du véhicule.
Avec Ornella G. se trouvait la fille du propriétaire de la Peugeot, Inès Madani, 19 ans, également fichée "S" et qui a prêté allégeance au groupe djihadiste Etat islamique (EI). Les enquêteurs cherchent à savoir si une troisième femme était présente: Sarah H., 23 ans. Inès Madani et Sarah H. ont été arrêtées jeudi 8 à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) avec une autre femme, Amel S., 39 ans: un "commando" qui entendait "clairement (...) commettre un attentat", a estimé François Molins. L'attaque, probablement par des moyens "assez artisanaux", était "imminente", prévue pour jeudi, insistent les autorités.
Ces trois femmes avaient évoqué des gares de l'Essonne et de Paris ainsi que des policiers comme cibles potentielles, selon des sources proches de l'enquête. Elles envisageaient aussi de se procurer des ceintures explosives ou de lancer des voitures contre des bâtiments, précise une de ces sources. Les gardes à vue du trio et celles de Mohamed Lamine A., 22 ans, compagnon de Sarah H., et de la fille d'Amel S., 15 ans, interpellés dans la foulée, étaient toujours en cours. C'est notamment par Sarah H., refoulée de Turquie en 2015 alors qu'elle tentait d'aller en Syrie, que se fait, selon l'enquête, le lien avec d'autres djihadistes français. La jeune femme, qui vit dans le Var, était "l'ancienne promise" de Larossi Abballa, qui a tué un policier et sa compagne le 13 juin à Magnanville (Yvelines), puis d'Adel Kermiche, l'un des deux auteurs de l'attaque du 26 juillet dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). Le frère de son compagnon actuel est incarcéré pour ses liens avec Abballa. "On ne voyait que son visage et ses mains, mais c'était récent. Avant elle n'était pas voilée", a raconté une commerçante voisine du salon de coiffure tenu par la mère de Sarah à Cogolin. Cette dernière avait "crié au secours" l'année dernière à propos de la radicalisation de sa fille, a expliqué à l'AFP Marc Etienne Lansade, le maire FN de cette ville du Var.
Les enquêteurs estiment que le commando a été "téléguidé" depuis la Syrie et s'interrogent notamment sur le rôle du djihadiste français Rachid Kassim. Originaire de Roanne, ce dernier joue depuis la zone irako-syrienne un rôle actif de propagande pour l'EI, appelant à frapper la France.
"Des éléments ont étayé qu'il avait été en contact via Telegram avec l'une des protagonistes", relève une source proche de l'enquête. Les appels au meurtre de Kassim ont pu inspirer les cibles évoquées par le commando de femmes, précise une autre. Des liens ont été établis entre Kassim et au moins un des tueurs d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray. Il a par ailleurs félicité l'auteur de l'attentat qui a fait 86 morts le 14 juillet à Nice, dans une vidéo mettant en scène l'exécution de prisonniers syriens.
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