De la Tchétchénie à l'attaque de Paris, les zones d'ombre de Khamzat Azimov

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Par Anne LEC'HVIEN et Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 13 mai 2018 - 21:18
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Photo non datée obtenue le 13 mai 2018 montrant Khamzat Azimov, un Français de 20 ans né en Tchétchénie auteur de l'attaque au couteau à Paris revendiquée par le groupe Etat islamique dans laquelle un
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© Handout / handout/AFP
Photo non datée obtenue le 13 mai 2018 montrant Khamzat Azimov, un Français de 20 ans né en Tchétchénie auteur de l'attaque au couteau à Paris revendiquée par le groupe Etat islami
© Handout / handout/AFP

Visage juvénile sous une barbe noire, il était né en Tchétchénie avant de venir en France avec sa famille: Khamzat Azimov, 20 ans, l'auteur de l'attaque au couteau à Paris, était sur les radars des renseignements mais son parcours de radicalisation reste flou.

Il a entamé sa trajectoire meurtrière vers 20H40, attaquant des passants au hasard dans le quartier de l'Opéra, animé en ce samedi soir. En moins de 20 minutes, il a tué un homme de 29 ans et blessé quatre autres personnes avant d'être abattu par la police. L'attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI).

"Il avait une barbe pas très longue, était habillé normalement. Il ne correspondait pas au stéréotype" du jihadiste, a raconté à l'AFP Romain, un témoin qui l'a entendu dire "+Allah Akbar+ deux fois, tout doucement" au milieu de la panique ambiante.

"Je le voyais avec un couteau dans la main, les mains pleines de sang, il frappait sur les commerces" dans la rue, a relaté Jonathan, serveur dans un restaurant coréen du quartier: "Il avait l'air fou".

Cheveux bruns, l'air jeune sous une barbe broussailleuse, Khamzat Azimov était habillé d'un pantalon de jogging noir au moment des faits.

Né en novembre 1997, il a fui avec sa famille la Tchétchénie, une république musulmane russe du Caucase, théâtre de deux guerres dans les années 1990 et 2000. Réfugié en France, il a grandi à Strasbourg où, dimanche, un ami né comme lui en 1997 a été arrêté et placé en garde à vue.

A Strasbourg, une ancienne camarade de classe rencontrée par l'AFP a évoqué un lycéen "vraiment discret", qui "ne parlait vraiment pas beaucoup", un "élève normal, pas excellent mais pas mauvais non plus".

"Khamzat était assez calme, il était dans son coin, il n’avait pas de problème", s'est rappelé un autre ancien lycéen, qui a précisé que lui et le jeune homme interpellé dimanche étaient dans la même classe de terminale en 2016. Ils étaient de "très bons amis", "tout le temps ensemble", a-t-il dit.

Contrairement à Khamzat Azimov, son ami "avait un comportement particulier. Il était en contact avec la Syrie, il voulait partir. Mais après le bac, il était sorti de tout ça, il voulait faire sa vie", a-t-il raconté.

- Fiché S en 2016 -

Quelques heures après l'attaque, le parcours de radicalisation de Khamzat Azimov restait encore flou. S'il n'avait pas d'antécédent judiciaire, il était en revanche fiché S (pour "sûreté de l'État"), depuis l'été 2016.

Il était aussi inscrit au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste, mais "plutôt" en raison de "ses relations" que de "son propre comportement, ses agissements et prises de position", selon une source proche du dossier.

Le jeune homme avait été "entendu il y a un an par la section antiterroriste de la brigade criminelle car il connaissait un homme lui-même en lien avec quelqu'un parti en Syrie", a indiqué une source proche de l'enquête.

Khamzat Azimov a été naturalisé français en 2010, adolescent, en même temps que sa mère. Il vivait depuis quelque temps à Paris avec sa soeur de 7 ans et ses parents, qui ont été interpellés et placés en garde à vue dimanche matin.

Leur domicile, un hôtel meublé dans l'un des secteurs les plus modestes du XVIIIe arrondissement, a été perquisitionné à l'aube, sans résultat concluant.

L'une des gérantes de l'établissement a décrit une famille "vraiment discrète", qui "n'était pas dans l'ostentation au niveau religion", avec un fils qui "disait qu'il était étudiant".

"Cela fait un peu plus d'un an qu'ils vivaient là", a estimé Reda, 42 ans, client de l'hôtel. "Le papa travaillait des fois, plutôt dans le bâtiment, la peinture. La maman travaillait dans une association de sans-abris".

Pour une voisine, c'était une "famille sans problème" qui "ne recevait jamais personne". Selon elle, le jeune homme n'était "pas un caïd, mais quelqu'un de réservé".

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