Deux militants de L214 jugés pour avoir caché des caméras dans un abattoir

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Par AFP
Publié le 10 juin 2017 - 11:00
Mis à jour le 12 juin 2017 - 08:10
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Sébastien Arsac, ici au tribunal d'Alès le 23 mars 2017, est le cofondateur de L214 qui comparaîtra
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© SYLVAIN THOMAS / AFP/Archives
Sébastien Arsac, ici au tribunal d'Alès le 23 mars 2017, est le cofondateur de L214 qui comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Versailles.
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Deux militants de l'association de défense des animaux L214 sont jugés lundi à Versailles pour s'être introduits en décembre dans l'abattoir de Houdan, en région parisienne, et y avoir placé des caméras filmant notamment l'étourdissement des porcs au CO2, dont des images ont été diffusées jeudi.

Les deux hommes, dont Sébastien Arsac, cofondateur de L214, comparaîtront devant le tribunal correctionnel pour "violation de domicile" et "tentative d'atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l'image".

L'association, qui milite pour l'abandon de tout produit animal dans l'alimentation, avait caché en décembre des caméras dans l'abattoir Guy Harang de Houdan (Yvelines), notamment sur une nacelle descendant les cochons dans le puits où ils sont étourdis au CO2 avant d'être saignés.

Mais son stratagème avait été éventé quand une caméra s'était décrochée, et les gendarmes avaient interpellé les deux militants alors qu'ils venaient récupérer leur matériel, cagoulés, dans la nuit du 12 au 13 décembre. L'abattoir avait porté plainte.

Si ses caméras avaient été saisies, L214 a publié jeudi des vidéos montrant la souffrance des porcs dans ce puits à CO2, expliquant les avoir récupérées dans le dossier pénal - une source proche de l'enquête affirme de son côté que ces images "ne semblent pas issues du dossier judiciaire".

On y voit des cochons suffoquer au cours de leur descente dans le puits, être pris de convulsions, paniquer bruyamment.

L'"étourdissement/mise à mort" à l'aide de gaz fait partie des méthodes répertoriées par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui recommande surtout que le gaz ou mélange de gaz utilisés ne soient pas "désagréables" et que la durée de l'exposition soit "assez longue pour entraîner la mort de l'animal".

Elle préconise également que la concentration en dioxyde de carbone soit "surveillée en permanence à l'aide de signaux sonores et visuels au cas où la concentration du gaz chuterait en dessous du niveau requis".

L214 dénonce de son côté "une méthode d'étourdissement systématiquement longue et douloureuse", et considère que la configuration de la machine utilisée à Houdan "conduit à rallonger la descente dans le puits et donc la durée de l'asphyxie".

"La monstruosité des images révélées permet de démontrer toute la légitimité de l’action menée par L214", estime M. Arsac, cité dans un communiqué de l'association.

Interpellant au passage le ministre de l'Agriculture Jacques Mézard, L214 a lancé une pétition afin d'obtenir l'arrêt de cette méthode en France.

"Notre machine à CO2 est en règle", réplique le directeur de l'abattoir de Houdan, Vincent Harang. "Mais il faut savoir que l'endormissement au CO2 ne sera jamais instantané". Et, argue-t-il, passer à l'étourdissement électrique "coûte 300.000 euros".

Un rassemblement d'agriculteurs est prévu lundi midi devant le tribunal pour le soutenir.

- Enquête pour 'maltraitance' -

En février, L214 avait diffusé des vidéos tournées fin novembre et début décembre, vraisemblablement par une personne travaillant dans l'abattoir, montrant des porcs poussés vers une rampe par un ou des employés les frappant et leur administrant des chocs électriques.

L'association avait porté plainte pour "maltraitance" contre l'abattoir, qui emploie quelque 90 personnes et abat 2.500 porcs par semaine. Une enquête est en cours et l'employé mis en cause a été écarté de ce poste.

L214 a publié depuis 2013 plusieurs vidéos montrant des dysfonctionnements dans des abattoirs français, dans le but affiché de "démontrer l'impact négatif de la consommation de produits animaux".

Ses vidéos, tournées principalement par des personnes ayant accès aux établissements incriminés, ont débouché sur la mise en place d'une commission parlementaire qui a préconisé 65 mesures dont le renforcement de la vidéosurveillance, l'intervention de vétérinaires et la formation des employés.

Selon l'une de leurs avocates, les deux militants poursuivis n'ont "jamais été condamnés".

Samedi à Paris, quelques milliers de personnes ont manifesté à l'appel de l'association L214 pour demander la "fermeture des abattoirs", aux cris notamment de "stoppons le carnage, le sang a assez coulé, justice pour les animaux".

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