Epidémie de rougeole en Nouvelle-Aquitaine : une femme meurt à Poitiers
Une jeune femme est morte à Poitiers, victime de l'épidémie de rougeole qui sévit en Nouvelle-Aquitaine, un drame qui illustre pour les autorités sanitaires les dangers d'un taux de vaccination insuffisant contre cette maladie très contagieuse pour laquelle n'existe aucun traitement.
La rougeole, qui fait partie des 11 vaccins désormais obligatoires pour les enfants nés à partir du 1er janvier, se répand très rapidement dans la région depuis début novembre, surtout dans la Vienne et la Gironde, avec les grosses villes de Poitiers et Bordeaux, notamment son campus universitaire.
L'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine recense à ce jour 269 cas confirmés, dont un quart (66) a nécessité une hospitalisation, et pour quatre des patients une admission en réanimation. C'est plus du double des chiffres annoncés le 24 janvier, quand l'ARS comptait 115 cas ayant entraîné 32 hospitalisations.
D'autres petits foyers existent en France où la Direction générale de la Santé recensait mardi un total de 387 cas et 83 hospitalisations.
Cette épidémie a fait samedi dernier sa première victime, une Poitevine de 32 ans qui n'était pas vaccinée et avait été hospitalisée dix jours plus tôt, ont annoncé mardi l'ARS et le CHU de Poitiers.
L'établissement a accueilli depuis le 19 janvier 22 personnes contaminées par la rougeole, un nombre qui inclut quatre membres du personnel. Le CHU de Poitiers a vérifié le statut vaccinal de tous ses employés et "54 agents ont dû être vaccinés".
La Direction générale de la Santé a appelé mardi tous les professionnels médicaux aux antécédents incertains "à mettre à jour leur vaccination pour éviter la propagation de cette maladie".
- passée 'à côté de la vaccination'-
Le CHU estime que la victime fait partie des cinq personnes qui "ont pu contracter la maladie au contact d’un autre patient au CHU de Poitiers lors de l’apparition des premiers cas". L'hôpital annonce avoir pris des mesures, comme le port du masque dans les zones à risque.
Dans un entretien accordé au quotidien Centre Presse, Yolande Riquelmé affirme que sa fille Jessica, jeune mère de famille, a bien contracté la maladie aux services des urgences, où elle faisait hospitaliser son père fin janvier.
"C'était au moment de l'épidémie de rougeole, il y a avait des gens partout qui attendaient pour ça. Ils n'avaient pas encore mis les masques de protection, il n'y avait pas les messages de prévention, ils l'ont fait après", explique la mère de la victime sur le site internet du journal.
"Je l'ai emmenée aux urgences le 1er février, elle était bleue, elle avait 41°C de fièvre ! Ma fille faisait partie de ces enfants qui étaient passés à côté de la vaccination. A cette époque-là on nous disait que ça n'était pas nécessaire", ajoute-t-elle.
"Grâce à la vaccination, le virus de la rougeole a circulé à très bas bruit pendant des années. Aujourd'hui, à l'heure de cette recrudescence, on se retrouve avec des jeunes adultes dont le système immunitaire n'a jamais été confronté au virus", explique à l'AFP Daniel Lévy-Brühl, responsable de l’unité chargée des infections respiratoires et de la vaccination au sein de l'agence sanitaire Santé publique France.
"C'est le reflet de l'histoire de la vaccination en France: il y a des gens de 20 à 40 ans qui ont grandi sans être vaccinés et se retrouvent aujourd'hui non-immunisés. Il reste un énorme réservoir de sujets non-immunisés, qui peuvent être demain les prochains cas de rougeole, voire de décès", dit-il.
Car cette pathologie est loin d'être bénigne et "peut entraîner des complications respiratoires (pneumopathies) et neurologiques (méningo-encéphalite) pouvant avoir des conséquences très graves", insiste l'ARS.
Avec ce décès, selon Daniel Lévy-Brühl, 21 personnes sont mortes de la rougeole depuis 2008, essentiellement de jeunes adultes. Le dernier décès en date dû à la rougeole, celui d'une adolescente de 16 ans, remontait à fin juin à Marseille.
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