Grogne des éleveurs : des barrages en Bretagne, la mobilisation s'étend
Le mouvement de colère des éleveurs, qui réclament des mesures structurelles pour redresser les cours, se poursuit ce vendredi 29 janvier en Bretagne, où quelques barrages sont maintenus sur de grands axes routiers, et s'élargit à d'autres régions avec des actions dans les Vosges et en Ardèche. Dans l'Ouest, où la mobilisation a été forte mercredi 28 et jeudi 27, plusieurs barrages bloquants étaient encore recensés en fin de matinée par le Centre d'information régionale et de coordination routières (CRICR) sur l'A84 entre Rennes et Caen à hauteur de Saint-Etienne-en-Coglès, la N165 Nantes-Quimper à Arzal (Morbihan), sur la N24 Rennes-Lorient à Locminé mais aussi à Pontivy et à Lannion.
D'autres actions ont été annoncées pour la semaine prochaine par des responsables des fédérations départementales du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA. "Le fonctionnement de la filière est devenu caduc face à la crise des prix. La filière doit se réorganiser avec un meilleur partage de la valeur ajoutée", a reconnu Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense et président PS de la région Bretagne, première région française d'élevage, dans une interview aux Echos jeudi 28.
"Chacun doit prendre ses responsabilités, du producteur, qui souffre le plus, aux fabricants d’aliments, aux abattoirs, transformateurs et aux distributeurs", a-t-il ajouté. Face aux cours très bas qui assèchent leurs trésoreries et menacent pour certains la survie de leurs exploitations, les éleveurs réclament des mesures structurelles, comme l'étiquetage de la provenance de la viande pour les produits transformés et l'arrêt des distorsions de concurrence à l'échelle européenne.
Une quarantaine d'agriculteurs se sont également rendus vendredi matin, avec sept tracteurs, devant l'entrée principale d'une usine de volailles à Luché (Sarthe) visitée par le ministre de l'Agriculture Stéphane le Foll. Mais ce dernier est parti en voiture par une autre porte, provoquant la colère des manifestants. "Tous les matins, faut qu'on se lève et on sait qu'on perd de l'argent tous les matins, rien ne va plus", a souligné à l'AFP un jeune producteur de lait, qui affirme avoir perdu 40.000 euros lors de sa première année d'installation. Prenant le relais de leurs confrères de l'Ouest, des producteurs ont organisé des actions vendredi dans d'autres régions. Une centaine de tracteurs ont ainsi convergé vers Epinal (Vosges) où les producteurs de lait, notamment, réclament "de vraies réformes structurelles".
"Ce qu'on veut, c'est relayer le message, et qu'on paralyse chacun notre tour, tous les jours", précise Yohann Barbe, secrétaire général des Jeunes agriculteurs (JA) des Vosges. "Si on paralyse une seule journée au niveau national, ça ne fera rien. A bout d'un moment, tout le monde en aura ras-le-bol, et peut-être que le gouvernement agira", a-t-il souligné. "Ce n'est qu'un premier acte", a abondé Jérôme Matthieu, président de la chambre d'agriculture des Vosges et producteur de lait à qui les industriels annoncent un prix de 27 centimes le litre contre 38 il y a quelques années. "Les Bretons ont fait des gros coups et le gouvernement n'a rien entendu. Aujourd'hui, c'est toute la France qui doit bouger".
En milieu de journée, les agriculteurs de Haute-Saône devaient bloquer à leur tour une route nationale, la RN19, à Vesoul, pour les mêmes raisons. En Ardèche, entre 130 et 150 producteurs de lait, selon la gendarmerie et les producteurs, se sont rassemblés dans le calme vendredi matin devant la préfecture à Privas. Répondant à l'appel des JA et de la FDSEA, ces derniers sont arrivés avec une quarantaine de tracteurs.
Une délégation a été reçue par le préfet. "Aujourd'hui pour nous, le lait s'échange à 28,2 centimes le litre alors qu'il faudrait 36 à 38 centimes pour rentrer seulement dans nos frais de production. On ne parle même pas de notre propre rémunération. La profession est vraiment asphyxiée", a déploré Vincent Vallet, un porte-parole des JA de l'Ardèche.
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