Les intermittents du spectacle occupent sept théâtres à Paris et en régions
Les négociations sur le régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle devaient reprendre ce mercredi après-midi sur fond de tensions, alors que le mouvement d'occupation des théâtres s'étend aux régions. Déjà présents depuis dimanche 24 au soir au théâtre de l'Odéon, à Paris, entraînant l'annulation d'une représentation de Phèdre(s), les intermittents, rejoints par des précaires et des participants à "Nuit Debout" étendent leur mouvement aux régions, où ils ont investi cinq autres théâtres, selon des sources concordantes. Les théâtres de Strasbourg, Bordeaux, Lille, Montpellier et Caen accueillent des intermittents. Mardi 26 au soir, une cinquantaine de personnes (intermittents, étudiants et participants à "Nuit Debout") ont investi la Comédie-Française. La représentation programmée de Lucrèce Borgia, a été annulée.
A Strasbourg, les intermittents se sont réunis en assemblée générale mardi soir dans une salle du Théâtre national et ont voté une occupation symbolique, sans impact sur les deux représentations qui avaient lieu le soir même. Même situation à Bordeaux, où le théâtre national Bordeaux-Aquitaine (TnBA) était occupé ce mercredi, mais sans blocage, les représentations ayant eu lieu normalement mardi. En Normandie, la Comédie de Caen avait mis à disposition des intermittents depuis une semaine un petit théâtre de 250 places, le Théâtre des cordes, où il n'y a pas de spectacle à l'affiche. A Lille, le Théâtre du Nord était occupé ce mercredi et un message des intermittents était lu avant chaque représentation. A Montpellier, le centre dramatique national était également occupé ce mercredi par une dizaine d'intermittents. Une situation reconduite jusqu’à vendredi 29 après un vote de 150 personnes présentes lors d'une assemblée générale, mardi soir, sans perturber toutefois un spectacle programmé.
Lundi, les négociations nationales n'avaient pas abouti à un accord, mais un nouveau rendez-vous a été fixé ce mercredi à 16h00, au ministère du Travail, à la veille d'une journée nationale de mobilisation contre le projet de loi Travail. Les artistes et techniciens du spectacle bénéficient de règles spécifiques d’indemnisation du chômage qui sont liées au caractère discontinu de leur activité. Le déficit de ce régime atteint environ un milliard d’euros chaque année, soit environ un quart du déficit général, selon un rapport de la Cour des comptes.
Un cadrage financier, proposé le 24 mars par la partie patronale et signé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (syndicats minoritaires dans le spectacle) impose un effort global de 185 millions d'euros d'économies en année pleine d'ici à 2018 aux intermittents, mais suggère que l'Etat en compense une partie, à hauteur de 80 millions. Des conditions jugées "inacceptables" par la CGT et la Coordination des Intermittents et précaires (CIP) qui menacent aussi de perturber les prochains festivals.
"Le compte n'y est pas encore, notamment sur les effets que pourrait avoir un éventuel accord et aussi sur la contribution des employeurs", selon la CGT-Spectacle. "Il nous manque encore deux choses pour parvenir à un accord. D'abord des éléments chiffrés qui nous permettront de savoir qui est touché par telle ou telle mesure, positivement ou négativement". "On veut arriver à un accord équilibré. Il faut que les employeurs prennent leur part de responsabilité", a précisé mardi soir à l'AFP Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-Spectacle.
Ce mercredi matin, à quelques heures de la reprise des discussions, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a estimé que les négociations devaient "se dérouler dans un climat serein". "Les partenaires sociaux du spectacle doivent se mettre d'accord de façon apaisée, c'est un élément déterminant. Mais je pense que cette négociation va aboutir. Elle doit se dérouler dans un climat serein", a déclaré la ministre sur France 2. "Nous faisons tout pour que ce régime qui est important pour les intermittents, avec cette spécialité culturelle, puisse se développer. Nous sommes très vigilants avec Audrey Azoulay (ministre de la Culture, NDLR) sur ce point là", a-t-elle assuré.
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