Logement : avant la trêve hivernale, l'angoisse de l'expulsion

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 octobre 2016 - 15:53
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Une vue de Paris et Montmartre.
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©Xavier Francolon/Sipa
Les expulsions sont interdites du 1er novembre au 31 mars.
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La trêve hivernale -qui rendra impossible les expulsions jusqu'en avril- débute le 1er novembre. Dans les derniers jours, certaines familles craignent d'autant plus les expulsions et s'y préparent, sans savoir quand elle interviendra.

"Dans les sacs, il y a mes affaires, j'ai tout retiré des armoires": seules quelques babioles subsistent, une tasse, un pull. Depuis qu'elle a reçu en juin l'injonction de quitter son appartement, Samia a tout empaqueté, redoutant une expulsion avant le début de la trêve hivernale.

A quelques jours de la date fatidique du 1er novembre, qui lui donnerait un répit jusqu'au 31 mars, l'angoisse se fait un peu plus forte. Les expulsions locatives étant interdites pendant ces cinq mois, pendant les jours qui précèdent, "les forces de l'ordre multiplient les expulsions" explique Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au logement (Dal). En 2014, plus de 11.600 expulsions avaient été effectuées.

Dans son appartement, Samia s'inquiète: "je guette les bruits dans le couloir". Son mari fait des insomnies. "Le corps se repose, mais le cerveau ne dort plus" murmure-t-il. Ils appréhendent chaque sonnerie, et redoutent le moment où on leur intimera l'ordre de quitter le domicile.

A 48 ans, Samia a passé plus de 18 années dans ce logement. Avec son mari, deux de ses enfants de 19 et 23 ans, et sa mère de 81 ans, handicapée, atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Documents à l'appui, elle l'assure: "j'ai toujours payé mon loyer" de 921 euros pour un trois pièces de 45 mètres carrés dans le nord de Paris. Mais depuis quelques temps, "les attestations de paiement ont remplacé les quittances". Le propriétaire qui souhaite récupérer son bien pour l'habiter, n'a pas renouvelé le bail.

Mais où aller? Pas question de demander l'hospitalité à des proches: "trop lourd" avec sa mère dépendante, estime-t-elle.

Les recherches de logement dans le parc privé l'ont vite déchanté. "Notre dossier est toujours refusé. Il faut gagner trois fois le montant du loyer, avoir un garant, et souvent présenter d'autres garanties" soupire-t-elle. Le foyer vit avec le salaire du père, ambulancier en CDI pour 1.600 euros mensuels.

Et la demande de logement social, effectuée en 2002, n'a rien donné, malgré les innombrables démarches réalisées depuis. "Toutes les semaines, je vais à la mairie, je vois mon assistante sociale, j'appelle les associations, c'est sans fin".

Elle a bien eu une lueur d'espoir en octobre 2014, quand la commission de médiation du droit au logement opposable (Dalo) la reconnaît "prioritaire et devant être logée d'urgence". Malgré ce statut, aucune demande n'a abouti.

Alors, quand elle reçoit, le 9 juin dernier, "le concours", le document qui indique que la préfecture de police autorise le soutien des forces de l'ordre pour procéder à l'expulsion, c'est "un choc". "A la mairie on nous a fait des promesses, on nous disait +tant que vous payez le loyer, vous ne serez pas expulsés+. Maintenant, on ne sait pas où on va finir."

Toute la famille tente donc de s'organiser. Le mobilier est réparti à droite, à gauche, chez des connaissances. Des vêtements sont donnés à la Croix-Rouge. Chacun place en lieu sûr "un petit sac avec tout ce qui est important, les papiers, les médicaments".

Chaque jour, l'attente de l'expulsion se fait pesante. Samia appelle le commissariat sans arrêt pour "connaître la date". "On me répond +ça peut être aujourd'hui, demain, après demain...+ Vous vous rendez compte ?"

Elle n'ose plus laisser l'appartement inoccupé. "Vous imaginez si l'huissier vient et qu'il change les serrures, s'il nous laisse dehors?" S'ils attendent la trêve hivernale avec impatience, ils n'y voient qu'un répit dans leurs angoisses quotidiennes. "On arrêtera de fixer la porte, c'est vrai, mais on pensera au 31 mars".

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