Maltraitance animale : L214 épingle un élevage porcin
L'association L214, qui milite contre la maltraitance animale et la consommation de viande, a épinglé jeudi un élevage de porcs du Finistère, réclamant sa "fermeture immédiate" et annonçant le dépôt d'une plainte devant la justice.
L214, qui avait déjà publié des vidéos faisant état de maltraitance sur des porcs en abattoir, a diffusé jeudi une vidéo concernant cette fois un élevage de cochons situé dans la commune de Pouldreuzic, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Quimper.
"Forcés à vivre au milieu des cadavres de leurs congénères en putréfaction ou leurs ossements, les cochons de cet élevage intensif survivent dans un environnement répugnant. L'élevage est de toute évidence hors de contrôle des services vétérinaires", a dénoncé l'association dans un communiqué.
La préfecture du Finistère a fait savoir jeudi soir dans un communiqué que "la présence d'aucun cadavre de porc n'a été constatée" mais que "des non-conformités sérieuses ont été relevées", lesquelles devront disparaître "dans les meilleurs délais".
"L'élevage fera l'objet d'un suivi attentif par les services vétérinaires" et "l'administration s'assurera d'un retour rapide de la situation à la normale", précise la préfecture.
Sur place, l'éleveur, âgé de 29 ans, s'est dit "anéanti", avant de refuser de répondre aux questions des journalistes.
Son exploitation compte 130 truies et dispose de 80 hectares, selon un communiqué du groupement de porcs Triskalia, dont l'éleveur est adhérent.
Cet agriculteur "s'est installé, en 2013, en pleine période de crise porcine, en rachetant un élevage à un éleveur partant à la retraite", souligne Triskalia. "L'éleveur a fait le choix de travailler seul sur l'exploitation, sans embaucher de salarié, afin de limiter les charges", poursuit le groupement qui qualifie la situation montrée dans la vidéo de L214 "d'exceptionnelle".
- "une situation de détresse" -
"Je connais bien l'éleveur, j'ai vu les vidéos de L214. Pour moi, ça ne ressemble pas du tout aux pratiques du jeune éleveur incriminé", a déclaré devant des journalistes Stéphane Cornec, président des JA (Jeunes Agriculteurs) du Finistère, venu avec d'autres éleveurs soutenir leur jeune collègue. "Je tiens cependant à dénoncer les méthodes de L214 qui, aujourd'hui, sont proches de l'éco-terrorisme et qui mettent en cause n'importe qui pour n'importe quoi avec des montages vidéo", a-t-il ajouté.
"Emballages d'antibiotiques périmés, seringues usagées, épaisses couches de poussière et toiles d'araignées... Ces conditions sanitaires extrêmes constituent un environnement favorable à l'émergence de maladies pour les animaux", écrit encore L214, qui "demande aux autorités la fermeture immédiate de cet élevage insalubre" et "porte plainte auprès du procureur de la République du tribunal de grande instance de Quimper".
Selon l'association, cette ferme est "un élevage industriel de taille moyenne comme il en existe plusieurs milliers en Bretagne, qui fait naître et engraisse chaque année des milliers de cochons pour les envoyer à l'abattoir à l'âge de six mois. Dans la +maternité+, les mères sont contraintes de mettre au monde, dans des cages où elles ne peuvent se retourner, près de 30 porcelets par an. Porcelets qu'elles voient parfois mourir sous leurs yeux comme le montrent les images".
L'élevage intensif, précise-t-elle, concerne 95% des porcs en France.
Au plan national, l'interprofession du porc Inaporc, la Fédération nationale porcine (éleveurs) et le réseau Coop de France se sont exprimés jeudi soir dans un communiqué commun reconnaissant des images "choquantes", aussi bien "pour le public" que "pour les éleveurs" et la "filière porcine".
Tous trois suggèrent qu'elles témoignent d'une situation "de détresse" de l'éleveur, qu'il était important de "repérer" pour pouvoir "l'accompagner".
"A la vue des toiles d'araignées, et de la situation d'abandon de l'élevage, on voit bien qu'il n'y a pas eu de passage d'homme depuis longtemps", souligne Gilles Pecastaing, secrétaire-général de la FNP.
"Dans l'élevage porcin comme ailleurs, il y a parfois des gens qui lâchent l'affaire, car ils sont en dépression", a-t-il déclaré à l'AFP. "Avec une caméra qui entre par effraction chez une personne malade, on peut tout amplifier, tout déformer", a-t-il ajouté.
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