Mort de Jeremie Cohen : la classe politique se déchire au sujet de l'insécurité et de l'antisémitisme
Le 16 février dernier, Jeremie Cohen a été roué de coups par un groupe de jeunes, puis s’est fait percuter par un tramway vers Bobigny. Quelques heures plus tard, l'homme de 31 ans succombe de ses blessures, d’un traumatisme crânien et d’un arrêt cardio-respiratoire. L’affaire enflamme la toile et les candidats s'écharpent.
Bien qu'il soit avéré que le jeune homme était de confession juive, le procureur de Bobigny affirme qu'il ne "ressort pas des témoignages recueillis jusqu’à présent que l’agression ait été commise pour motifs discriminatoires". Quoi qu'il en soit, certains politiques s'indignent aujourd'hui du silence médiatique, qui a duré deux longs mois.
Tout en déplorant le caractère antisémite de l'affaire, Éric Zemmour (Reconquête) interrogeait : "Pourquoi aucun média, ni aucun politicien, ni aucun membre du gouvernement ne parle de la mort de Jeremie Cohen, tabassé par des racailles ?" Marine Le Pen (Rassemblement national) condamne elle aussi ces actes, en ajoutant au débat la thématique de l'insécurité. Valérie Pécresse se risque à expliquer que "le nouvel antisémitisme était présent dans certains quartiers".
À gauche, Fabien Roussel et Yannick Jadot condamnent aussi fermement l’antisémitisme, souhaitant que lumière soit faite sur ces actes odieux. Natalie Arthaud (Lutte ouvrière) de son côté, répond à l’extrême droite en dénonçant une "instrumentalisation par Éric Zemmour", afin qu’il puisse justifier ses propos sur l’immigration. Enfin, Jean-Luc Mélenchon (la France insoumise) s'interroge quant au rôle joué par la police, fustigeant que la famille n’avait pas à se faire justice.
À ce propos, le père de la victime a courageusement témoigné : "J’aurai dû être là pour le protéger", déplorant par ailleurs la lente réaction des policiers. Ce n'est que le 10 mars, grâce à l'appel médiatique des deux frères Cohen, qu’une vidéo a été reçue pour faire avancer l’enquête.
Toujours est-il qu'à quelques jours de la présidentielle, tous les sujets sont bons pour que les candidats s’affrontent.
Sans surprise, Emmanuel Macron fait bande à part et ne participe pas au débat. Il reçoit cependant les proches de Jeremie Cohen au téléphone pour leur apporter son soutien, tout en déclarant : "Il ne faut pas donner lieu à des manipulations politiques". Rappelons les propos qu'il tenait le 31 mars dernier suite au cambriolage d'un agriculteur, au sujet de la légitime défense : "Nous ne sommes pas au Far West". Le président soutenait qu'il appartient à la "puissance publique" d'agir en conséquence.
À ce sujet, plus loin que les questions d'antisémitisme, le journaliste Vincent Hervouët s'indignait sur le plateau de CNEWS : "Non, nous ne sommes pas au Far West, c'est bien pire ! C'est la loi de la jungle !" Il dresse ainsi un tableau de notre société pour le moins inquiétant :
Vincent Hervouët (@CNEWS ) propos de #JeremyCohen
— David Dobsky (@dobsky33) April 5, 2022
Tout cela a une résonance incroyable 8 jours après que le chef de l'état a dit qu'il ne laisserait pas les Français s'adonner à la légitime défense et qu'on n'était pas au Far West
C'est bien pire on est dans la loi de la jungle pic.twitter.com/0X6rxfIboR
Notons que la loi française (Article 122-5 du Code pénal) permet à tout citoyen de se défendre, de protéger quelqu'un ou un bien, en cas d'attaque immédiate d'une autre personne. Pour cela, cinq conditions doivent être réunies :
- L'attaque doit être injustifiée, c'est-à-dire sans motif valable ;
- La défense doit se faire pour soi, ou pour une autre personne ;
- La défense doit être immédiate ;
- La défense doit être nécessaire à sa protection, c'est-à-dire que l'unique solution est la riposte ;
- La défense doit être proportionnelle, c'est-à-dire égale à la gravité de l'attaque.
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