Terrorisme : le Raid partage son savoir-faire avec des policiers d'élite étrangers
Si les unités d'élite internationales déclinent régulièrement les invitations pour participer à des formations, quand le Raid leur a proposé un stage de quinze jours pour partager leur expérience, une dizaine d'entre elles se sont jetées sur l'occasion, réservant leur place du 12 au 23 septembre à Rennes et Saint-Malo.
Parmi les stagiaires venus peaufiner leurs techniques, Pat et Garrick, du SWAT de Los Angeles, mais aussi 18 policiers des forces spéciales canadienne, allemande, suisse, polonaise, lituanienne, tunisienne, algérienne, sénégalaise et taïwanaise. "Nous sommes venus voir les tactiques qu'ils ont développées, car ils ont connu beaucoup d'attaques coordonnées", raconte Pat, plus habitué aux États-Unis à "des loups solitaires".
"En Europe, peu d'unités ont eu ce genre d'expérience", renchérit Fabien, 43 ans, de la SEK de Berlin. Durant ces deux semaines, ce Français expatrié en Allemagne a découvert que "le Raid faisait beaucoup de choses qui correspondent à ce que l'on fait aussi. On a les mêmes réflexions sur la façon de réagir, de se déplacer".
Cheveux ras, collier de barbe, le quadragénaire ne peut s'empêcher de noter une petite différence: depuis les attentats en France, "ils ont reçu beaucoup de matériel, en comparaison avec la ville de Berlin. Il est plus varié".
Outre l'usage intensif des boucliers, le policier a été "très impressionné par tous les différents types de grenades dont ils disposent". A ses yeux, "la France a fait un bond en avant, surtout au point de vue législatif. En Allemagne, ce serait impensable d'utiliser de telles grenades comme les flash-bang (grenades incapacitantes, ndlr). C'est très efficace et ça a un sens, surtout pour la sécurité des opérateurs".
"Le matériel peut être différent, mais si on met ça à part, le reste, c'est la même chose", poursuit Fabien. "La meilleure preuve", témoigne-t-il en riant, "c'est que je me suis entraîné avec des Polonais, je ne comprenais pas un mot de ce qu'ils racontaient, et ça a marché!"
Si les policiers du Raid ont fait profiter leurs camarades de leur expérience, ils n'ont pas manqué de tendre l'oreille eux aussi, notamment à la contribution de Nicolas, du Groupe tactique d'intervention (GTI) de la ville de Québec, à propos des "tireurs actifs", ou tueurs de masse.
"Nous, au Québec", témoigne cet homme élancé dans sa combinaison noire siglé GTI, "on a vécu certains événements qui sont souvent méconnus au niveau international. Bien avant Columbine aux États-Unis, on a eu l’École Polytechnique".
Le 6 décembre 1989, un misogyne de 25 ans pénètre dans l’École Polytechnique de Montréal et abat 14 femmes. "Les premiers policiers patrouilleurs sont restés à l'extérieur et ont attendu les équipes spécialisées qui sont arrivées 40 minutes après". A ce moment-là, relate Nicolas, "tout le monde était mort. Alors on s'est dit: est-ce normal d'attendre les équipes spécialisées pour régler un problème de tireur actif?".
Ce drame a marqué le début d'une réflexion menée sur plusieurs années. Tous les policiers québecois doivent désormais suivre une formation d'une journée. "On leur explique de quelle façon un tireur actif fonctionne, ses points forts, ses points faibles", décrit le policier d'élite.
Et on leur enseigne qu'"il y a moyen de s'organiser en groupe de quatre policiers pour lancer les premières actions: à quatre, vous rentrez, vous faites quelque chose, vous engagez le tireur, dans le but de changer sa cible. (...) Ça donne une chance aux victimes".
Au côté du Raid, Nicolas dit avoir beaucoup appris sur la lutte antiterroriste: "De nouvelles techniques, mais aussi une nouvelle philosophie. On est dans un monde que l'on ne soupçonnait pas il y a deux ans et on doit se mettre à jour."
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.