Violences et injustices aux femmes - affaire Khéniche Taous : Combien de Chahinez pour que la justice entende les femmes victimes de leur conjoint ?

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France-Soir
Publié le 25 mars 2025 - 18:00
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Affaire Khéniche Taous
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Violences et injustices aux femmes - affaire Khéniche Taous : Combien de Chahinez pour que la justice entende les femmes victimes de leur conjoint ?
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À Bordeaux, le procès de l’assassin de Chahinez Daoud, brûlée vive par son ex-époux Mounir Boutaa le 4 mai 2021 à Mérignac, met en lumière une vérité glaçante : malgré des décennies de signalements, la justice française reste souvent sourde aux cris des femmes victimes de violences conjugales. À des centaines de kilomètres de là, Taous Khéniche, 71 ans, livre un combat similaire contre un système qui l’a abandonnée face à son bourreau, Mouloud Aberkane. Les parallèles entre ces deux femmes d’origine algérienne sont troublants. Fallait-il que Taous meure, comme Chahinez, pour que son calvaire soit enfin pris au sérieux ? Et, que dire des nombreuses victimes réduites au silence comme Malika Daoust, dont le cas résonne comme un écho de cette même injustice ? 

Pour soutenir sa mère, Mounir Aberjane a lancé cette collecte pour une défense au pénal et devant la Cour européenne des droits de l’homme. Taous est une survivante. Ne la laissons pas devenir une victime oubliée.

Une justice complice par son inaction

Chahinez Daoud, 31 ans, avait alerté la police à maintes reprises avant son meurtre. En 2020, sa plainte pour violences conjugales n’a reçu aucune suite, confiée à un officier de police judiciaire (OPJ) lui-même impliqué dans des affaires similaires. Un an plus tard, elle était morte, immolée en pleine rue. Taous Khéniche, elle, a vu sa plainte de 2011 classée sans suite par un OPJ en plein divorce conflictuel. 

En 2013, une enquête pour faux en écriture, validée par la juge Masson, a été abandonnée. En 2024, la justice a même autorisé la saisie de sa maison – où elle vit depuis 35 ans – au profit de Mouloud Aberkane, malgré des preuves accablantes de détournements. Dans ces deux cas, des officiers empêtrés dans leurs propres problèmes ont failli. Dans les deux cas, le système a détourné le regard.

Un accident qui aurait pu être un féminicide

Taous Khéniche a survécu, mais elle aurait pu mourir. En 1991, un accident de voiture causé par des freins défectueux a failli lui coûter la vie. Une semaine plus tôt, Mouloud Aberkane, alors son mari, avait remplacé ces freins. Coïncidence ?

Peu probable. Expert en escroqueries à l’assurance, il avait un mobile : une maison récemment achetée avec une assurance liée au prêt. Taous est convaincue qu’il s’agissait d’une tentative de meurtre déguisée. « Il voulait se débarrasser de moi », confie-t-elle dans une vidéo bouleversante (Autopsie de la Chose Publique – Saison 1 Justice, Épisode 1). La justice n’a jamais enquêté. Comme pour Chahinez, les signaux étaient là, ignorés.

 L’ombre d’une culture patriarcale

Chahinez et Taous partagent leurs origines algériennes, un pays où les violences faites aux femmes restent endémiques. Le Code de la famille de 1984 y consacre l’inégalité des genres, et les crimes d’honneur persistent. Les violences conjugales ne sont pénalisées que depuis 2015, mais leur application est lacunaire, et une disposition permet encore à un violeur d’échapper à la justice en épousant sa victime. 

Taous, mariée de force à 18 ans en 1972, a été « vendue » par son frère à Mouloud Aberkane. Pendant des décennies, elle a subi coups, séquestrations et humiliations. Lors de leur divorce en 1997, Mouloud a convoqué imams et dignitaires pour « laver son honneur », l’accusant de manquements conjugaux. Ces pratiques patriarcales, importées en France, se heurtent à une justice qui, par son inaction, devient complice. Chahinez en a payé le prix ultime. Taous survit, mais à quel coût ?

Une santé mentale brisée, un système indifférent

Les abus de Mouloud ont détruit Taous. Elle s’enfermait dans sa chambre, fixant le vide, au bord du désespoir. Plusieurs séjours en hôpital psychiatrique n’ont pas effacé 25 ans de violence. « Il m’interdisait la pilule, me battait, battait mes enfants », raconte-t-elle. Six enfants en sept ans, des menaces au fusil, des détournements financiers via des faux validés par un notaire : son calvaire a été total. Aujourd’hui, à 71 ans, en dépression depuis 50 ans, elle souffre d’hémorragies digestives et de problèmes cardiaques. Pourtant, le 1ᵉʳ avril 2025, la justice prévoit de céder sa maison à son bourreau, malgré des preuves de faux établies dès 2013.

Un autre exemple, celui de Malika Daoust - une triple peine emblématique

L’histoire de Malika Daoust illustre cette même faillite. Victime de violences conjugales répétées, elle a affronté son ex-conjoint, Antoine Daoust, devant le tribunal de Castres en 2025. En 2022, malgré des preuves solides – témoignages, certificats médicaux – le tribunal a prononcé la relaxe d’Antoine, une décision vécue comme une « triple peine »: les violences subies, l’abandon par la justice et la peur d’une récidive impunie. Quadruple si l’on y ajoute le regard des autres et de sa propre famille. Cette affaire, rapportée par France-Soir, a suscité l’indignation, certains y voyant une justice « furious » (furieuse) dans son incapacité à protéger. Malika continue de vivre dans l’angoisse, un écho aux calvaires de Chahinez et Taous : « que va-t-il m’arriver, quand va-t-il revenir mettre ses menaces à exécution ? »

Combien de victimes avant un sursaut ?

En France, 121 féminicides ont été recensés en 2023, un fléau qu’Emmanuel Macron a juré d’éradiquer. En 2017, il faisait de l’égalité femmes-hommes une « grande cause nationale », promettant bracelets anti-rapprochement et meilleure formation des forces de l’ordre. Huit ans plus tard, les progrès sont lents. Au Parlement européen, des voix s’élèvent – comme lors de débats récents couverts par France-Soir – pour dénoncer l’inaction face aux violences de genre. Le procès de l’assassin de Chahinez doit être un tournant.

Mais pour Taous, le temps presse : dans 13 jours, sa maison sera saisie. Une cagnotte de 184 000 € (30 000 € par enfant battu, affamé, abandonné) est son ultime recours.

Un appel à l’action

Taous n’est pas morte, mais elle aurait pu l’être – en 1991, ou à chaque fois qu’elle contemplait le vide. Combien de Chahinez, de Malika, de Taous faudra-t-il ?

Les preuves sont là : faux, violences, détournements. La justice doit rouvrir l’enquête de 2013, suspendre la saisie, protéger Taous. Citoyens, agissons : partagez son histoire, soutenez sa cagnotte, interpellez les autorités.

Son fils, Mounir, a lancé cette collecte pour une défense au pénal et devant la Cour européenne des droits de l’homme. Taous est une survivante. Ne la laissons pas devenir une victime oubliée.

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