Ethique de la Covid-19 . Vers un nouveau Nuremberg ?

Auteur(s)
Le médecin résistant, pour FranceSoir
Publié le 25 novembre 2020 - 14:23
Mis à jour le 27 novembre 2020 - 14:42
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Article mis à jour le 27 novembre 2020

Comme l’a peut-être le mieux formulé Jean Paul Sartre, et d’autres philosophes avant comme Pic de la Mirandole, et comme le suggèrent certains mythes antiques tel celui de Prométhée, l’homme est un être singulier, une créature libre, dont l’existence précède l’essence, un être pouvant s’affranchir des lois de la Nature.

L’Homme libre,  protégeant le plus faible:

Dans l’homme réside une étincelle divine, une lumière spirituelle transcendante en gestation, mais aussi un côté obscur, celui des mauvaises inclinations et de la cupidité. 

« Dieu et le diable se battent là-bas et le champ de bataille est le cœur des hommes. » Dostoïevski

Ainsi, contre toute loi naturelle, à rebours des principes évolutifs darwiniens, mystérieusement porté par un élan éthique, l’homme a un jour décidé de faire croitre sa lumière : protéger le faible contre le plus fort ; protection des personnes âgées, système des retraites fondé sur la solidarité, assurance chômage, sécurité sociale permettant le soin, lois protégeant les personnes handicapées, tout ceci quels qu’en soient les couts et sans considération pour les ”pertes” matérielles et financières. L’Etat est garant du principe d’amour séculaire et universel ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse”.

Quelle société avant la nôtre s’est-elle pourvue de tels systèmes de protection ? Il semblerait qu’en 2020, l’épidémie de la COVID-19 ait rapidement fait s’effriter ce temple de bienveillance et d’altruisme que les génération qui nous ont précédés ont mis tant de temps à bâtir, et que l’on a peine à reconnaître.

« N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ?
Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ?
L'air joue avec la branche au moment où je pleure ;
Ma maison me regarde et ne me connaît plus. »

Tristesse d’Olympio, Victor Hugo

 

Rivotril dans les EHPAD  : un crime contre l’humanité ?

Gémissons... C’est en 2020 qu’on a décidé, pour la première fois, de ne pas soigner, de renvoyer les malades de la COVID-19 chez eux, dans l’angoisse de la survenue d’une asphyxie, sans traitement (hormis du paracétamol), ni surveillance (de la saturation en oxygène notamment). C’est en 2020 que l’on a séparé les anciens des EHPAD de leur famille, qu’on leur a dénié l’accès à l’hôpital. Pire encore, a été organisée la possibilité de leur injecter du  Rivotril en cas de COVID-19 symptomatique. Il est important d’en comprendre la raison ; la cause profonde est la pénurie chronique du système de soin placé sous l’égide des lointains fonctionnaires tout-puissants des ARS, ne pouvant faire envisager hospitalisation, encore moins en service de réanimation. Il ne restait donc, dans l’esprit des dits décideurs (lesquels ?), qu'à cacher la poussière sous le tapis ; traiter l’asphyxie par une sédation profonde...

Oui, il s’agit d’actes graves d’euthanasie active puisque ce produit est un dépresseur respiratoire et employé chez des malades n’arrivant plus à respirer !  

N’avaient-ils pas le droit à de l’oxygène, d’autant que l’on peut oxygéner à l’aide de méthodes non invasives (optiflow) ? Dans quel pays sommes-nous ?

Pourrait t-il s’agir d’un crime contre l’humanité ?  Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (17 juillet 1998) définit ce crime ainsi :

« Aux fins du présent Statut, on entend par crime contre l'humanité l'un quelconque des actes ci-après lorsqu'il est commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque »

 « Autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé physique ou mentale ».

Le critère d’intentionnalité n’est pas le plus fondamental dans cette définition du « crime contre l’humanité », une simple connaissance des exactions pouvant suffire (Cf. Eichmann, où le Tribunal de District énonce la responsabilité d'Eichmann dans l'extermination de toutes les victimes entre 1941 et 1945 au motif de sa participation en connaissance du plan - Dossier. Juger la barbarie Le crime contre l'humanité, définition et contexte Yann Jurovics Dans Les Cahiers de la Justice 2011/1 (Numéro 1), p.45

Un aveu d’incompétence pourrait ainsi ne pas suffire à la défense du gouvernement en vertu d’une jurisprudence imposant une présomption de connaissance.

Il s’agit d’un choix, d’un tri humain, en connaissance de cause. Il y a donc bien, au mépris du principe d’égalité républicain, intention de négliger la santé des personnes âgées au profit d’autres personnes plus jeunes, en connaissance de l’issue fatale subséquente.

Reconnaissons-nous encore en eux nos semblables ? Qu’on ne dise pas que nos gouvernants ont été pris au dépourvu puisque rien n’a été planifié entre la première et la deuxième épidémie : négligence d’ouverture de lits, de recrutement de personnels qui auraient pu être soutenus, valorisés par une aide financière à la hauteur de leur engagement.

Que pourrait dire le droit concernant le crime contre l’humanité par négligence ? Rappelons qu’il n’y a pas lieu, selon la définition même de ce crime, de différencier contexte civil et militaire ; le crime contre l’humanité est universel. Quelques éléments de réponse dans la thèse « Le périmètre du crime contre l'humanité » de Monsieur Lucas Vergnaud (MASTER 2 - Recherche « Droit international ») 

« Toutefois nous pouvons penser que ces omissions inhumaines s’apparenteraient à une certaine complicité passive. C’est-à-dire que l’auteur de l’omission sait qu’un crime contre l’humanité est entrain de se produire, et, sans en prendre part il ne fait rien pour l’en empêcher alors qu’il en aurait le pouvoir » p.25

« En effet l’article 28 prévoit la responsabilité des chefs militaires pour les crimes relevant de la compétence de la cour, commis par des forces armées placées sous son commandement et con contrôle effectif dans les cas où « ce chef militaire ou cette personne n’a pas pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en son pouvoir pour en empêcher ou en réprimer l’exécution ou pour en référer aux autorités compétentes aux fins d’enquête et de poursuites » p.25

 

Comment en est-on arrivé là ? Une perte des valeurs morales transcendantes 

La perte progressive évidente des valeurs transcendantes, éthiques, divines, qui dépassent l’humain, semble caractériser l’évolution de nos société occidentales fondées sur le consumérisme.

La transcendance a toujours été le tuteur des société humaines. La monarchie de “droit divin” n’était pas comme le pensent la plupart, un roi qui se prenait pour Dieu, mais bel et bien une marque d’humilité, une référence à des règles morales, le roi s’engageant à faire le bien du peuple sous le joug du sacré. La cérémonie du  sacre du roi ou de l’empereur faisait de lui un symbole,  la médiateur entre le politique (le temporel) et le spirituel (la morale immuable).

Ces valeurs transcendantes et divines peuvent être affranchies de tout dogme religieux.

« Que faire si Dieu n'existe pas, si Rakitine a raison de prétendre que c'est une idée forgée par l'humanité ? Dans ce cas l'homme serait le roi de la terre, de l'univers. Très bien ! Seulement, comment sera-t-il vertueux sans Dieu ? Je me le demande. [...] En effet, qu'est ce que la vertu ? Réponds-moi Alexéi. Je ne me représente pas la vertu comme un chinois, c'est donc une chose relative ? L'est-elle, oui ou non ? Ou bien elle n'est pas une chose relative ? Question insidieuse. [...] Alors tout est permis ? »
Les frères Karamazov, Dostoïevski

Non tout n’est pas permis, l’homme demeure  libre et responsable 

« Ainsi, nous n'avons ni dernière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C'est ce que j'exprimerais en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait".
L'existentialisme est un humanisme, Jean Paul Sartre

Il existe ainsi bel et bien aussi une transcendance dans la laïcité, en premier lieu les droits de l’homme, sécularisation d’une morale universelle. Le philosophe matérialiste André Comte Sponville revendique une transcendance sans religion, la possibilité d’une spiritualité sans Dieu.

 

Dans quelle société vivons-nous désormais  ?

Une société de consommation, un monde de la seule technique, “l’oubli de l’être” tel que prophétisé par Heidegger.  Des dirigeants élus certes au suffrage universel, mais de quelle manière...  Naviguant non plus en vertu d’un idéal éthique, mais du fond de la caverne selon les mirages illusoires des sondages. Elus... et parfois non élus, aveugles, guidés par la peur, peur générant colère et haine de l’avis contradictoire. Un pouvoir grisé par l’hubris, souvent corrompu. Le pouvoir égoïste d’énarques et équivalents, payés quoiqu’il arrive, sacrifiant les petits entrepreneurs libéraux qui perdent tout. Un pouvoir temporel exclusif, sans autorité spirituelle.

Lisons ce qu’écrivait René Guenon, sans dogmatisme, dans « Autorité spirituelle et pouvoir temporel » :

« Les enseignements de toutes les doctrines traditionnelles sont, on l’a vu, unanimes à affirmer la suprématie du spirituel sur le temporel et à ne considérer comme normale et légitime qu’une organisation sociale dans laquelle cette suprématie est reconnue et se traduit dans les relations des deux pouvoirs correspondant à ces deux domaines. D’autre part, l’histoire montre clairement que la méconnaissance de cet ordre hiérarchique entraîne partout et toujours les mêmes conséquences : déséquilibre social, confusion des fonctions, domination d’éléments de plus en plus inférieurs, et aussi dégénérescence intellectuelle, oubli des principes transcendants d’abord, puis, de chute en chute, on en arrive jusqu’à la négation de toute véritable connaissance. »

Une complicité de l’ordre des médecins, silencieux dans le consensus mou, ou reniant tout principe, attaquant ceux qui osent soigner en usant de traitements sortant du cadre rigide et totalitaire des recommandations. Des médecins qui n’ont foi qu’en eux-mêmes, restant de marbre et ne s’insurgeant pas lorsqu’on ne soigne plus les malades, pire encore certains collaborant lorsque la décision a été prise d’injecter un médicament dépresseur respiratoire à des personnes ne pouvant plus respirer. Une médecine d’abattage, des médecins ne voyant plus les malades, ne pensant plus à soulager leurs souffrances, mais pérorant sur les réseaux sociaux, fiers de leurs connaissances statistiques, de leurs froids protocoles de “randomisation double aveugle”, réduisant le malade à un cobaye de laboratoire, arborant leurs tableaux Excel, révélant parfois des résultats scientifiques déconnectés d’une réalité infiniment plus subtile, et conduits sans discernement par leur seul ego.

 

De l’ego

Qu’en est-il de l’ego ?  Comparable à l’argent; l’ego n’est ni bon, ni mauvais, il incarne la volonté indispensable à toute entreprise humaine ; il est ce qu’on en fait. L’ego est la monture, volonté de puissance, que le cavalier doit mener où il souhaite. Il ne doit ainsi pas être tué mais soumis à ces règles morales transcendantes que nous venons d’évoquer. Il peut être figuré par le symbole du dragon terrassé, que l’on maîtrise sans tuer puisqu’il demeure un principe actif de l’Oeuvre.

« Il est erroné de croire que l’ego doit être rayé de la carte, vaincu, enchaîné, détruit. Comment un ébéniste pourrait-il sculpter son meuble sans son ciseau ? Comment l’artiste peintre pourrait-il peindre sans son pinceau ? L’ego est un outil dont l’âme se sert afin d’élever la conscience vers l’infini et l’inconnaissable absolu. Sachant qu'à son départ vers l'autre côté du miroir, elle laissera son outil sur la table de travail. Chercher à s’en abstraire n’est que leurre. S’il représente l’ennemi dans le reflet sur le miroir de notre vie, nous pouvons en faire un ami en le domptant par la volonté et l’attention consciente. La vigilance et le discernement sont les guides pour qui travaille à sculpter, affiner, et parfaire sa nature. » 
Michel Cabanier

En médecine, l’éthique est parfaitement incarnée par le serment d’Hippocrate ; ce serment a été profané par beaucoup, mais profondément honoré par les médecins de l’IHU, le professeur Raoult et d’autres comme le professeur Perronne, qui ont accueilli, testé, examiné, et soigné les malades. Harmonie, équilibre d’égos producteurs de science conduits par des valeurs morales transcendantes, au service de l’humanité. Espérons ...

« Nations, la science vous a desséchées. Ouvrez votre âme à la joie pure et à l'innocence ; la science n'en sera pas moins prompte à vous éclairer .» 
Louis-Claude de Saint-Martin

 

Ajout du 27 novembre 2020 : Nous portons à l’attention des lecteurs les actions entreprises par le Professeur Trouillas, ancien chef de service en neurologie des hôpitaux de Lyon. Depuis le mois d’avril 2020 se sont succédées une plainte auprès du Conseil d’Etat (dont la procédure est en cours sur le fond), et au mois d’août dernier une plainte auprès de la Cour de Justice de la République (CJR).

Cette plainte à la CJR a été portée contre le Premier ministre (Monsieur Edouard Philippe) et le ministre des solidarités et de la santé (Monsieur Olivier Véran) pour :

• Homicide involontaire

• Mise en danger délibérée de la personne d’autrui

• Non-assistance à personne en danger

Dans cette plainte, a été exposé le contenu des décrets n° 2020-360 du 28 mars 2020 et n° 2020-548 du 11 mai 2020 préconisant le RIVOTRIL®-Clonazepam injectable pour « la prise en charge » des patients atteints par le virus COVID 19, permettant en réalité de perpétrer des actes d’euthanasies actives chez ces patients, en violation des dispositions légales encadrant les conditions d’une sédation profonde jusqu'au décès.

 

 Les familles de victimes sont invitées à se faire connaître auprès du Pr Trouillas sur le courriel paul.trouillas@wanadoo.fr et auprès de M° Benagès sur Facebook

 

Portail Sainte-Anne, Notre-Dame de Paris

 

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