Arrêter de fumer plus facile quand on est payé

Des chercheurs suisses ont payé des fumeurs pour qu'ils arrêtent le tabac pendant plusieurs mois. Près de la moitié d'entre eux ont ainsi réussi, et même si beaucoup ont repris une fois que l'argent a cessé d'être versé, la stratégie montre une certaine efficacité à plus long terme.

Pour arrêter de fumer, c'est bien connu, l'important reste la volonté. Mais une petite source de motivation ne fait pas de mal, bien au contraire. Et l'argent est assez efficace en la matière. Selon une étude menée en Suisse et publiée dans le Journal of the American College of Cardiology, rémunérer les fumeurs pour qu'ils arrêtent la cigarette permet d'augmenter significativement le taux de réussite.

Et pour démontrer cette thèse, les chercheurs de l'université de Genève n'ont pas hésité à se montrer généreux. Ils ont proposé des primes aux 800 fumeurs qui ont accepté l'expérience. Chacun d'entre eux avait des revenus assez faible (pour la Suisse) afin que la prime puisse avoir un réel impact. Ils gagnaient tous moins de 50.000 francs suisse (45.900 euros) par an et n'avaient recours à aucun traitement pour les aider à arrêter.

Au fur et à mesure que les cobayes arrivaient à se passer de tabac, la prime augmentait. Au bout de sept jours ils recevaient 92 euros, 138 euros la semaine suivante, etc. La période entre les primes augmentait elle aussi avec le temps. Au bout de six mois de sevrage, les ex-fumeurs avaient reçu près de 1.400 euros.

Malgré cette manne financière, une majorité des cobayes n'a pas tenu, préférant le tabac à l'argent. Mais 45% d'entre eux ont tout de même réussi à s'en passer pendant les six mois de l’expérience. Malheureusement, une fois les primes disparues, beaucoup sont retombés dans leur vice. Un an après, le chiffre est tombé à 20%.

Toutefois, cette étude montre une réelle efficacité de la méthode. Car chez un échantillon "témoin" de fumeurs qui ont essayé d'arrêter sans compensation financière, le taux de succès n'était que de 10%. Les primes auraient donc permis de doubler ce chiffre.

Certes, l'argent ne fait pas le bonheur des tabacologues. Il n'est pas une solution miracle pour sevrer les fumeurs, ne serait-ce que parce que chacun d'entre eux est différent dans sa consommation et sa façon de gérer l'arrêt du tabc. Mais elle reste efficace.

Bien que mal vue par certains tabacologues, l'idée de la rémunération contre l'arrêt du tabagisme semble prendre de l'ampleur. En mai dernier, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a lancé un programme offrant des bons d'achat aux femmes enceinte qui arrêtaient de fumer.

Pour le Ccomité national contre le tabagisme, la lutte contre le tabac passe aussi par des augmentations du prix du paquet, lesquelles doivent être significatives (au moins 10%) pour avoir un impact.