Autotests rétablis... mais parcours du combattant : on a testé pour vous !

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Publié le 15 novembre 2021 - 15:55
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Le retour des autotests
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Le kit d'autotest : do it yourself !
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Est-il possible d'obtenir à nouveau le passe sanitaire grâce aux autotests supervisés ? Nous avons tenté pour vous.

Le 29 octobre dernier, le Conseil d'État ordonnait leur grand retour. Depuis le 3 novembre, la plateforme SI-DEP, que les pharmaciens utilisent pour la partie administrative et la gestion des informations, indiquait sur son site :

Après que Jean-Frédéric Poisson a longuement lutté contre le silence du gouvernement à ce sujet, un arrêté a finalement été publié le 11 novembre dernier au Journal Officiel, assurant que les autotests donnent à nouveau droit au passe sanitaire. De concert, le site du gouvernement et celui de l'Assurance maladie ont mis à jour leurs informations - restées pendant dix jours non-actualisées - et Jérôme Salomon, directeur général de la santé, s'est fendu d'un courriel "DGS urgent" pour dessiner les contours de l'arrêté. Sur le papier, tout semble aller pour le mieux, nonobstant le temps anormalement long au regard des délais prévus.

Qu'en est-il en pratique ?

En fin de semaine dernière, nous avons contacté plusieurs pharmacies en France pour savoir ce qu'il en était, en pratique. Si elles ont bien pris connaissance de la décision du Conseil d'État, toutes sans exception nous ont répondu qu'elles avaient décidé de ne pas superviser les tests, par souci d'organisation. Ou d'envie ? Non seulement la plupart des vendeurs nous ont rapporté un stock faible, voire vide, d'autotests, mais ils nous ont aussi expliqué que la supervision demandait trop de ressources et qu'ils préféraient "le faire eux-mêmes", c'est-à-dire recourir aux tests antigéniques. Une pharmacie du Sud de la France résumait : "Tant que nous aurons des tests antigéniques, nous ne prévoyons pas de superviser les autotests. Cela revient au même." Sauf pour le porte-monnaie, car un autotest supervisé est facturé 12,90 €. Le prix comprend la supervision ainsi que le kit de test, les deux étant indissociables (vous ne pouvez pas venir avec vos autotests achetés ailleurs pour demander une simple supervision). C'est donc environ moitié moins cher qu'un antigénique réalisé par un professionnel de santé.

Donc les pharmaciens ne sont pas obligés d'accepter la supervision ?

En bref, non. En fin de semaine dernière, Maître Di Vizio nous confiait : « En réalité, il n'y a pas obligation d'accomplir un acte médical ! Or la supervision des autotests en constitue un, et à ce titre ne commet pas de faute le professionnel qui refuse la supervision. Si je défendais un pharmacien, je ne vois pas ce qu'on pourrait m'opposer. »

Le 12 novembre, nous avons aussi contacté l'Ordre des pharmaciens, qui en plus de confirmer les propos de l'avocat, nous a aimablement expliqué que c'était une question de "geste" ; les pharmaciens se sont organisés pour la réalisation des tests antigéniques, et ils considèrent que "les autotests sont moins fiables car le geste n'est pas professionnel".

Un retour pas si grandiose

Selon l'Ordre des pharmaciens, le rétablissement des autotests se fait "selon les mêmes critères qu'en juillet". La DGS rappelle à ce sujet que les autotests sont "réservés aux personnes asymptomatiques et non identifiées comme contact à risque."

Autrement dit, ils ont un intérêt sanitaire faible, car assez peu fiables, ce qui explique qu'ils soient habituellement cantonnés au rayon de la super-vigilance "maison". Pour cette même raison, le gouvernement précise aussi que les autotests, même supervisés, ne permettent pas les "voyages vers la Corse, les collectivités d’outre-mer et les pays de l’Union européenne". Et le résultat positif à un autotest ne constituera pas une preuve de rétablissement : il doit nécessairement être confirmé par un PCR.

Cela étant, leur prix moindre permet tout de même de faciliter la vie quotidienne des non-vaccinés qui ont besoin du passe sanitaire, pour qui deux tests antigéniques par semaine constituent souvent une charge financière trop lourde à supporter.

Mais faciliter la vie des non-vaccinés n'a, semble-t-il, jamais été une priorité. Aussi, dans la majeure partie des pharmacies, on vous propose seulement de prendre une boîte de cinq autotests pour 25 €, et de les rapporter chez vous en vous avouant que "cela peut servir dans le cas où l'on va voir ses grands-parents, même si l'on est vacciné, car le vaccin n'empêche pas toujours la transmission". Arrêté gouvernemental ou pas, les pharmaciens ne semblent pas motivés pour superviser. Par souci de rentabilité, pour l'établissement, il semble préférable de s'accrocher aux tests antigéniques.

Quelques pharmacies bienveillantes, ou résistantes ?

Malgré tout, nous avons pu entrer en contact avec quelques pharmacies qui acceptent de superviser les autotests.

Dans ce cas, sous le regard du professionnel, vous mettez l'écouvillon dans chacune de vos narines, le trempez ensuite dans le liquide d'analyse, puis versez quelques gouttes de ce dernier sur le testeur. Quelques minutes après, vous avez vos résultats : un trait seulement, le pharmacien vous délivre le passe sanitaire pour 72 heures ; deux traits, vous êtes reconnus comme positif au Covid-19, et vous devez donc confirmer le résultat avec un test PCR.

Pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de leur décision, nous avons demandé aux pharmaciens les raisons pour lesquelles ils refusaient, ou acceptaient de superviser les autotests. Tous les interrogés, d'un côté comme de l'autre, ont semblé gênés de répondre à cette question et se sont montrés assez évasifs.

Finalement, malgré les différentes législations et batailles administratives, l'accès aux tant attendus autotests semble relever du bon vouloir des pharmaciens. Nul doute qu'à l'instar de Jean-Frédéric Poisson, qui assure recevoir de nombreux témoignages teintés d'inquiétude ou de déception, ceux qui combattent pour que l'application soit concrète ne renonceront pas.

Selon l'avocat qui a défendu son référé, Me Frédéric Pichon, la "responsabilité est celle du gouvernement, qui devrait faire le nécessaire au travers des Agences régionales de santé (ARS) ou de l'Ordre des pharmaciens". En prenant cet arrêté, le gouvernement a fini par respecter la décision du Conseil d'État, mais dépassera-t-il ce "service minimum" ?

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