Covid long : les voix des malades peinent à se faire entendre
Reconnu depuis peu comme "une affection longue durée", le Covid long s’attaque également aux personnes qui ne présentent pas de comorbidités. Après avoir contracté le virus, les symptômes des malades persistent pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Avec des symptômes très variés et parfois véritablement douloureux, la prise en charge des patients par les autorités de santé se complexifie.
Le Covid long : un sujet complexe et peu défini
D’après l’Organisation mondiale de la santé, 10 à 20% des personnes ayant contracté le Covid éprouvent des effets à long terme de la maladie. Parmi les victimes de l'état post-Covid-19, certaines se disent affectées même un an plus tard. Des pertes de mémoire aux palpitations cardiaques jusqu’à un état de fatigue généralisé, les symptômes persistants sont variés. Dans un communiqué publié en mars 2022 du ministère de la Santé, la prise en charge des patients se faisait au préalable auprès de leur médecin traitant, pour ensuite être redirigés vers des "cellules de coordination post-Covid" afin d'orienter les malades qui présentent une "situation complexe".
"J’ai bataillé huit mois pour avoir mon affection longue durée Covid long", déclarait Alexandra Likite sur France Télévisions, le 2 février.
La maladie, encore trop peu comprise par les médecins, fait état d'un nombre important de victimes qui voient leur quotidien bouleversé. Parmi ces victimes, certaines se voient même dans l'incapacité de travailler. Également sur France Télévisions, Matthieu Lestage, porte-parole d'une association pour soutenir les victimes de la maladie #AprèsJ20, se déclare atteint du Covid long depuis octobre 2020, ne pouvant ni exercer son travail ni même conduire.
Après avoir lancé une feuille de route le 17 mars dernier, le gouvernement veut s’engager dans la prise en charge des personnes souffrant de ce "phénomène complexe et déroutant", comme le qualifie ainsi le ministère de la Santé. Dès mai 2020, les personnes atteintes ont tenté de se faire entendre, aider, soigner même par les autorités médicales… en vain. À cet égard, les victimes de la maladie se réunissent à travers des associations (comme #AprèsJ20 et Union pour la Prévention et la Gestion des Crises sanitaires) pour se soutenir.
En l'absence d’un traitement contre le syndrome post-Covid-19 à l’heure actuelle, les autorités de santé recommandent la vaccination qui diminuerait "de 50% le risque de présenter des signes persistants", comme l’affirme la Direction générale de santé auprès de l’Express, le 16 février. Quid des personnes vaccinées, deux fois, trois fois, quatre fois qui présentent des effets du Covid long ?
À travers de nombreux travaux, Jean-Marc Sabatier, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) s'est penché sur l'hypothèse du système rénine angiotensine (SRA), système hormonal présent partout dans notre organisme. Suite à cela, il expose son opinion : "Selon moi, le Covid long est une persistance de symptômes ou maladies de la Covid-19 qui aurait pour principale origine le dysfonctionnement (induit par le virus SARS-CoV-2) du système rénine-angiotensine (SRA)". Dans un article de Blast publié le 8 mai, il soulignait "l'importance du SRA dans la pathogenèse de la maladie", argument encore largement méconnu, même pour des virologues affirmant ne pas connaître le principe même du SRA et son "éventuelle interaction avec un virus".
Une non-prise en charge des patients de plus en plus généralisée
D’après Laurent Montesino, un médecin réanimateur suspendu depuis l’obligation vaccinale, le véritable scandale de cette épidémie se trouve dans un profond désintérêt de la part du corps médical. Chez les patients atteints de symptômes du Covid long, et pour d’autres victimes des effets secondaires de la vaccination, le résultat est parfois le même : une non prise en charge manifeste par les autorités de santé et un refus de soins.
Voir aussi : Laurent Montesino : "Je suis là pour dire aux patients et aux médecins : réveillez-vous !"
Au cœur des hôpitaux, la tension est durement ressentie du fait de la saturation des urgences, d’un manque de personnel et de moyens : les urgences saturées appellent même les patients à "modérer leurs venues" (FranceInfo, 16 avril). De nombreux malades qui tentent de faire reconnaître les symptômes post-Covid se voient refuser l’attribution de soins par les autorités de santé, qui ne trouvent rien d'anormal dans leurs résultats. Ces mêmes malades sont parfois renvoyés chez eux.
C'est le cas de cette jeune femme de 24 ans, vaccinée avec Pfizer, qui souffrirait a priori d'un Covid long depuis juillet 2021 :
#COVID #Covid_19 faites circuler s’il vous plaît c’est plus possible la !!! pic.twitter.com/RvRwxtJqRf
— Chams (@c_mouhaouri) April 1, 2022
En larmes, la jeune femme témoigne de ses douleurs cardiaques qui persistent depuis novembre, suite à une infection Covid en juillet. Elle ajoute qu'elle a de nouveau contracté le virus, relatant que les souffrances sont revenues. S'étant rendue aux urgences, elle raconte que les médecins lui ont fait un électrocardiogramme au repos, dans lequel "un problème de micro circulation" est constaté. Après cela, elle effectuera une échographie et une prise de sang dans laquelle aucune anomalie n'est relevée. Souffrante, elle sera pourtant renvoyée chez elle, sans le moindre soin.
Lors d'une vidéoconférence du Conseil scientifique indépendant n°54 guidée par Louis Fouché, le docteur témoigne : "Dans les réseaux de médecin (…) Je vois de très nombreux patients avec une sorte de maladie à Spike chronique arriver chez leur médecin, maladie qui peut ressembler à un Covid long et qui, souvent, est étiqueté par les médias comme un Covid long (…) Ces gens-là en général vont à l’hôpital et voient un interniste qui ne trouve pas grand-chose, qui les renvoient chez eux. Ils vont ensuite voir un neurologue qui leur dit qu'il n'y a pas grand-chose, qui les envoient voir un psychiatre et ils finissent sous antidépresseurs et ça ne s’améliore pas".
Covid long et vaccination : entre controverse et similitudes
Parmi les complications relatives au phénomène du "Covid long", deux inflammations sont déclarées comme étant des symptômes cardiaques : il s’agit de la péricardite et de la myocardite. À ce sujet, ces deux risques ont été confirmés par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) comme étant deux effets indésirables de la vaccination. Ces deux inflammations du cœur au caractère mortel potentiel sont enregistrées auprès du VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System), un système américain permettant de prévenir les problèmes de sécurité des vaccins approuvés aux États-Unis. Co-enregistrées par les deux acteurs de santé publique, la Food and Drug Administration (FDA) et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les données enregistrées depuis 2021 démontrent une apparition exponentielle des effets secondaires relative à la vaccination.
Voir aussi : Explosion des effets secondaires suite à la vaccination contre le Covid aux États-Unis
Les victimes présumées de la vaccination se sont tournés vers certains collectifs pour faire entendre leur voix, en dépit de l'instauration d'une quatrième dose de vaccin sans la moindre étude clinique approfondie. Peu prises au sérieux par le corps médical, certaines souffrent de douleurs qui ont bouleversé leur quotidien. À ce sujet, Mathilde, une jeune femme de 21 ans vaccinée, a témoigné auprès de la biostatisticienne Christine Cotton, déclarant que sa vie "n'était plus rien" :
Mathilde, la prise en charge. "Ils m'ont laissé patienter 1h30, je pleurais de douleur au niveau de ma jambe, je les ai supplié de faire qqhchose, ils m'ont répondu qu'il fallait patienter encore 2h". Sinon les symptômes viennent de pb psy. Il faut prendre des anti-dépresseurs pic.twitter.com/Y4axT21kl7
— Christine Cotton (@ChrisCottonStat) May 8, 2022
Neurologie, Covid long et rémanence de la maladie
Sur le plan neurologique, le professeur Éric Guedj et son équipe du service de médecine nucléaire de la Timone ont procédé à des examens radiologiques par TEP scanner, qui s'avère être particulièrement efficace dans la prise en charge de cancers. D'après lui, les examens effectués par scanner ou par IRM par les patients de Covid long ne présentent aucune "lésion morphologique", malgré la souffrance ressentie qui peut traduire d'une implication cérébrale. "C’est un examen qui a tout son intérêt lorsqu’il existe une discordance entre la présence de troubles persistants et une normalité morphologique à l’imagerie. Ce que l’on mesure avec la tomographie par émission de positons, c’est la consommation de glucose au niveau cérébral qui est un excellent marqueur du fonctionnement global", a révélé le professeur Guedj sur le site des Hôpitaux universitaires de Marseille, le 2 février 2021.
À ce propos, Jean-Marc Sabatier explique que les "zones du cerveau affectées révèlent une hypoactivité cérébrale qui se traduit par une baisse de la consommation de glucose".
Une nouvelle fois, Jean-Marc Sabatier, également auteur du livre Coronaviruses, expose plusieurs pistes physiopathologiques du Covid long. D’après lui, la "cause première serait néanmoins la rémanence du SARS-CoV-2, imparfaitement éliminé, au sein de l’organisme". Véritable passionné de la science, ce directeur du CNRS imagine un scénario optimiste dans lequel le SARS-CoV-2, s'il persiste au sein de notre organisme, pourrait procéder à une élimination par médication. Grâce à "un traitement antibiotique suivi d’un traitement antiviral si le SARS-CoV-2 est « caché » dans des bactéries qu’il a infectées, ou un traitement antiviral de type analogue de nucléoside (ou autre) si le SARS-CoV-2 est intégré à l’état de provirus dans le génome des cellules cibles, etc.", expliquait-il sur France Soir.
Tandis que les soignants seront bientôt soumis à une quatrième injection, sous peine d'une interdiction d'exercer leur travail (FranceInfo, 13 mai), les victimes du Covid long se multiplient. Bien que depuis deux ans, le principe même de l'intégrité corporelle ait été mis à rude épreuve, la loi française sanctionne "l'entrave aux mesures d'assistance ou l'omission de porter secours" aux patients :
Article 223-6 du Code pénal : "Sera puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours"
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