En achetant des produits sur Internet, un laboratoire parvient à recréer le terrible virus de la variole
L'expérience, certes soigneusement encadrée, fait froid dans le dos. Un groupe de chercheurs canadiens dirigé par le virologue David Evans, de l'Université de l'Alberta à Edmonton, a réalisé une expérience controversée: il a synthétisé en laboratoire une souche du très virulent virus de la variole.
"Pour ce travail, qui leur a pris six mois (…) David Evans et Ryan Noyce, docteurs et virologues à l’université d’Alberta à Edmonton, au Canada (…) ont commandé du matériel génétique sur Internet pour un coût total de 100.000 dollars (environ 88.000 euros)", rapporte ce lundi 10 le journal Le Figaro. Les chercheurs ont travaillé sur une version équine du virus, la vaccine, qui ne touche pas l’homme, en synthétisant des fragments d'ADN de cette dernière. Mais sa synthèse soulève à nouveau des inquiétudes sur la dangerosité du virus, et pose le problème de la publication de recherches pouvant être utilisées à des fins de guerre bactériologique ou de bioterrorisme. En effet, la variole est responsable de centaines de millions de morts à travers l'histoire. On lui impute notamment la responsabilité de la disparition de populations autochtones en Amérique, en Afrique et en Asie. Certaines forment de cette maladie affiche un taux de létalité de 97% chez les personnes l'ayant contracté.
La dangerosité du virus est tel qu'après son éradication totale en à la fin des années 70 grâce aux efforts de l'Organisation mondiale de la santé (OMs) que décision a été prise en 1980 de détruire tous les stocks connus de ce virus conservés à des fins de recherches. Seuls deus laboratoires au monde détiennent encore des souches de variole sous très haute sécurité. Il s'agit du Centres pour le contrôle et la prévention des maladies d'Atlanta aux Etats-Unis et du Centre national de recherche de virologie et de biotechnologie, situé à Novossibirsk (Russie), en Sibérie.
Dans le magazine Science, qui a publié l’étude la semaine dernière, les deux scientifiques expliquent que la recherche sur de nouvelles souches de synthèses permettrait de travailler à l’avenir sur la fabrication de nouveaux vaccins ou des traitements pour la lutte contre le cancer. Toutefois la publication sur "comment des terroristes ou des États voyous pourraient utiliser les biotechnologies modernes".
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