Les dentistes manifestent à Paris après l'échec des négociations
Plusieurs milliers de dentistes se sont rassemblés ce vendredi 27 au matin devant le siège de l'Assurance maladie à Paris, au lendemain de l'échec des négociations sur les tarifs pratiqués par la profession, a constaté une journaliste de l'AFP.
Professionnels et étudiants, venus de toute la France, avaient répondu à l'appel du premier syndicat de dentistes, la FSDL, et de l'Association des étudiants chirurgiens dentistes (UNECD), qui a estimé leur nombre à "4.000 à 5.000". Selon la police, ils étaient 3.000.
"Peuple sans dent, vous pensez être mieux remboursé, mais c'est encore vous qui allez payer", ont lancé les organisateurs au haut-parleur.
Pour beaucoup vêtus de blouses blanches et de masques de chirurgie, les manifestants étaient rassemblés autour d'un bus à impériale, dans une ambiance bon enfant et au milieu de fumigènes colorés.
Une banderole affichait "Marisolde vos dents" en référence à la ministre de la Santé Marisol Touraine. "Les dentistes sortent les crocs", "la petite souris sera débordée", pouvait-on lire sur des pancartes, pour certaines découpées en forme de dents.
Au terme de quatre mois de négociations, les trois syndicats de dentistes (FSDL, CNSD et l'Union dentaire) ont refusé cette semaine les propositions de l'Assurance maladie. Celles-ci visaient à revaloriser un certain nombre d'actes de base (détartrage, caries), en contrepartie d'un plafonnement des actes liés aux prothèses (couronnes..), plus rémunérateurs pour les professionnels.
Ce projet de texte devait amender la convention qui régit les relations tarifaires des 37.000 chirurgiens-dentistes libéraux avec la Sécu et les complémentaires santé.
Faute d'accord, les acteurs doivent s'en remettre à un règlement arbitral, dont le principe avait été introduit par Marisol Touraine dans le budget 2017 de la Sécurité sociale.
"Si l'arbitre nous propose les mêmes choses, nous continuerons de faire des actions dures", a affirmé Patrick Solera, président de la FSDL, évoquant des "arrêts de télétransmission" des feuilles de soins et des "grèves dans chaque région, chaque semaine, sur certains soins".
"L'Etat ne veut plus prendre en charge la santé des Français, il veut refiler le bébé aux assurances privées", a dénoncé Violaine Le Brusq, qui exerce à Paris et estime que "ce sont les patients qui vont être lésés".
Côté étudiants, le président de l'UNECD, Jérémy Glomet, dénonce la mise en place d'un règlement arbitral "éhonté, violant toutes les règles de la négociation".
Depuis le 13 janvier, les étudiants qui assurent une partie des soins dans les CHU sont en grève pour les mêmes motifs. Le mouvement doit se poursuivre jusqu'au 3 février.
"C'est notre avenir qui est en jeu", a estimé Léa, 21 ans, venue de Nice avec une cinquantaine de camarades. Pour Baptiste, 23 ans, étudiant à Rennes, les propositions qui ont été faites "ne sont pas en accord avec les coûts des techniques innovantes qu'on nous apprend".
"L'évolution technologique est exponentielle et on ne pourra pas la suivre, parce que les honoraires sont trop bas", a déploré Yann Rufel, 55 ans, orthodontiste en Isère.
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