Les enfants ont grandi, le carnet de santé en tient enfin compte
Les courbes de croissance du carnet de santé étaient dépassées, et pour cause : elles n'avaient pas été mises à jour depuis deux générations. La nouvelle version traduira à quel point les enfants ont grandi en un demi-siècle.
Les parents ne le savaient pas, mais le carnet de santé montrait depuis très longtemps les mêmes graphiques, établis en 1979 "à partir des mesures de quelques centaines d'enfants nés dans les années 50". Autrement dit, on comparait les enfants du XXIe siècle à leurs aïeux.
Dans l'édition 2018 de ce carnet de santé, disponible le 1er avril, l'outil sera enfin fiable.
"De moins en moins de parents et de médecins avaient confiance en ces courbes, alors que c'est un outil essentiel et peu coûteux", explique à l'AFP Barbara Heude, chercheuse membre de l'équipe qui a redessiné ces courbes.
"Ce n'est pas juste pour se demander si un enfant est normal ou non. Ce sont des repères pour aider à détecter des problèmes de santé, un outil maintenant parfaitement calibré", ajoute-t-elle.
- 5 millions de mesures -
"Par exemple, à 10 ans, la médiane de la taille des filles des nouvelles références est de 139,5 cm contre 134,7 cm" sur les courbes tracées en 1979, a relevé l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans un communiqué.
Un garçon de deux ans mesure aujourd'hui en moyenne environ 88 cm, contre 86 cm dans les anciennes courbes. À six ans, il atteint 1,18 m, contre 1,14 m autrefois.
"On s'aperçoit que les enfants de huit, dix ans sont nettement plus grands que ceux des années 1960-70. La taille des adultes a aussi augmenté, mais pas autant", commente la présidente de l'Association française de pédiatrie ambulatoire, Sylvie Hubinois.
Pour parvenir à ces chiffres, les chercheurs du laboratoire épidémiologie et statistiques de l'Inserm à Paris ont rassemblé "5 millions de mesures recueillies sur des enfants âgés de 0 à 18 ans" en 2017.
Ces mesures de poids, taille et périmètre crânien ont été effectuées par 42 pédiatres tirés au sort. Ont été éliminés les "valeurs aberrantes ou pathologiques" et les enfants nés avec un poids de moins de 2,5 kg, pour en garder 261.000 au total.
- Détection de l'obésité -
"Pour nous, il n'y a pas eu de surprise dans les chiffres. On grandit plus vite, plus tôt. Et cette différence apparaît très jeune", souligne Mme Heude.
Pour l'expliquer, la communauté scientifique pointe l'amélioration de la nutrition et des conditions sanitaires, ainsi que la puberté plus précoce. Et certains soupçonnent des facteurs environnementaux et hormonaux.
L'un des enjeux est la détection de l'obésité infantile, qui a fortement progressé des années 1970 à 2000, avant de se stabiliser. D'après Santé publique France, 17% des 6-17 ans sont en surpoids, dont 4% sont obèses.
"Ce qui inquiète un pédiatre, c'est une déviation vers le haut ou vers le bas: attention, votre enfant est en train de trop grossir, ou il s'est arrêté de grandir, par exemple", déclare le Dr Hubinois.
Et la courbe la plus importante, c'est celle de la corpulence. Mais seulement "à partir de deux ans", rappelle l'Inserm. Avant deux ans, tout enfant passe par une phase où il est potelé, un "pic d'adiposité" comme l'appellent les scientifiques, vers l'âge de neuf à douze mois. L'"indice de masse corporelle" ne prend son sens qu'après.
Par ailleurs, il faut tenir compte de la taille des parents.
Le nouveau carnet de santé donne ainsi une "formule de calcul de la taille cible parentale", à savoir une valeur de comparaison utile à l'âge de 18 ans. Elle correspond à la moyenne de la taille du père et de la mère, à laquelle on ajoute 13 cm pour les garçons, ou on retire 13 cm pour les filles.
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