Mort subite du nourrisson : des médecins strasbourgeois travaillent à un dépistage de bébés à risque

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Par Béatrice ROMAN-AMAT - Strasbourg (AFP)
Publié le 14 août 2019 - 13:05
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La France fait moins de bébés, la population vieillit.
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© LOIC VENANCE / AFP/Archives
Des médecins strasbourgeois, qui viennent de publier une étude sur l'hyperactivité vagale, espèrent pouvoir à terme généraliser un test sanguin permettant de détecter des nouveau-nés exposés au risque de mort subite.
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Des médecins strasbourgeois, qui viennent de publier une étude sur l'hyperactivité vagale, espèrent pouvoir à terme généraliser un test sanguin permettant de détecter des nouveau-nés exposés au risque de mort subite, un syndrome qui touche des centaines de bébés chaque année en France.

Ces médecins du CHRU de Strasbourg ont mis en lumière les liens entre hyperactivité vagale et malaises répétés, dans une étude publiée mi-juillet par la Public Library of Science, qui pourrait ouvrir la voie au dépistage d'une partie "non négligeable" des bébés à risque de mort subite.

Source d'angoisses chez les jeunes parents et les professionnels de l'enfance, la mort subite du nourrisson représente en France "300 à 400 décès par an", selon le cardiopédiatre Angelo Livolsi, responsable depuis 2017 avec le réanimateur-pédiatre Charlie De Melo d'un "protocole jeune chercheur", auquel participent également les CHU de Reims, Besançon et Nancy.

"C'est la première étude qui apporte une preuve biologique, aussi bien chez des adultes que chez des enfants qui font des malaises à répétition, qu'il y a chez certains une hyperactivité vagale et qu'on pourra leur proposer des traitements", explique le Dr De Melo.

Après des recherches menées sur des lapins, cette étude s'est fondée sur des prélèvements effectués sur des adultes et des enfants sujets aux syncopes, comparés avec ceux de sujets en bonne santé.

Elle montre le lien entre la surexpression de récepteurs muscariniques, une enzyme censée réguler ces récepteurs, et les syncopes.

"Il y a des récepteurs localisés au niveau cardiaque et parfois, le mécanisme qui contrebalance le système de stress (l'accélération de la fréquence cardiaque, l'augmentation de la tension) est excessif, le cœur ralentit trop et le cerveau est moins perfusé", résume le Dr De Melo.

Un adulte perdra connaissance pendant quelques secondes, sera en sueur, mais récupèrera spontanément, tandis que "chez certains nouveau-nés qui ont des surexpressions muscariniques pathologiques, cela peut aller jusqu'à l'arrêt cardiaque complet", ajoute-t-il.

- Dépistage à 3 jours -

"Jusqu'à présent, on était un peu perdu devant ces malaises car on était seulement sur des signes cliniques, mais là, en faisant une prise de sang, on peut mesurer l'importance de la surexpression et comment l'enzyme agit", complète le Dr Livolsi.

Une fois des taux anormaux de récepteurs et de l'enzyme identifiés, le patient peut être traité avec "un anti-muscarinique de synthèse", déjà prescrit à Strasbourg par le Dr Livolsi, qui suit des familles aux antécédents d'hyperactivité vagale.

Les médecins strasbourgeois poursuivent leurs recherches en effectuant des prélèvements, avec l'accord des parents, sur des bébés de moins d'un an hospitalisés pour des malaises graves, afin d'établir des valeurs de référence pour les nouveau-nés et les prématurés.

A terme, ils aimeraient proposer le test sanguin qu'ils ont élaboré "à large échelle, en même temps que les autres dépistages néonataux", effectués à l'âge de 3 jours.

"L'idée serait de détecter ces patients avant qu'ils fassent des malaises graves et de les traiter pendant leur première année de vie, c'est-à-dire la période de risque maximale", dit le Dr De Melo.

On parle de "mort inattendue du nourrisson" pour désigner un décès brutal d'un enfant de moins de 2 ans -souvent moins de 6 mois -, et de "mort subite du nourrisson" lorsqu'aucun examen ne permet d'identifier la cause de ce décès.

Le nombre de cas a baissé de 75% en France après 1994, lorsque les autorités sanitaires ont préconisé de faire dormir les bébés sur le dos et non plus sur le ventre ou sur le côté, mais "stagne depuis les années 2000", explique le Dr Karine Levieux, coordonnateur scientifique de l'Observatoire des Morts Inattendues du Nourrisson, installé à Nantes.

"Coucher les enfants sur le ventre était le premier facteur de risque", indique-t-elle, tout en soulignant que la mort inattendue du nourrisson est "probablement d'origine multifactorielle".

Si les bébés à petit poids et les prématurés sont particulièrement exposés, elle cite parmi les facteurs de "stress extérieur" augmentant les risques l'exposition au tabagisme passif, un matelas mou ou une pièce surchauffée.

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