Naissance d'un enfant à trois parents : une première qui suscite des critiques
C'est une première étonnante sur le plan scientifique et contestée sur celui de l'éthique. Un bébé à "trois parents" est né en avril au Mexique, a-t-on appris mardi 27. L'enfant porte en effet l'ADN de deux femmes et d'un homme grâce à une fécondation in vitro particulière.
L'opération a été réalisée car, au sein du couple désireux d'avoir un enfant, la mère était porteuse de du syndrome de Leigh. Une maladie neurologique héréditaire qui avait déjà tué deux de ses enfants.
Toutefois, une parade était possible pour éviter la transmission de la pathologie à un nouvel enfant. En effet, il existe deux "supports" de l'ADN d'une femme au sein de ses gamètes. L'un se trouve dans le noyau de l'ovule, l'autre, -l'ADN mitochondrial- se trouve en dehors du noyau.
Or, seul l'ADN mitochondrial entraîne la transmission du syndrome de Leigh. Par conséquent, l'équipe scientifique a prélevé le noyau de l'ovule de la mère et son ADN "sain", pour l'implanter dans l'ovule d'une donneuse, laquelle contenait donc un autre ADN mitochondrial. A ces deux ADN s'est ajouté celui du père par fécondation in vitro.
Les spermatozoïdes contiennent également un peu d'ADN mitochondrial mais celui-ci ne survit pas à la fécondation. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle c'est un embryon mâle qui a été choisi parmi les cinq fécondés, afin que l'enfant ne transmette pas lui-même la maladie à sa descendance.
L'opération a été réalisée par la clinique américaine spécialisée dans la fécondation New Hope Fertility et révélée par le magazine New Scientist. Toutefois, l'annonce officielle par l'équipe médicale ne devrait intervenir qu'en octobre.
Elle soulève cependant quelques critiques. D'abord sur la difficile question de éthique. Mais certains médecins dénoncent également les méthodes de New Hope Fertility. Ils déplorent, pour une première de cette envergure, l'absence d'étude complète soumise au préalable à un comité d'experts. D'autant plus que les conséquences de cette méthode pour l'enfant ne sont pas encore connues et que les tests sur les souris ont parfois montré des problèmes.
Témoigne de cette démarche un peu cavalière le choix du Mexique pour effectuer l'opération, interdite aux Etats-Unis comme en France. Le président de la clinique, John Zhang, assume le fait d'avoir choisi ce pays pour son absence de réglementation. "S’il existe un traitement pour ce qui était naguère considéré comme une sentence de mort pour un enfant, ne doit-on pas l’explorer malgré la controverse? (...)Sauver des vies, voilà ce qui est éthique", affirme-t-il.
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