Pesticides : une mauvaise évaluation des agriculteurs exposés et des risques encourus
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (l'Anses) a publié lundi 25 un rapport très attendu sur l'exposition des agriculteurs français aux pesticides. Plusieurs fois reportée depuis 2011, la publication a été mise en ligne discrètement sur le site de l'Agence.
Dans ce rapport, l'Anses démontre l'association entre les expositions aux pesticides et certaines maladies dont plusieurs types de cancers (prostate, tumeurs cérébrales...) et la maladie de Parkinson, et recommande une meilleure protection des travailleurs. La France est l'un des pays européens avec le plus de travailleurs agricoles: ils étaient plus d'un million en 2010, sans compter le millier de travailleurs non permanents et les dizaines de milliers de stagiaires. L'importance du secteur va de paire avec une consommation importante de pesticides, qui représentait 60.000 tonnes de substances en 2013: au niveau national l'utilisation de pesticides a augmenté de 5% entre 2009 et 2013.
L'Anses souligne que l'exposition des travailleurs aux pesticides est sous-documentée car aucune étude indépendante n'est menée: "les données relatives aux expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l'agriculture sont lacunaires et aucune organisation en France n'est en charge de les produire". Pire, l'Anses explique que les données récoltées ne sont pas fiables: "Ces données, qui peuvent également être utilisées dans le cadre de l'homologation des produits, sont pour certaines produites par des organismes non indépendants (ayant un intérêt économique à la vente de pesticides, soit directement via la vente de produits soit indirectement via la commercialisation de produits d'aval)". Pour remédier au problème, l'Anses propose de "favoriser l'accès aux informations" grâce à la centralisation des données "informatiques, scientifiques et réglemtaires" sur le sujet.
Pour aider les travailleurs à réduire l'utilisation de pesticides, l'Anses suggère la mise en oeuvre d'une politique d'accompagnement des acteurs agricoles. Cette formation n'existe pas en France où les politiques de préventions des risques s'intéressent principalement aux effets des pesticides sur l'environnement et les produits issus de l'agriculture. Elles doivent être confiées "à des organismes indépendants, n'ayant aucun intérêt commercial à la vente des pesticides".
L'Agence a présenté ses conclusions à la ministre de l'Environnement Ségolène Royal jeudi 28. La ministre a proposé la création de nouvelles mesures d'encadrement des pesticides, en demandant à l'Anses de continuer à retirer certains produits du marché.
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