Pharmacies : un nouveau logiciel pour éviter le manque de médicaments
Les pharmacies françaises se dotent progressivement d'un logiciel informatique inédit pour mieux gérer les ruptures d'approvisionnement de médicaments, un phénomène en progression depuis dix ans et qui peut avoir des répercussions graves pour les malades, a annoncé jeudi l'Ordre des pharmaciens.
Au bout de 72 heures, l'outil, baptisé DP-Ruptures (DP pour dossier pharmaceutique), signale automatiquement à l'industriel le ou les médicaments manquants, a expliqué Isabelle Adenot, sa présidente lors d'une conférence de presse.
"Trois mille pharmacies sur les 22.000 que compte la France métropolitaine et Outre-Mer ont déjà adopté ce logiciel. Fin 2016, ce sont 15.000 à 16.000 pharmacies qui utiliseront cet outil", a-t-elle précisé. Le DP-ruptures est "sans équivalent dans d'autres pays", selon l'Ordre des pharmaciens.
Sa présidente a cité l'exemple de l'Ile-de-la Réunion où fin février, début mars, une épidémie de conjonctivite a commencé à sévir. Lorsque les messages d'alertes des pharmacies ont afflué vers le laboratoire fabricant pour signaler le collyre antibactérien manquant, l'industriel a envoyé immédiatement le médicament par avion.
"Cet outil ne changera rien aux ruptures" de stocks, reconnaît Isabelle Adenot, mais elle observe qu'anticiper les ruptures d'approvisionnement, c'est aussi anticiper leurs résolutions. Les ruptures d'approvisionnement, qui affectent aussi bien les pharmacies que les hôpitaux, sont devenues "un enjeu de santé publique", estiment les pharmaciens.
La France a connu dix fois plus de ruptures d'approvisionnement de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) - c'est-à-dire ceux pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital ou représente une perte de chance importante pour les patients - en 2014 qu'en 2008. La durée moyenne de ces ruptures était de 94 jours, tous médicaments confondus, en 2013. Chaque jour, 5% des médicaments sont en rupture.
Aucun décès n'est à déplorer en raison des pénuries, mais certains patients peuvent se voir proposer des médicaments alternatifs, certes indiqués pour leur maladie, mais avec plus d'effets indésirables.
Les causes de ces pénuries sont multiples - problèmes de production, d'approvisionnement en matières premières, capacités industrielles, etc.- dans un secteur concentré et mondialisé.
Ainsi, 60 à 80% des matières actives des médicaments sont fabriquées hors de l'Union européenne contre 20% il y a 30 ans et certaines matières premières ont aujourd'hui un site unique de production, selon l'Ordre des pharmaciens.
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