Recovery : Brexit et "overdose"
Hier, l’essai Recovery annonçait la fin des essais avec l’hydroxychloroquine immédiatement car « ce médicament, sans présenter de toxicité, ni causer plus de décès ne marche pas ». Un nouveau virement de bord après le retrait de l’étude The Lancet qui avait traité l’hydroxychloroquine de dangereux et causant la mort. En moins de 10 jours, on aura pu lire tout et son contraire ce qui est loin de rassurer la population.
Revenons sur cette décision qui nous paraît pour le moins incroyable.
Rappel concernant la chronologie des derniers évènements (car nous surfons de rebondissements en rebondissements depuis quelques temps)
- Le 22 mai, Mehra publie dans le Journal The Lancet une étude sur 96000 dossiers de patients: l’hydroxychloroquine est inefficace mais en plus elle s’avère dangereuse.
- Le 28 mai, un communiqué du comité de contrôle de Recovery indiquait qu'il n'y avait aucun problème avec l’hydroxychloroquine et celui-ci recommandait donc de poursuivre le recrutement sans interruption jusqu'à la prochaine réunion prévue le 11 juin.
- Le 29 mai, L'Indian Council of Medical Research avait alerté l'Organisation Mondiale de la Santé du taux incroyablement élevé d'hydroxychloroquine dans Recovery (4 fois supérieur à celui utilisé dans les essais indiens).
- Le jeudi 4 juin le MHRA (équivalent de l’Autorité Nationale de Sécurité du Médicament) demandait à Recovery de regarder les données pour l’hydroxychloroquine, demande vraisemblablement liée à l’annonce de l’étude Boulware et dans la continuité de l’étude Mehra. Comme l’avait fait le ministre de la Santé le 30 mai 2020 en France avec une suspension hâtive de l’hydroxychloroquine.
- Le 4 juin, Le journal The Lancet rétractait la publication en s’excusant, à l’instar du NEJM qui retirait une publication similaire du même auteur.
- Le 4 juin, FranceSoir dénonçait l’étude Boulware et al.du New England Journal of Medecine pour des raisons statistiques.
- Le 5 juin, Recovery annonce la suspension des essais avec l’hydroxychloroquine.
- Le 5 Juin, Martin Landray est interviewé par FranceSoir.
Martin Landray dans son interview nous dit des choses très intéressantes :
- Dans l’étude, ils ont constamment monitoré les résultats des études en cours, comme le prouve l’inclusion d’informations sur le Remdesivir ou l’étude The Lancet.
- Ce médicament est prescrit à une dose élevée de 2400mg le premier jour (soit 1860mg de molécule active d’hydroxychloroquine) suivi de 9 jours à 800mg/jour.
- Les doses choisies sont en ligne avec les dosages utilisés pour d’autres maladies telles que la dysenterie amibienne.
- Ce médicament n’est pas mortel
- Mais ce médicament ne marche pas car nous n’avons pas observé de différence entre le bras traité à l’hydroxychloroquine et le bras standard.
En conclusion cela ne sert à rien de donner un médicament qui ne présente aucun intérêt dans le cadre de la Covid-19. Un point c’est tout.
Hydroxychloroquine Exit.
Quels sont les résultats annoncés ?
« Au total, 1542 patients ont été randomisés pour recevoir de l'hydroxychloroquine et par rapport à 3132 patients randomisés pour les seuls soins habituels. Il n'y avait pas de différence significative dans le critère principal de mortalité à 28 jours (25,7% d'hydroxychloroquine vs 23,5% de soins habituels).
Les points qui attirent notre attention sont les suivants :
- Le taux de mortalité du groupe témoin (23.6%) est très élevé par rapport aux 12.7% observés par Rosenberg et al. dans Jama sur des patients sévères hospitalisés. ce taux est de 18.1% en France ou 12.9% dans les Bouches-du-Rhône.
- Des patients particulièrement malades, âgés de 50 à 82 ans, avec 76% des patients qui ont nécessité de l’oxygène et parmi les patients, 27% de diabétiques, 27% avec des problèmes cardiaques et 22% avec des affections pulmonaires.
- Les doses d’hydroxychloroquine données aux patients au protocole de l’étude Recovery, sont de 2400mg avec 12 cachets de 200mg (soit 1860 mg d'hydroxychloroquine utile) dans les premières 24h et 9600mg d’hydroxychloroquine pour l’ensemble du traitement.
En regardant les nouvelles informations, plusieurs points attirent notre attention
- Un dosage recommandé maximum non respecté : en Grande-Bretagne, NICE donne comme recommandation de dosage journalier maximum 6.5mg par kg de principe actif, soit à peu près 500mg par jour par personne pour les pathologies connues.
- Le dosage maximum au Royaume-Uni est le même qu’en France, l’Autorisation de mise sur le marché en France considère le taux de surdosage à 25mg/kg de hydroxychloroquine soit pour un patient de 75kg, 1875mg pour une journée et impose une hospitalisation au service d'urgence.
- Recovery dosage trois fois plus important que Discovery: la posologie utilisée dans l’essai Recovery est largement au-dessus de ce qui est utilisé dans l'essai Discovery (800mg le premier jour pour un adulte testé positif au SRAS Cov2) et préconisée par l'AMM en France.
- Une alerte importante restée sans considération : l'Indian Clinical Medical Research avait alerté Recovery sur le biais potentiellement créé par le dosage quatre fois plus élevé d'hydroxychloroquine dans l'essai Recovery.
- L’étude chinoise du 15 mai ignorée : aucune référence à l’étude chinoise publié le 15 mai portant sur des patients hospitalisés très sévères qui préconise 400mg/jour pour ces patients avec un effet très positif pour diminuer la mortalité et l’orage cytokinique.
- Le 27 mai, l'épidémiologiste référent Harvey Hirsh de l'université de Yale publiait un article défendand le traitement précoce des patients infectés par le SARS-COV2, en utilisant le seul protocole dont l'efficacité et la sécurité ont été démontrées : l'hydroxychloroquine et l'azithromycine.
- A l’IHU de Marseille, le professeur Raoult en connaisseur de l’hydroxychloroquine préconise un dosage en ligne avec ce que l’AMM dicte comme ligne directrice en France.
- Des patients anglais présentant des troubles demandant une attention particulière dans les lignes directrices de NICE sur l’hydroxychloroquine de plus sans confirmation qu'ils soient réellement testés positifs au Covid-19.
Mais pourquoi le MHRA (équivalent de l’AMM) dans le cadre de Recovery laisse-t-elle la possibilité de prescrire 4 fois la dose normalement recommandée en quantité maximale ?
Martin Landray nous dit :
« Il n’y a pas de dosage recommandé pour le Covid 19 car c’est une nouvelle maladie »
Une réponse certes censée mais cela ne répond toujours pas à la question du multiple, qui au dire du professeur Perronne est 4 fois la dose maximale recommandée. Pas plus que nous ne puissions comprendre pourquoi le taux de mortalité est plus élevé à 25% hormis de donner un traitement à des patients tellement malades qu’ils allaient décéder.
Nous chercherons donc plus loin pourquoi Martin Landray nous dit "que les doses choisies sont en ligne avec les dosages utilisés pour d’autres maladies telles que la dysenterie amibienne". A la lecture de nos recherches, le Professeur Peronne nous dit:
En 1975, quand j'ai fait mon stage d'externe à l'hopital Claude Bernard qui était le temple des maladies infectieuses, j'ai vu beaucoup d'amibiase et la chloroquine n'était plus utilisée. C'est bien la première fois que j'apprends qu'on utilise l'hydroxychloroquine dans la dysenterie amibienne, en plus à dose super-toxique pour l'homme. Le traitement classique pour l'amibiase colique est l'hydroxyquinoléine association de tiliquinol et de tilbroquinol dont le nom commercial est l'Intétrix. Les gélules contiennent 50 mg de tiliquinol et 50 mg de tilbroquinol. Posologie : 4 gélules par jour.
Je pense qu'il a confondu l'hydroxychloroquine avec l'hydroxyquinoléine.
"Cet homme, qui se dit médecin, est incompétent et dangereux". Il faut dénoncer ce scandale.
Des avis importants non suivis, des experts non consultés, des dosages létaux et au delà des normes Française (AMM) et Britannique (NICE) sur des malades demandant une attention particulière. On peut se demander comment Recovery maintient l'objectivité de ses recherche bibliographiques.
Amis britanniques, vous quittez peut-être l’Europe, à notre grand regret, mais votre gouvernement semble ne pas vous dire la vérité. Nous n’aimerions pas qu’au-delà de vous voir quitter l’Europe, dans l’éventualité ou vous contractiez la Covid-19, vous preniez un aller simple pour l’au-delà.
Réveillez-vous avant car Recovery vous endort.
Le Collectif Citoyen est un groupe formé de citoyens engagés qui travaillent aux décryptages, recherches, analyses, vérifications et validations de l'information de manière collaborative. Ils sont de formations diverses : docteurs, ingénieurs, économistes, avocats, entrepreneurs, analystes financiers, statisticiens, expert-comptables, informaticiens, professeurs, geeks, journalistes, mais avant tout ont une expérience sincère de la vie et un engagement sans faille à la recherche de la vérité sans polémique aucune, sans parti pris.
Sources
https://www.recoverytrial.net/files/recovery-protocol-v6-0-2020-05-14.pdf
https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2766117
https://link.springer.com/article/10.1007/s11427-020-1732-2
https://www.recoverytrial.net/for-site-staff
https://www.recoverytrial.net/files/2020_05_28-recovery-dmc-report.pdf
https://www.recoverytrial.net/files/recovery-collaborators-meeting-2020-06-02.pdf
http://www.isrctn.com/page/french
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31022-9/fulltext
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