Sept critères pour bien choisir son naturopathe
SANTÉ - Vous souhaitez consulter un naturopathe. C’est une excellente initiative ! Mais la déception ne doit pas être au rendez-vous. À partir de sept points clés que nous avons sélectionnés, vous pourrez juger si le praticien que vous avez retenu est bon pour vous… ou pas.
La plateforme Doctolib a décidé de ne plus référencer sur son site les naturopathes et autres professionnels du domaine du bien-être, en octobre 2022. Une décision remarquée qui incite ceux qui pratiquent la naturopathie à être vigilants dans l’exercice de leur métier.
Nous avons fait un tour d’horizon des critères à prendre compte pour choisir un bon naturopathe avec la contribution de Déborah Passuti, naturopathe à Paris, experte reconnue dans son milieu professionnel, auteure d’une bible qui s’intitule « Guide de Naturopathie. Santé, Bien-être, Longévité- Les Dix Commandements », publiée chez Ramsay.
La naturopathie est une philosophie de vie, une pratique préventive et complémentaire à la médecine conventionnelle. Elle permet de conserver ou de retrouver sa vitalité, d’être autonome et acteur de son bien-être sur le long terme à l’aide de techniques et processus naturels que l’on porte en soi.
La naturopathie puise ses sources dans la médecine d’Hippocrate au 5ème siècle avant JC qui se basait sur l’enseignement de l’hygiène de vie.
Depuis 2001, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnaît la naturopathie comme la « troisième médecine traditionnelle » après la médecine ayurvédique et la médecine chinoise.
Mais des naturopathes préfèrent parler de « discipline du mieux vivre » plutôt que de « médecine traditionnelle » ou de «médecine alternative ».
1) Le naturopathe n’est pas un médecin, mais il peut être amené à dialoguer avec des médecins
Le médecin et le naturopathe agissent à des niveaux différents. Le médecin établit un diagnostic, prescrit des médicaments pour soigner le symptôme. Le naturopathe recherche la cause du symptôme. Il vous accompagne pour rééquilibrer votre « terrain ».
« Une personne voulait me voir pour des maux de ventre intenses. J’ai préféré qu’elle consulte un médecin avant de la recevoir. Elle a fait un scanner qui n’indiquait aucune gravité. Nous avons alors démarré un programme », cite en exemple Déborah Passuti.
Il ne s’agit pas d’opposer allopathie et naturopathie mais d’associer ces deux disciplines. Un naturopathe qui tourne le dos à la médecine traditionnelle commet une grave erreur. Il ne doit pas hésiter à décrocher son téléphone pour dialoguer avec un médecin. Même s’il sera alors plus ou moins bien reçu !
Mais les médecins qui reconnaissent la médecine intégrative (collaboration entre médecine conventionnelle et des pratiques complémentaires) sont de plus en plus nombreux.
À noter qu’un bon naturopathe n’utilisera pas le langage médical. Il parlera de « consultant » plutôt que de « patient » et proposera un « programme » avec éventuellement « une cure » plutôt qu’« un traitement ».
2) Le naturopathe ne bâcle pas le premier rendez-vous, il est totalement à votre écoute
À l’heure où les médecins de famille ont disparu et où le médecin généraliste dispose d’un temps limité pour ses consultations, le naturopathe joue un rôle important. Il a d’ailleurs choisi ce métier pour sa dimension humaine. Il aime les gens.
Le premier rendez-vous doit durer au minimum 1h15. Le naturopathe établit ce que l’on appelle un « bilan de vitalité ». Il vous écoute, ne vous juge pas, recherche des solutions. Des réponses aux questions posées dépend le succès de votre accompagnement. Vous devez vous sentir en confiance. En face de vous, il y a un autre être humain qui doit faire preuve de tact et de subtilité.
« Nous échangeons sur l’histoire personnelle, l’hygiène de vie, les habitudes alimentaires, les dysfonctionnements et les troubles au quotidien, les antécédents familiaux, les attentes et les ressentis, les émotions, le sommeil, le sport, le travail, la vie de famille… Le passé et le présent médical sont très importants afin de dialoguer avec le médecin généraliste ou des spécialistes. Nous adaptons les conseils en respectant les traitements médicaux en cours », explique Déborah Passuti.
Si vous n’êtes pas à l’aise avec votre praticien, vous devez trouver un autre naturopathe. Pour suivre un programme d’hygiène de vie, vous devez vous sentir totalement en sécurité. On ne peut pas avoir des atomes crochus avec tout le monde. Donc il ne faut pas culpabiliser !
3) Le naturopathe ne vous laisse pas sans un programme d’hygiène de vie sur mesure
Après une consultation initiale ou de suivi, le naturopathe doit vous proposer un programme d’hygiène de vie révisable au fil du temps.
Il ne s’agit pas de prescrire une liste de compléments alimentaires qui ressemblerait à une ordonnance. Il ne s’agit pas non plus d’imposer des techniques à réaliser coûte que coûte (massages, hydrothérapie du colon, réflexologie..). Bien sûr, ces recommandations peuvent être utiles pour rétablir votre terrain, mais elles ne doivent pas occulter des conseils de base à réaliser dans votre vie quotidienne.
La naturopathie est préventive, éducative et responsabilisante. Ce qui compte ce sont les bonnes habitudes que vous prenez sur le long terme !
Voici quelques exemples :
-Pratiquer des exercices respiratoires au grand air
-Faire de l’exercice physique au minimum ¾ d’heure par jour
-Utiliser la luminothérapie
-Diminuer la consommation d’alcool
-Faire un repas léger le soir sans viande
-Diminuer l’exposition à l’ordinateur avant de se coucher
-Se coucher et se lever à des heures fixes
-Avoir une vie sociale au moins deux fois par semaine
-Se faire trois compliments à l’issue de la journée
Etc…
Un naturopathe qui ne prône qu’une seule technique est suspect. Il doit s’adapter aux besoins de chacun. S’il ne le fait pas, on peut penser qu’il est un gourou et non un naturopathe. On imagine toutes les dérives que cela peut engendrer chez un public de personnes fragiles.
4) Le naturopathe ne vous impose pas des consultations régulières
S’affranchir de ses mauvaises habitudes, adopter de nouvelles façons de vivre, se remettre en forme, cela prend du temps. Même beaucoup de temps.
Le naturopathe ne doit pas exiger que vous le consultiez de manière régulière, sauf pour la mise en route lors des premières séances. Le naturopathe n’est pas une béquille à vie.
À la différence d’un nutritionniste qui pourra imposer à son patient une séance hebdomadaire, le naturopathe cherche à rendre la personne autonome par un accompagnement pédagogique. Dès lors que celle-ci a compris les clés de son bien-être, elle n’a pas besoin de le consulter.
Bien entendu, il y a des exceptions lorsque le consultant a une pathologie lourde et qu’il a besoin d’un soutien fort sur la durée en complément de son parcours de santé.
5) Le naturopathe n’est pas un revendeur de compléments alimentaires
Le naturopathe peut vous proposer des compléments alimentaires pour renforcer votre terrain, apaiser certains maux (vitamine C, eau de mer, magnésium, curcuma, spiruline…).
Mais il ne doit pas se sentir dépendant de différentes marques parce qu’il aurait reçu des cadeaux, des commissions sur les ventes...
« Un bon naturopathe doit regarder attentivement la formulation des compléments alimentaires, vérifier les ingrédients et les quantités de chacun. Il faut être prudent avec formes transformées, les additifs, les enrobages », met en garde Déborah Passuti.
Bien sûr, le naturopathe peut avoir des préférences, car il a observé des résultats positifs avec certains produits. C’est ce que l’on appelle l’expérience et celle-ci est précieuse !
Si certains compléments alimentaires sont plus chers que d’autres, cela peut être justifié compte tenu de leur qualité, de leur dosage et de leur efficacité.
On note aujourd’hui l’arrivée des fameux « gummies » qui se présentent comme des compléments alimentaires aux allures de bonbons. Ce marché est en pleine expansion, en vente dans les grandes surfaces.
Ces petites gommes sucrées et fruitées sont supposées offrir un teint plus lumineux, lutter contre le stress, apporter un meilleur sommeil… Elles ressemblent davantage à une friandise qu’à un produit en pharmacie.
Attention, danger ! « Les gummies ne peuvent être considérés comme des compléments alimentaires de qualité. Ils sont principalement à base de sucre et certaines marques ont même créé des gammes sans sucre, alors que les édulcorants sont encore plus néfastes que le sucre pour la santé », dénonce Déborah Passuti.
6) Le naturopathe n’est pas une star des réseaux sociaux
Il n’est pas interdit d’avoir de la notoriété dans son domaine professionnel. Mais trop de célébrité peut tuer la crédibilité.
Le bouche à oreille reste la meilleure recommandation pour celui qui recherche un naturopathe.
Il n’est pas inutile de consulter le site web du naturopathe. C’est en quelque sorte sa carte de visite, facilement consultable. Le contenu du site permet d’avoir une première idée du professionnalisme du naturopathe.
En revanche, l’abondance de followers sur Instagram n’est pas l’assurance de recourir au meilleur professionnel. Il peut tout simplement s’agir d’un as du marketing, soucieux de son image, aimant créer des modes.
Un livre permet de mieux connaître les domaines de compétence du naturopathe qui en est l’auteur et de se faire une idée de la crédibilité de ses pratiques.
Les avis sur des réseaux, comme par exemple Médoucine, sont de bons indicateurs. Médoucine, le Doctolib des « médecines » douces, est un réseau de thérapeutes recommandés qui, au-delà d'une plateforme de prise de rendez-vous, œuvre pour promouvoir les médecines douces dans un cadre éthique et rassurant.
Médoucine a été créé en 2016 par Solange Arnaud, une entrepreneuse polytechnicienne, soucieuse d’apporter des solutions aux personnes qui recherchent des pratiques autres que la médecine traditionnelle. D’ailleurs, la demande de praticiens ne cesse de s’accroître depuis la crise sanitaire !
7) Le naturopathe n’a pas suivi une formation courte et à distance
Le métier de naturopathe attire de nombreux candidats. Il existe aujourd’hui une multitude de formations, à tel point que l’on s’y perd pour savoir quelles sont les formations sérieuses ou pas.
Contrairement à de nombreux pays européens, aux États-Unis, à l’Australie, il n’y a pas de diplôme reconnu par l’État en France. Tout le monde peut se déclarer naturopathe quel que soit le titre détenu. N’hésitez pas à demander à votre naturopathe son parcours si celui-ci n’est pas déjà présenté sur son site web.
Il est évident que les formations à distance ou courtes de 120 heures, débouchent sur des connaissances limitées. Les offres sponsorisées de e-naturopathie (ou formation en naturopathie en ligne) abondent sur Internet.
« Une formation au sein d'une école reconnue en contact présentiel avec les enseignants offre des bases nettement plus solides », souligne Déborah Passuti, formée à l’Institut Français des Sciences de l’Homme en plusieurs années, membre de Médoucine.
S’il existe une trentaine d’écoles, il convient de vérifier si celles-ci sont agréées par la Fédération Française de Naturopathie (FENA), l’Organisation de la Médecine Naturelle et de l’Education Sanitaire (OMNES), l’Association Professionnelle des Naturopathes Francophones (APNF), le Syndicat des Professionnels de la Naturopathie (SPN) ou Regroupement Européen pour la Formation et la Reconnaissance des Médecines non conventionnelles (REFORMED).
Toutes ces structures représentatives de la Naturopathie auprès de la population, des médias et des pouvoirs publics, œuvrent pour la qualité des formations dispensées, le respect de la déontologie et la reconnaissance d’un métier d’accompagnement de l’humain.
Selon Julia Lévi, directrice de l’OMNES : « Les pratiques controversées d’une minorité ne doivent pas éclipser l’engagement, le professionnalisme et la déontologie de la majorité des naturopathes ».
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